MOTHER! (Darren Aronofsky)

DATE DE SORTIE FRANCAISE

13 septembre 2017

REALISATEUR & SCENARISTE

Darren Aronofsky

DISTRIBUTION

Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Ed Harris, Michelle Pfeiffer, Domnhall Gleeson, Kristen Wiig…

INFOS

Long métrage américain
Genre : thriller/horreur
Année de production : 2017

SYNOPSIS

La relation d’un couple est mise à rude épreuve lorsque des invités inattendus arrivent à leur domicile, perturbant leur existence tranquille…

Avec une affiche magistrale signée par James « Fables » Jean!

merde j’aime pas les films d’horreurs, mais je pense faire une exception pour ce bon vieux Darren dont je suis plutôt fan, vu le casting et l’affiche je suis obligé.

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La bande-annonce :

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Y’a des films comme ça, qui se prennent des volées de bois vert comme c’est pas permis, mais dont on se dit qu’ils ne vont pas tarder à subir une nette réévaluation critique. C’est le cas de « Mother! », le controversé dernier-né de la filmographie d’Aronofsky.
Cinéaste passionnant quoique inégal, le réalisateur new-yorkais est souvent brocardé pour l’ambition démesurée de ses métrages. Honnêtement, il ne l’a parfois pas volé. Mais il demeure un artiste inspiré, au talent évident, ce que « Mother! » prouve une nouvelle fois. Martin Scorcese en personne a dû sortir de sa réserve pour prendre la défense de son cadet, et déplorer le véritable lynchage en règle d’un film qu’il présente comme relevant de ces oeuvres qui se ruminent, qui mûrissent. « Mother! » compte tant de niveaux de lecture différents (et d’un intérêt variable, pour être complet) qu’il faudra bien ça pour y voir clair, une fois que la poussière occasionnée par cette bombe à fragmentation filmique sera retombée.
Car si l’on peut se gratter éventuellement le citron devant ce récit étrange, on n’aura quand même pas besoin de revoir le film 10 fois pour en saisir la portée allégorique (qui fait qu’une lecture « premier degré » de l’intrigue ne fonctionne absolument pas) : Aronofsky, entre autres choses, refait tranquillos la Bible à sa sauce, de la Genèse à la venue de Jésus en passant par le Déluge, et Caïn et Abel. Le reproche de la mégalomanie pourrait du coup poindre le bout de son nez à nouveau, mais à mon sens c’est complètement désamorcé par l’approche ironique, très « tongue-in-cheek » privilégiée par Aronofsky. Il est d’ailleurs dommage que le film soit vendu comme un film d’horreur ; s’il est parfois d’une extrême violence (vraiment), il serait peut-être plus à ranger du côté de la comédie que du récit purement horrifique. Un comique un peu blafard et mauvais esprit, quand même.
Il n’en reste pas moins, quoique l’on pense des différentes couches d’interprétation potentiellement à l’oeuvre ici (les tourments de l’artiste, le principe masculin contre le principe féminin presque à la Dave Sim dans « Cerebus », la portée écolo-politique de l’intrigue : il y a vraiment à boire et à manger…), que le film est un petit miracle de mise en scène, d’une précision invraisemblable, collé à son héroïne dans un trip à la Polanski (une référence évidente) magnifiquement réglé et shooté ; Aronofsky est vraiment un pur cador sur ce plan. Cerise sur le gâteau : le sound-design est un chef-d’oeuvre du genre, magnifié par le choix radical du cinéaste de se passer complètement de musique extra-diégétique (du coup, le sound-design est très « musical »; plus que la moyenne).
Franchement, laissez-vous tenter par le film, quel que soit votre passif avec Aronofsky (à qui on peut difficilement reprocher de faire deux fois le même film, pour le moins) ; vous me direz des nouvelles de sa dernière demi-heure proprement ahurissante, point d’orgue d’un impeccable crescendo narratif remarquablement bâti, dont l’abstraction ne sacrifie rien à l’intensité du jeu de Jennifer Lawrence, dans un rôle invraisemblablement difficile et dont elle tire (littéralement) un joyau de composition.
Une mandale filmique, comme on dit.

ça le tient quand même, la bible !
J’ai l’impression qu’il y a des références dans beaucoup de ses films …

C’est marrant que tu dises ça, car c’est une des dimensions amusantes de « Mother! » quand on le remet dans le contexte de la filmo d’Aronofsky : il est effectivement obsédé par la question de Dieu et des grands récits religieux/mythiques. C’est encore plus flagrant quand on sait qu’il a fait « Noé » juste avant, et que ça s’est pas bien passé avec le studio, qui lui a imposé une approche très littérale et premier degré qui ne lui convenait pas. Qu’il s’amuse à refaire la Bible de façon détournée (un peu comme les frères Coen, dans l’esprit) dans son film suivant, où il est maître à bord, est assez savoureux.

