J’ai trouvé le TPB reprenant les cinq premiers numéros (y en a-t-il eu d’autres, je ne sais pas du tout). Et j’aime beaucoup.
Bon, je suis très client de Grist en général. J’aime à la fois son dessin, sa narration et sa capacité à brouiller les pistes (en termes de tonalité, de rythme, d’intrigue…).
J’aime particulièrement son dessin. Je trouve les personnages beaux, élégants, même quand ils sont de basse extraction et/ou laids. Ils ont une sorte d’aura particulière. J’aime aussi le fait qu’ils donnent constamment l’impression de rebondir, d’être en mouvement, proprement saisis entre deux instants. Ses personnages féminins sont vraiment séduisants, l’aura et le mouvement le conférant une indéniable étincelle.
J’aime sa narration : l’incrustation de textes dans l’image, les cases sans bord, la reprise de la voix off dans une tonalité millerienne, tout ça, j’y suis très sensible.
Avec Mudman, il touche un sous-genre que je n’affectionne pas outre mesure, le super-héros adolescent. Mais il arrive à ne pas tomber dans la description des affres du corps qui se découvre et des émois amoureux de la jeunesse. Il en parle, évidemment, mais constamment pour désamorcer les effets, pour biaiser. La scène de la moquerie de la sœur est éloquente à ce propos, puisqu’elle sert surtout à faire rebondir l’action. Owen Craig est décrit comme un gamin rêveur et enthousiaste, mais c’est un vrai personnage, pas un geek ni un boutonneux ni un frustré. Donc, soulagement.
Le récit est un peu déconstruit d’un point de vue temporel : certaines actions sont revisitées en fonction des points de vue des différents protagonistes, certaines informations ne sont données que plus tard (ce qui donne, de prime abord, l’impression que Grist a oublié un truc en route, alors qu’en fait, c’est plutôt soigneusement construit), et l’ensemble du récit glisse progressivement de l’insouciance à la gravité. L’ensemble devenant de plus en plus complexe, dévoilant un univers de plus en plus riche.
Bon, rien de nouveau pour qui connaît Kane ou Jack Staff. On sait que Grist peut mélanger les genres, glisser de la comédie burlesque dans le drame (et inversement) et bâtir des univers foisonnants qu’il explore progressivement. Là, avec un héros ado qui évoque un peu Peter Parker, ça donne un résultat convainquant, avec ce petit sens du décalage dont Grist a le secret.
Je crois comprendre que la série est suspendue. J’espère qu’il y reviendra un jour. J’ai vraiment envie de savoir ce qu’il se passe après le fatidique coup de fil du dernier épisode.
Jim