NAPOLEON (Ridley Scott)

Oui. Mais ça reste un dictateur, et en principe, nous juristes de la France du XXe et XXIe siècle n’en sommes pas très fans. :wink:
On peut aussi rajouter le divorce, de mémoire.

Le seum, avant la Belgique.

La Belgique ?

Il parle de sport.

Ce n est pas interdit sur ce forum ?

Ce qui est interdit est d’utiliser le mot « gros ».

Ah oui.

Pourquoi déjà ?

Pour Monsieur Cordurié.

Hum,

Il en avais gros.

Un point Godwin pour les anglais.

Je sais : elle était facile.

Analyse enthousiaste.

Du point de vue de l’égalité femme-homme, le Code civil est insauvable. Tout simplement insauvable. D’abord, bien entendu, pour son article 213. «  »« « Le mari doit protection à sa femme, la femme doit obéissance à son mari » ». «  »« « La femme ne peut ni choisir, ni quitter le domicile conjugal, ni travailler, ni ouvrir un compte sans autorisation. Si elle quitte le domicile conjugal, faute d’être assommée, elle peut y être ramenée par la force publique. « « La recherche en paternité est désormais interdite, et le restera jusqu’en 1912. Les filles séduites ou violées n’ont donc plus aucun recours », résume Mathilde Larrère dans son récent » Rage against the machisme » (éditions du Détour) ».

Aussi bien, la doxa des historiens napoléoniens ne fait-elle aucune difficulté pour reconnaître le caractère macho du code, comme Thierry Lentz, qui y voit « « le monument des monuments, celui dont le bénéfice est le moins disputé, même par les adversaires » » de Bonaparte et du Consulat, mais résume ainsi : "« En quittant la tutelle de ses parents, la femme passe sous celle de son époux qui doit, par exemple, l’autoriser à contracter. Le principe d’égalité, proclamé par la Révolution, vole en éclats ». "Et poursuit : "« Le divorce, dont toutes les couches de la population ont profité après sa libéralisation par la Révolution, est désormais restreint à quatre cas. La condamnation à une peine infamante et les excès, sévices ou injures graves, l’adultère (la femme ne pouvant l’invoquer que s’il a été commis au domicile conjugal), et le consentement mutuel, mais dans des conditions tellement draconiennes qu’il devient rarissime. Le nombre de divorces, rendus très faciles par une loi du 20 septembre 1792, s’effondre à partir de 1804. On n’en compte plus que soixante par an à Paris. Alors que les lois révolutionnaires tendaient à faire régner dans la famille comme dans l’État la liberté et l’égalité, le Code civil organisa la famille (comme le régime napoléonien) sur le principe d’autorité »

Et c’est évidemment au sujet du divorce que cette inégalité est la plus éclatante. Mathilde Larrère : ""Ainsi le mari peut-il demander le divorce pour adultère en tout lieu et en toute circonstance contre sa femme, mais la femme n’a ce droit que lorsque son mari a commis l’adultère au domicile commun (différence liée au fait que l’adultère de la femme fait courir le risque d’un enfant adultérin) (…) « « Dans le cas d’adultère », stipule l’article 324, « le meurtre commis par l’ »« époux sur son épouse, ainsi que sur le complice, à l’instant où il les surprend en flagrant délit dans la maison conjugale, est excusable » ». Il faudra attendre 1975 et Giscard pour le rétablissement du consentement mutuel.

Si le machisme du Code civil est un sujet bien documenté aujourd’hui, il en va différemment pour la principale autre caractéristique du Code : c’est un code bourgeois. C’est même, comme le rappelle, un peu solitaire, l’historien franc-tireur Henri Guillemin, dans son jeu de massacre anti-napoléonien (Napoléon tel quel, éditions de Trévise, 1969), un code capitaliste. « Toute coalition d’ouvriers dans le dessein d’enchérir leur travail sera passible d’un mois de prison au minimum et d’un emprisonnement de deux à cinq ans pour les instigateurs » stipule l’article 415, tandis que l’article 1781 précise : « Dans toute contestation au sujet des salaires, c’est l’employeur qui sera cru sur sa parole, laquelle fera foi sur la quotité des gages ».

