PHANTASM V : RAVAGER (David Hartman)

Réalisateur de ces réjouissantes séries B que sont Dar l’Invincible, Bubba Ho-Tep et John dies at the End, Don Coscarelli est surtout connu des fans de pelloches de genre pour l’une des plus étranges franchises du cinéma horrifique, Phantasm.
Comme je l’ai déjà évoqué dans mes chroniques sur les quatre premiers volets, Don Coscarelli s’est retrouvé en panne d’inspiration après Phantasm, déclarant que s’il devait un jour y avoir un quatrième film, ce serait surtout pour « tirer quelques dollars de plus de la série ». Il y a bien sûr eu un Phantasm IV, car comme le Tall Man, vilain emblématique incarné par le regretté Angus Scrimm, le dit à la fin de Phantasm III, « ce n’est jamais fini ».

Phantasm IV est sorti directement en vidéo en 1998. Phantasm V, annoncé comme le point final de la saga (faut dire que les acteurs, les mêmes depuis 1979, ne sont plus tout jeunes…et Angus Scrimm nous a quittés peu de temps après le tournage), a bénéficié d’une sortie très limitée au cinéma en 2016 et était disponible quasi-simultanément en vidéo à la demande. Mais si le film est finalement sorti 18 ans après le quatrième épisode, son tournage avait en fait débuté en 2008. D’après le livre « Phantasm Exhumed », le projet avait en effet débuté sous la forme d’une web-serie sur le personnage de Reggie, devenu rapidement le vrai héros, le « Ash Williams » de Phantasm en quelque sorte. Des scènes furent tournées par David Hartman, qui a succédé derrière la caméra à Don Coscarelli (qui reste co-scénariste et producteur), avant que la production stoppe pour reprendre épisodiquement entre 2012 et 2013 quand la décision fut prise d’utiliser le matériel existant et de l’étendre à un long métrage.

Cette production chaotique a eu un effet sur la cohésion d’un récit extrêmement confus (encore plus confus que le plus confus des Phantasm) qui voit ce brave Reggie partir à la recherche de ses vieux amis, les frangins Mike et Jody, tout en tentant d’échapper au Tall Man. Jusque là, c’est la routine…mais après avoir une nouvelle fois échappé aux sphères mortelles du croque-mort interdimensionnel, les choses se compliquent pour Reggie qui n’arrive plus à distinguer le rêve et la réalité et se retrouve transporté dans différentes époques, différentes dimensions, entre des visions de son passé, un internement en hôpital psychiatrique pour démence (ce qui aboutit à questionnement sur tout ce qui lui est arrivé jusque là) et une virée dans un futur post-apocalyptique dominé par le Tall Man.

Les Phantasm, mélanges surréalistes d’horreur et de science-fiction, sont surtout connus pour leur « logique de cauchemar », qui entretient leur atmosphère si particulière. Dans ce 5ème épisode, les scènes s’enchaînent sans véritable liant, sans souci de cohérence, conséquence des conditions de production qui se sont étalées sur plusieurs années (ce qui donne l’impression de regarder plusieurs segments laborieusement montés).
Quand on prend en compte le fonctionnement interne de la série, ce ne devrait pas être un défaut. Mais David Hartman n’est pas Don Coscarelli, qui avait tout de même réussi à livrer des choses intéressantes sur Phantasm IV, le plus faible épisode de la série (jusque là). Hartman n’arrive pas à tirer le meilleur parti d’un budget ultra-cheap. Les quelques gunfights sont mollassons, le scénario n’apporte pas grand chose de nouveau à la saga, la photographie est laide et les effets spéciaux sont horribles (le futur post-apocalyptique a l’air de sortir du plus fauché des téléfilms SyFy).

Le final à rallonge est sujet à tellement d’interprétations qu’il finit par perdre complètement l’impact de cette jolie scène de réunion entre Reggie Bannister, A. Michael Baldwin et Bill Thornbury, amis et frères, relation au coeur de la série depuis le premier Phantasm en 1979. Un cinquième épisode qui ne s’imposait donc vraiment pas (ce qui est le cas de nombreuses franchises horrifiques qui ont un peu trop tiré sur la corde)…