Nikolavitch archives

C’était le grand pan qui me plaisait énormément, et qui expliquait pourquoi je préférais le post-Crisis au pré-Crisis, en tout cas en ce qui concerne Superman.
À l’époque, je n’aimais pas du tout le vieux folklore de Superman (Krypto, les différentes kryptonites, les gadgets de savant fou de Luthor, Supergirl en cousine…). De même que la salle des trophées de Batman, avec le sou géant et le dinosaure robot, me gonflait prodigieusement quand j’étais petit (aujourd’hui, je trouve ça rigolo et je m’en fous un peu). Alors certes, j’avais une culture très parcellaire de cet univers, et depuis, j’ai lu plein de choses (de vieux Superman, les Supergirl de Mooney, mais aussi l’interprétation de Moore dans Supreme). Et puis j’ai lu le run de Byrne, en fait, et c’est quand même pas si bon qu’on voulait bien le dire. C’est plein d’idées avortées, de récits sans punch et de sous-entendus sous la ceinture.
Donc je suis moins tranché qu’il y a vingt ans.
Ceci dit, l’une des forces du reboot supermanien de l’époque, c’est qu’il essaie de « rationaliser » une partie de ce folklore en le réintégrant dans la nouvelle continuité. Ce n’est pas une tabula rasa complète, c’est une réécriture. Luthor n’est plus un savant fou, c’est un magnat de la finance, Supergirl est une métamorphe d’un autre univers, Superboy est un clone jeune, et Krypto est son chien, nanti contre son gré du pouvoir de voler… Bref, tout est réintégré, mais en manière de clin d’œil, et avec tout plein de portes qui permettent de raconter des histoires nouvelles. Et l’un des trucs qui m’a le plus emballé, à l’époque, c’est qu’ils remplacent le « mild-mannered Clark Kent », le Clark Kent timide et bafouillant rendu célèbre par Christopher Reeve, par un mec sûr de lui et qui en impose. Ce qui troublait vachement bien le triangle Clark / Lois / Superman, puisque Clark s’impose nettement plus et que Lois n’est pas insensible au charme du reporter élevé dans le Kansas.
Ça, je trouvais ça vachement bien, parce que je détestais le côté timide derrière ses lunettes de la version pré-Crisis, et je continue à la détester (malgré l’insistance d’un Geoff Johns, il y a quelques années, pour la réimposer : quelle ânerie).
Après, en post-Crisis, les Superman que j’ai préféré, c’est quand Byrne est parti. Des gens comme Wolfman (qui est un peu l’oublié de ce reboot : c’est lui qui écrivait Adventures of Superman et qui a suggéré à Byrne de transformer Luthor), Ordway (qui a dessiné les Adventures of Superman de Wolfman avant de continuer en solo), Stern (qui a repris après Byrne, pour faire court), Jurgens, Grummett Kesel, Bogdanove et plein d’autres m’ont vraiment offert des moments de lecture formidable. Je crois que du départ de Byrne au mariage de Clark, c’est ma période préférée.

Oui, et je crois que c’est vraiment l’une des incarnations les plus évidentes de cette tarte à la crème qu’est l’idée « les comics deviennent adultes ». Une évolution réaliste, constructive et exemplaire de personnage.

C’est pas mal : un gros retour à la mythologie, un gommage de l’aspect « Diana Prince », une redéfinition des personnages, des vilains, des enjeux, et une galerie de personnages secondaires vraiment réussie. Les Katapelis sont très bien, mais Mindy Mayer est un personnage de haute volée.

Jim

Voire vingt ans après, non ?

Une partie de l’astuce, pour dire que c’est pas vraiment la même, c’est que désormais, elle s’appelle Kate Kane, pas Kathy Kane.

Jim

Précisons juste que le concept d’Hypertime joue sur la notion d’univers parallèles qui coexistent en même temps (la représentation de Terres voisines enchaînées comme les perles d’un collier est classique chez DC) et permet aux scénaristes et aux editors d’affirmer que tout existe en même temps… et que rien n’est jeté aux orties… pas même les contradictions les plus encombrantes.

Jim

Pas de problème de taille de bonnet?

C’est fou, moi je suis arrivé véritablement dans l’univers DC avec en premier lieu, la Crisis de 1985, et puis saut dans le temps et j’ai raccroché les wagons avec Identity Crisis. Que j’ai trouvé d’ailleurs intéressant.

Le perso que j’ai le plus de mal à identifier dans les différentes crises, c’est Flash. Parce que s’appeler Barry Allen ou Bart Allen, j’ai du mal à faire la différence entre les deux. Au moins avec Jay Garrick, pas de souci (en plus avec sa soupière sur la tête il est reconnaissable).

