NIGHT OF FEAR (Terry Bourke)

REALISATEUR & SCENARISTE

Terry Bourke

DISTRIBUTION

Norman Yemm, Carla Hoogeveen, Mike Dorsey, Briony Behets…

INFOS

Moyen métrage australien
Genre : horreur
Année de production : 1972

Après un accident de voiture, une jeune femme se perd dans une forêt de la campagne australienne. Elle entend des pas qui se rapprochent…elle espérait de l’aide…mais sa « nuit de terreur » ne fait que commencer…

54 minutes…pas de dialogues…une bande-son troublante composée de gémissements, de grognements, de hurlements, de bruits encore plus dérangeants…une musique stridente, qui participe au malaise ambiant de cette expérience sensorielle intense…

Les deux personnages principaux ne seront pas nommés, même pas dans les crédits de la distribution. Après un pré-générique très efficace, la Femme est présentée dans une suite de scènes de sa vie quotidienne et pas forcément sous un jour sympathique (mais difficile de juger quand il n’y a pas de paroles pour appuyer le contexte)…elle quitte ce qui est peut-être le lit conjugal pour prendre de l’argent dans un tiroir et rejoindre son professeur de tennis avec lequel elle finira par s’envoyer en l’air. Une exposition qui prend juste le temps qu’il faut pour développer la progression des actions qui amènent à l’accident…

Quelques minutes de béatitude…avant une plongée dans l’horreur et la folie. Night of Fear se classe dans le sous-genre du « backwoods horror », ces récits de survie se déroulant dans des coins de campagne reculés (comme Massacre à la tronçonneuse sorti 2 ans après le métrage de Terry Bourke). Puisqu’il n’y a pas de dialogues, c’est le décor de la maison du psychopathe qui se charge de nous dire tout ce qu’il y a à savoir sur lui. Une maison que le spectateur découvre en même temps que la pauvre Femme dont la raison ne tient plus qu’à un fil et qui met véritablement mal à l’aise…la réalisation et le montage entretiennent ici idéalement la tension…

La jolie Carla Hoogeveen n’atteint pas le niveau de la performance de Marilyn Burns dans Massacre à la tronçonneuse mais elle porte avec conviction la pression physique et psychologique de son personnage. Norman Yemm, l’Homme, le barbu flippant qui hante les bois et qui ne se sépare jamais de son rat, affiche une présence inquiétante en péquenaud dégénéré qui prend son pied à tourmenter sa victime et à la rendre folle…avec en point culminant, une scène onirique cauchemardesque qui a valu au film des démêlés avec la censure (il a été jugé en son temps indécent et obscène) et un final glauque sur fond de masturbation suggérée.

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Si j’ai mentionné un « pré-générique » plus haut, c’est parce qu’à l’origine Night of Fear était prévu pour être l’épisode pilote d’une anthologie horrifique tournée en 35 mm et intitulée Fright. Mais devant le résultat, les exécutifs de la chaîne australienne furent horrifiés et annulèrent aussitôt le projet de série. Terry Bourke, également co-producteur, a pu sortir Night of Fear au cinéma en 1973, mais pour une exploitation limitée. Le moyen métrage disparut ensuite de la circulation jusqu’à sa sortie en DVD/Blu-Ray en 2005.

Night of Fear fut l’un des tout premiers films australiens à recevoir la classification R (ce qui correspond à une interdiction aux moins de 17 ans) et c’est historiquement l’un des premiers films d’horreur de la Ozploitation, terme qui désigne le renouveau du cinéma de genre australien dans les années 70/80.

Je ne connaissais pas du tout, mais ça m’intéresse fortement, cette affaire ; merci beaucoup pour ce post, du coup !!