Des pans entiers de l’histoire napoléonienne sont encore en quasi-friche. Ainsi de cet autre « grand monument » des années du Consulat : la Banque de France. En voilà, une création magnifique, indispensable instrument de la souveraineté monétaire, qui a survécu aux siècles ! Mais qui sait que l’institution, créée en 1800, est à l’origine une banque privée, dont Bonaparte et sa famille (sa mère Letizia, sa femme Joséphine, son frère Jérôme, etc) étaient les principaux actionnaires, et qui semble avoir été un investissement très fructueux ? Pourquoi tous ces aspects, Guillemin excepté, ont-ils été si peu documentés ?

Quoiiiiii ?! Mais on ne m’a jamais dit ça !
Chérie … c’est la loi qui le dit !

« Trop facile » de voir le Code initial avec nos yeux d’aujourd’hui. C’est évidemment déséquilibré entre l’homme et la femme, mais c’est le reflet d’une époque.
Il faut lui reconnaître d’avoir intégré des éléments qui n’existaient pas avant et, surtout, surtout, rassembler ainsi les textes est une révolution en soi qui a changé la gestion juridique de la société.

Une fois acquis, on denigre et denonce parce que précisément on prend les choses pour acquis.

Oedipien style.

Drogue dure de la dénonciation.

Une époque de régression concernant le divorce comparé aux lois établi après la Révolution (soit à peine une quinzaine d’année).

Je ne pense pas que c’est facile mais nécessaire et, du reste, ce décryptage est également à remettre dans un contexte (celui du commémoration qui supporte très mal les voix dissonantes)

Comme dit plus haut, je ne me suis encore jamais intéressé à Napoléon donc je ne sais pas quels sont les enjeux de l historiographie actuelle. Plutot pour ? Plutôt contre ?

Par contre l importance de Napoléon concernant le droit français comme la regression en droit des femmes devenant des mineurs à vie sont des éléments très connus, il me semble.

Quelle époque de la Révolution ? Ça changeait littéralement chaque année. Napoléon a permis d’asseoir et de pérenniser un système juridique qui a pu évoluer depuis cette base.

Mais il faut aussi contextualiser et ne pas diaboliser sur ce point.

je ne vois pas trop en quoi rappeler ces faits (ou par exemple encore le rétablissement de l’esclavage) c’est diaboliser. Ce n’est pas le rôle de l’historien.

C’est évoqué dans l’enquête. Je peux donner les accès pour la lecture complète si besoin

Il n’y a qu’a voir l’approche du film (a priori bien sur, attendons de voir la farce quand elle sortira) ou bien la commémoration. Napoléon Bonaparte est une figure archidéfendue face à d’autres travaux et sur laquelle les points négatifs incontestable sont rapidement expédiée afin de ne pas abimer l’image de l’Empereur (et par extension celle de la France)

Je veux bien.

Je veux bien te croire.

Ça me parait tout de même caricaturale.

Mais je generalise sans doute mon cas : comme je ne connais quasi rien en positif comme en negatif sauf les classiques droit, femme, esclavage, victoire militaire, j imagine qu on n en parle pas vraiment.

Je n’ai pas cette impression. Petit amateur d’histoire que je suis depuis l’enfance j’ai toujours constaté un traitement positif du personnage (avec cette idée du dernier grand homme avant De Gaulle => d’ailleurs certaine bio pour gosse en BD lié De Gaulle à Bonaparte en expliquant que le jeune Charles aimait aller aux Invalides pour se recueillir sur les cendres du Corse) et qu’aller dans les zones d’ombres étaient rapidement sources de conflits contrairement à d’autres figures.

Si tu touches à Bonaparte, tu touches à la France et selon les époques ca passait mal.

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