J’ai commencé à lire (ou relire, je sais plus) le Final Crisis, mais c’est vrai que quand on ne connait pas bien l’univers, on a du mal à raccrocher les pièces du puzzle. Et voir que ceux qui connaissent mieux que moi ont du mal aussi, c’est pas fait pour rassurer.

[quote=« Vik Leroy »]
C’est fou, moi je suis arrivé véritablement dans l’univers DC avec en premier lieu, la Crisis de 1985,[/quote]

C’est l’un de mes grands regrets, que la France n’ait pas connu le « renouveau » DC de la seconde moitié des années 1980. C’est là que Lug / Semic aurait dû reprendre, en faisant les Superman de Byrne, les Wonder Woman de Pérez et tout ça. Et les différents éditeurs qui traduisent DC régulièrement depuis 1999 ne rameraient pas autant à exploiter cet univers.

Identity Crisis, d’un point de vue formel, c’est plutôt excellent : la narration est limpide, le suspense est constant, les révélations tombent à point nommé, les personnages sont expressifs…
C’est juste que c’est un jeu de massacre totalement inutile et gratuit (à preuve, plein de trucs ont été remis en place entre-temps) exercé sur des personnages légers et rigolos qui étaient des bulles d’air constantes dans un univers de plus en plus noir et étouffant.

Alors, c’est simple.
Dans l’ordre :
Jay Garrick
Barry Allen
Wally West
Bart Allen

Le premier, c’est le Flash du Golden Age. Le deuxième, le Flash du Silver Age, mort dans Crisis on Infinite Earths. Le troisième, l’ancien Kid Flash devenu héritier de Barry. Le quatrième, un descendant du futur revenu dans le présent sous le nom d’Impulse et repreneur du costume de Flash quand Wally part s’occuper de sa famille. Depuis, Wally a repris le flambeau et Barry est revenu de la mort.

Simple, hein ?

Final Crisis, je viens de le relire, et c’est super pas clair. Les péripéties s’enchaînent dans une polyphonie un peu discordante, les dialogues sont super elliptiques et pas clairs, le changement de dessinateur en cours de route n’aide pas à comprendre, l’intrigue est assez basique au final, voire pauvre, et fonctionne sur des scènes tendance « shock value » avec du sang et de la violence pour bien envoyer le message crétin du « attention, c’est du sérieux »… Et l’ensemble se conclut sur la constatation stupide que « ah bah ouais, y a 52 univers », chose qui ne surprend personne, puisque les lecteurs débutants n’en trouvent pas de matérialisation claire dans la série (à part quelques vues brouillonnes du « Planétaire ») et ne se rendent donc pas bien compte de la portée de cette révélation cosmique, et que les vieux lecteurs sont déjà au courant depuis Infinite Crisis et Countdown.
Bref, c’est mal fichu, inaccessible et creux.
Rajoutons à cela que Final Crisis était prévu au départ pour rebooter tout l’univers DC, qu’au dernier moment l’intention éditoriale a été changée (d’où la fin qui se déballonne), et qu’après ce dernier moment les instances dirigeantes (qui ont changé entre-temps) décident quand même de tout rebooter avec Flashpoint, et on obtient une histoire indigeste, confuse et au final (héhéhé) inutile.
Reste que Superman 4D est vraiment bien, un peu confus mais participant de l’hommage au mythe Superman, quelque part entre l’histoire de Steranko et All Star Superman. Ces deux épisodes sont vraiment bien, et peuvent même se lire sans problème indépendamment de Final Crisis.

Jim

C’est justement le fait que Barry soit revenu (du fait de sa popularité avec les fans, que l’ancienne série n’ait pas été suivie) qui fout le bronx dans mon esprit.
Parce qu’en plus, je n’ai pas vraiment suivi de différence dans le traitement du personnage. Pour moi, c’est kif kif. En plus, comme ils s’appellent les 2 Allen, ça ajoute du piment dans mon incompréhension.

Jim, t’arrêtes de spoiler le deuxième chapitre de mon article que j’ai pas encore mis en ligne, oui ?

bah justement, je trouve ça parlant du fait que tous ces concepts ne sont pas digérés.
On n’a ici une techno qui pourrait servir à des millions de trucs wtf et au final n’est utilisée que pour faire des sex doll high tech.
Quand on regarde un peu sur youtube sur le sujet des femmes robots, mis à part quelques exception comme le Terminator féminin ou ghost in the shell, que le sujet soit humoristique, triste, sérieux…, c’est toujours l’angle de la poupée sexuelle qui est utilisée.

Moi j’ai le souvenir d’avoir tout compris quand j’avais lu Crisis au moment de sa sortie. Ou presque. Mais à chaque fois que je lis des choses sur le sujet, je pige que dalle. Ce qui veut donc dire que depuis le début, j’entrave rien à tout ça. Et retrospectivement, c’est une sacrée déception intellectuelle.