Je pensais à The Fountain ou Black Swan, notamment ! Mais je peux me tromper !

Oui, y’en a dans tous ses films, en fait.

J en suis à un peu plus de la moitié. La suite demain.

Je n ai pas la moindre idée de ce que le film raconte mais il le fait génialement bien.

Ce sentiment si bien retranscrit d etre débordé en permanence. Plus qu un sentiment d ailleurs, une effraction par la simple presence de l autre. Une effraction qui laisse toujours en retard d une comprehension. Ça vit, ça parle, ça bouge, et soi toujours laissé sur le bord de la route, toujours dépassé, toujours seul, cherchant à donner bonne figure, voyant que tous semblent etre au même rythme, plus rapide que soi, en avant de soi et puis se demander pourquoi ne pas trucider tout le monde. La rage qui monte et monte, toujours presente en fond.

Un effet enorme qu a cette première moitié.

La deuxième moitié est plus intense encore.

J’ai détesté, mais à un niveau que je ne croyais pas possible ! Et ça essaie de faire dans la réflexion sur la création et le pouvoir qui en découle. Le film n’a pas du tout fonctionné sur moi !

Bon quelle baffe !

Si vous voulez une interprétation, pour moi elle est très simple :

À la fin, elle lui demande qui il est ?

Il repond « je suis qui je suis, toi tu es la vie »

On va sauter le reference biblique, qui est d ailleurs partout si on veut la voir pour juste mettre la virgule au bon endroit et cela donne " je suis toi, tu es/hais la vie…"

Qu est ce qu une creation ou simplement vivre dans la tête (la maison) d un maniaco depressif ?

Lui et elle sont le même personnage, elle est ce qui est toujours laissé sur le coté dans son rapport au monde et au public. Tour à tour, ils sont et du côté de la vie et du côté de la mort.

Pensez par ex à la scène de fight club au moment où tyler temoigne de l affection au blondinet et où jack, tyler donc, ressent alors un sentiment d abandon. Un film entier sur cette division du sujet là, voilà comment j ai lu Mother !

Mais à vrai dire, l interprétation importe peu ici. Si je decroche à la toute fin du fait du melange d un trop de metaphore et d un trop de realisme (très hard), cela n efface pas la virtuosité des images. Impossible de décrocher. Brasser du debut à la presque fin.

La caméra tournoyante, l incomprehension du personnage toujours dépassé par la vie et le chaos autour et à l interieur de soi, c est ce que je retiens.

Le film arrive directement parmi mes préférés, ceux qui comme blade runner sont avant tout pour moi des films sensationnels, à entendre de sensation : ce qu on peut en comprendre (et la répétition des parties permet d en faire une lecture structurale, où les persos changent de place dans une même histoire) sera toujours moins intéressant que ce qu ils font vivre en les regardant.

Grand film, réalisation virtuose, acteurs magnifiques, images folles.

2 « J'aime »

Difficile d’en faire totalement abstraction quand même, tant les « signaux » sont nombreux.

C est sur mais ça a du etre beaucoup fait et je ne suis pas sur que cela apporte grand chose de le prendre par se bout là surtout qu il aboutirait à la même evidence : il s agit d une seule et même personne, ou dieu en l occurence.

Preuve en est, c est elle qui realise le déluge.

Si on en tient compte de cela alors c est vers la gnose que l on tend : lui en demiurge.

Et tu sais mon peu d intérêt pour cette theologie là.

Pire, on a la version new age : lui dieu et elle la nature.

Plus intéressant est le basculement des places autour de la mort de l enfant. Dans la première partie, elle est du côté de la mort, phase mélancolique, celle qui ne veut pas que la vie penetre dans la maison, celle qui veut que tout cesse. Dans la seconde partie, c est lui qui est du côté de la mort, phase maniaque. Celui qui est du côté de la vie perd quelque chose, le cristal, l enfant.
Celui qui est du côté de la mort refuse cette perte. Mais la perte est traumatique et relance la machine, la répétition s enclenche : retour du crystal, retour au debut du film.

Le déplacement des personnages dans une même structure me semble plus intéressant que la lecture liniaire de la genèse qu est bien évidemment aussi le film. Dans la seconde partie, ils sont à la place d adam et eve. Ensuite, il faut rabattre les deux parties l une sur l autre et on obtient la division du sujet, qui est traversé dans le même temps par la pulsion de vie et la pulsion de mort. Un même sujet divisé par la perte. Il y consent et la refuse dans le même temps.

Oui, c’est vrai.

Ha ha !! Je l’ai lu. Mais j’adhère pas…