NO COUNTRY FOR OLD MEN (Joel et Ethan Coen)

Texas, 1980. Alors qu’il chasse près de la frontière du Mexique, Llewelyn Moss découvre par hasard les cadavres d’une bande de trafiquants de drogue et une mallette contenant deux millions de dollars, dont il s’empare. Il se retrouve poursuivi par Anton Chigurh, tueur à gages engagé initialement pour récupérer l’argent, et par le shérif Bell, homme vieillissant et désabusé.

Depuis 2003, les spectateurs des films des frères Coen vont de déception en déception. Et encore je suis gentil. Le camarade Hermes dans le sujet consacré à The Barber en est la preuve, on peut faire remonter la déception à plus longtemps. Avec le recul, on peut voir The Big Lebowski comme un certain apogée de la carrière des frangins et, déjà, O’Brothers marquait le pas.

Quoiqu’il en soit après une période de déception dont vous établirez vous-mêmes les contours et après un Ladykillers dont on propose la vision aux condamnés à mort afin de leur montrer que la vie ne vaut plus la peine d’être vécu, on peut dire qu’on attendait pas le nouveau projet des Coen. La surprise n’en fut que plus agréable. Roman de Cormac McCarthy, No country for old men est également la première adaptation des réalisateurs. A ce sujet, je ne saurais dire si l’exercice est réussi car je n’ai pas lu le roman.

Mais en tant que nouvel opus d’une filmographie passionnante, No country for old men s’avère passionnant. La découverte du travail des frères Coen m’a fait prendre conscience d’une caractéristique qui me séduit assez souvent : l’art et la manière de faire communiquer les films entre eux. Paradoxalement c’est en regardant la série Fargo que cet aspect m’a sauté aux yeux. Plus qu’une adaptation du chef d’œuvre glaciale, la série télé se propose d’être la Tour Sombre des Coen, une œuvre à la croisée de toute leur filmographie. Prenant conscience de cet aspect, le dialogue entre les films devient alors réjouissant.

Avec ce soleil aride, cette vaste étendue de désert, son bandit trouvant une mallette pleine de billet et ce shériff semblant déconnecté de tout mais qui tente de le retrouver, No country for all men semble être la version face de Fargo (froid glacial à perte de vue et se concluant sur une mallette perdue, elle aussi rempli de billet). Une version aride et terrible où les bandits pieds nickelés sont remplacés par rien de moins que la version humaine de la peste noire.

Film d’une beauté visuelle à se renverser le cul par terre (j’ai vraiment le regret de ne pas être aller le voir en salle), cette traque impitoyable est en même temps économe dans ses effets, rendant alors les scènes d’affrontement encore plus terrifiantes. Film âpre avec des taiseux comme protagoniste, No country for all men et aussi le film qui met en scène le plus clairement la figure maléfique sans ambiguïté qui parcourait la filmo des réalisateurs depuis Blood Simple. A ce titre, si Josh Brolin est très bon en cowboy fatigué tenant de survivre un jour de plus et si Tommy Lee Jones est parfait dans un registre auquel il excelle, c’est bien sur Javier Bardem qui est au dessus de lot avec sa personnification d’une véritable calamité.

Clairement après (pour ma pomme) deux grosses déceptions, No country for all men fait du bien. On retrouve les Coen des débuts, ceux capable de nous coller au fauteuil avec une poursuite impitoyable.

Bah tiens, je ne suis pas sûr de l’avoir vu, celui-ci.

Plutôt réussi, oui. Même si faire le parallèle entre un livre et un film est un exercice qui a ses limites, je m’étais dit en sortant de la salle que les frangins avaient fait honneur au bouquin de McCarthy, qui m’avait scié à la lecture. Le film des Coen est moins noir, moins désespéré que le roman, ceci dit…
Complètement d’accord sur ton appréciation du film par ailleurs, une vraie résurrection au regard des ratages qui ont précédé dans leur filmo.

Joëlle Jones :

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