Jim
Le « Legacy Numbering » de la série Moon Knight (le cap du #250 se rapproche peu à peu) :
WEREWOLF BY NIGHT #32-33
Comme indiqué dans le premier message, Moon Knight apparaît en août 1975 (d’après la couverture) dans le premier épisode d’un diptyque organisé par Doug Moench et Don Perlin, qui officiait sur la série du Loup-Garou de Marvel depuis 1 an.
Et cela commence in media res, avec le Loup-Garou en train de se prendre une belle volée par Moon Knight. Puis comme à l’accoutumée dans ce genre d’épisode, les explications arrivent quelques pages plus tard, et on apprend que c’est le Comité (un groupe d’hommes d’affaires de Los Angeles, déjà connu dans la série), qui a embauché le mercenaire Marc Spector pour capturer vivant Jack Russell, le Loup-Garou (à ne pas confondre avec le chien). Et pour cette mission, le Comité lui a demandé de porter le costume et le nom de Moon Knight (ce qu’il trouve inepte). L’épisode se termine par un Moon Knight qui traîne son adversaire assommé vers l’échelle de corde qui pend au bout d’un hélicoptère piloté par Frenchie.
Beaucoup d’éléments déjà dans ce premier épisode, puisque comme souvent pour les vilains, on apprend d’entrée de jeu qui est ce « lunatique à capuche », avec son parcours dans l’armée, à la CIA et en tant que mercenaire, sans parler de ses compétences physiques, ce qui aide à expliquer comment il a pu tenir tête au Russell poilu (remarque pour @Le_Doc : il y a une référence à Lon Chaney), mais pas que. Je ne vais pas faire injure à votre culture générale en vous disant que ce n’est pas un hasard si le Comité a décidé de faire un lien entre des armes en argent (il a déjà des moonrangs, ce qui forcément, permet de faire un parallèle avec Batman) et l’astre que représente le costume (et puis bon … les loups-garous et la Lune, c’est aussi un autre lien), mais c’est en tout cas très pratique pour affaiblir son adversaire à poil (qui ne semble pas guérir lorsqu’il passe d’un état à un autre).
L’autre détail intéressant, c’est que Frenchie est déjà là, sans moustache, mais avec son allumette au bec et son hélicoptère (de forme normale).
L’épisode suivant démarre par Moon Knight qui ne peut remonter toute l’échelle avec le corps du Loup-Garou assommé, puisqu’il a pris une balle de la police. Evidemment, Russell va se réveiller et un nouveau violent combat s’engage sur les quais, mais le jour pointe son nez et le lycanthrope redevient humain, ce qui facilite le mercenaire qui peut enfin le livrer au Comité. Ce dernier le met en cage et attend qu’il se transforme à nouveau pour donner l’argent dû au Chevalier de la Lune (qui semble finalement apprécier le costume puisqu’il ne l’a toujours pas quitté). Cependant, entre un échange avec la sœur de Russell et voir ce dernier se débattre dans sa cage, la conscience de révolutionnaire de Spector se réveille et il libère le Loup-Garou… ce va créer la paique au sein des hommes d’affaires et on ne sait pas encore si certains en sont sortis vivants. les deux combattants ne se quittent pas bons amis, la bête n’ayant pas vraiment apprécié la rencontre. Cela dt Moon Knight, liasse de billets en main, ne lui en tient pas rigueur.
Episode dédié à l’action, mais aussi aux autres éléments du fil rouge de la série Werewolf by Night que je n’évoquerai pas là (mais c’est intéressant de dire que je trouve que Moench gère bien son character cast, et qu’on est dans une époque où les nouvelles séries des années 70 se parlent entre elles), si bien qu’on n’apprend absolument rien de plus sur Moon Knight, si ce n’est que ce changement d’attitude est soit parce que l’auteur n’avait pas forcément beaucoup d’idées pour sortir Russell de la situation, soit Moench avait déjà des souhaits en tête pour Moon Knight.
L’autre aspect que m’a marqué, c’est que l’identité secrète est à cette époque une notion très élastique et dont semblent se ficher les personnages principaux.
Je suppose que le costume a été créé par Don Perlin lui-même et il a cherché l’efficacité avec assez peu de fioritures (comme la Lune), avec une sorte de cape-cagoule et une ceinture qui ne semble pas avoir le même côté opérationnel que Batman. Mais on a ici une sorte de mélange entre le Chevalier Noir et Daredevil, puisque outre les moonrangs, il a aussi une sorte de matraque. S’ajoute à cela des bottes et des cestes aux poings, ça confirme que Moon Knight est déjà paré pour le combat urbain.
Où j’apprends que Shooter devait reprendre Fantastic Four. Ouf, on a échappé au pire.
Jim
Couverture de Frank Miller et Al Milgrom pour Moon Knight #12 :
On notera que Milgrom comprend instinctivement le système de hachure du dessinateur, qui annonce ce qu’il fera sur Ronin, par exemple.
Jim
Le quatrième Annual de Marvel Team-Up est souvent oublié dans la bibliographie de Frank Miller : pour cause, le dessin est assuré par quelqu’un d’autre, à savoir Herb Trimpe.
Trimpe est donc le premier dessinateur pour lequel Miller écrit, avant Bill Sienkiewicz, avant Dave Gibbons, avant Geoff Darrow, avant Simon Bisley… Le scénariste de Daredevil lui écrit un récit simple, à la sauce Marvel, avec une voix off complice. D’une certaine manière, c’est nettement plus classique que les Daredevil qu’il signe à l’époque. Sans doute tente-t-il de se mettre à la portée de son illustrateur. On peut également imaginer qu’il se sente un peu moins à l’aise maintenant qu’il doit transférer ses idées vers quelqu’un d’autre.
L’intrigue voit revenir le Purple Man, dont le pouvoir consiste à contrôler les actions d’autrui en leur parlant. On reconnaît le style de Miller à certains dialogues laconiques, à certaines hésitations vocales (les balbutiements de Spidey, qui sort de son hypnose, semblent anticiper les voix off du Dark Knight, par exemple).
Le scénariste fait intervenir différents héros urbains : Spider-Man, bien entendu, pilier de la série, Daredevil dont il est l’auteur, Power Man et Iron Fist qu’il connaît aussi pour les avoir fait venir dans la série de l’Homme Sans Peur, et Moon Knight. Autant de personnages qu’il fait virevolter sur les toits. Bon, dessiné par Herb Trimpe, c’est pas tout à fait la même chose.
Les deux héros à louer sont l’occasion de quelques scènes d’action, dont une pleine page consacrée à Luke Cage.
Moon Knight, quant à lui, apparaît bien entendu de nuit, fidèle à ce que l’on connaît de lui. Cela permet également de rythmer l’Annual en consacrant différentes scènes à chacun des justiciers, dans l’attente d’une scène finale où ils agissent de concert.
Une séquence où les héros font face au Purple Man. Et c’est Moon Knight qui tire son épingle du jeu puisqu’il parvient à résister aux ordres mentaux du vilain, sur le point de tuer Daredevil, puis à l’assommer.
On découvre que le Chevalier de la Lune a utilisé des dispositifs auditifs qui le protègent de la voix du criminel, empruntés à un homme qui a tenté d’abattre ce dernier. Miller ayant à nouveau séparé les héros (Spidey et les deux mercenaires s’occupant d’une foule contrôlée par leur ennemi), il met en valeur son justicier aveugle fétiche et le « Batman blanc de Marvel » à l’occasion d’une poignée de mains que l’on peut rétrospectivement lire comme une réflexion de l’auteur sur les super-héros urbains.
Jim
Ah ouais…