Crisis on Infinity Earth, le premier, était complexe, mais proprement fait. Il posait les enjeux, rangeait les jouets, faisait le ménage.

Le problème, ce n’est pas Crisis : c’est ce qui a été fait après. Au lieu de tout reprendre à zéro, DC a biaisé, l’éditorial a eu le cul entre deux chaises. et du coup, sur Hawkman, par exemple, ça a foutu un bordel noir.

[quote=« brodieman »]bah justement, je trouve ça parlant du fait que tous ces concepts ne sont pas digérés.
On n’a ici une techno qui pourrait servir à des millions de trucs wtf et au final n’est utilisée que pour faire des sex doll high tech.
Quand on regarde un peu sur youtube sur le sujet des femmes robots, mis à part quelques exception comme le Terminator féminin ou ghost in the shell, que le sujet soit humoristique, triste, sérieux…, c’est toujours l’angle de la poupée sexuelle qui est utilisée.[/quote]

ça, c’est un sujet intéressant, ceci dit. Pas en lui-même, mais comme révélateur des préoccupations humaines. (après, ça n’a rien de nouveau : la VHS a décollé grâce aux films de boule, le minitel a décollé grâce au minitel rose, et internet, regardez dans vos signets.)

Bientôt le débat : Un phallus est il le phare guidant l’évolution des technologies humaines ? :stuck_out_tongue:

Est-ce que ce n’est pas un peu le même problème qui se profile à l’horizon avec les New52 ? Avec Batman Inc. en particulier ?

Moi je suis déjà paumé avec les héros new 52. Le fait que certaines séries se passent avant les autres déjà me laisse songeur quant à la politique éditoriale …
J’ai pas l’impression que le new 52 ait impacté les lanterns, new guardians et consorts …
Mais ça a du bon, ça a fortement réduit mes achats leur manque de clarté et du coup, j’ai opté pour compléter tout le cycle Morisson / Waid sur JLA depuis Rock Of Ages et j’ai complété ma série Secret Six (géniale du début à la fin).
Je me régale mais du coup, je zieute plus les nouveautés.

Là, je précise que si Barry Allen est revenu, c’est pas à cause du manque de popularité de Wally. Ce dernier a eu quelques 240 épisodes à son nom entre 1987 et, genre, 2007. Et la série marchait très bien avec Mark Waid puis encore mieux avec Geoff Johns (malgré la baisse de qualité des histoires).
Non, ce qui a changé la donne, c’est que Geoff Johns a ramené entre-temps Hal Jordan, le précédent Green Lantern, que ça a fait un buzz pas possible et plein de ventes, et que ça lui a permis de justifier le retour de Barry Allen.
Ce qui est débile, en soi, mais bon.

Je ne vois pas en quoi ça devrait te gêner : Wally, c’est le Flash qu’on a vu dans la JLA de Morrison, par exemple. Et dans tous les gros événements post-Crisis, genre Legends ou Zero Hour. Sa série, du temps de Geoff Johns, a été traduite. C’est sans doute le Flash le plus connu des lecteurs français.

Jim

[quote=« Vik Leroy »]
Parce qu’en plus, je n’ai pas vraiment suivi de différence dans le traitement du personnage. Pour moi, c’est kif kif. En plus, comme ils s’appellent les 2 Allen, ça ajoute du piment dans mon incompréhension.[/quote]

Non non, reprenons.

Bart Allen, il est resté Flash pendant douze numéros, traduits dans deux spéciaux chez Panini.
Autrement, celui qui était dans DC Universe, c’est Wally, pas Barry ni Bart.

Jim

c’est pas un spoiler, c’est un subplot.
Le plus grand scénariste de France devrait faire la différence, non ?

Jim

[quote=« Jim Lainé »]

Je ne vois pas en quoi ça devrait te gêner : Wally, c’est le Flash qu’on a vu dans la JLA de Morrison, par exemple. Et dans tous les gros événements post-Crisis, genre Legends ou Zero Hour. Sa série, du temps de Geoff Johns, a été traduite. C’est sans doute le Flash le plus connu des lecteurs français.

Jim[/quote]

Je rêve que quelqu’un de talentueux comme Alex ou Jim fasse un article de cette qualité sur Legends et Zero Hour… :wink:

[quote=« Henry Bendix »]
Je rêve que quelqu’un de talentueux comme Alex ou Jim fasse un article de cette qualité sur Legends et Zero Hour… :wink:[/quote]

Ah moi j’ai fait l’éditing des VF de ces titres il y a huit dix ans, j’en suis encore épuisé !

:wink:

Jim

J’ai traduit l’Heure Zéro avec Dan Fernandes. Dur, dur (et pas à cause de Dan).