REALISATEUR & SCENARISTE
Don Coscarelli
DISTRIBUTION
A. Michael Baldwin, Bill Thornbury, Reggie Bannister, Angus Scrimm…
INFOS
Long métrage américain
Genre : horreur/science-fiction
Année de production : 1979
Avec seulement 10 films en presque 40 ans, on ne peut pas dire que Don Coscarelli soit le plus prolifique des réalisateurs encore en activité. Outre le génial Bubba Ho-Tep, il a tout de même donné au genre horrifique l’une de ses plus étranges franchises avec la saga Phantasm.
Jeune réalisateur auto-didacte, Coscarelli débute sa carrière en 1976 avec deux comédies dramatiques passées inaperçues, Jim the world’s greatest et Kenny & Company, où l’on retrouvait déjà les fidèles Michael Baldwin, Reggie Bannister et Angus Scrimm. Il décide alors de se lancer dans le cinéma d’horreur et puise notamment son inspiration dans le roman La Foire des Ténèbres de Ray Bradbury (la petite ville, le thème de l’enfant qui n’arrive pas à convaincre les adultes de la réalité de ses peurs) et d’un cauchemar où il se voyait pourchassé dans de longs couloirs par une sphère volante surmontée d’une aiguille. Ces sphères deviendront l’une des images les plus emblématiques de Phantasm, l’aiguille étant remplacée par une vrille perforatrice de crânes.
Phantasm est une production indépendante, auto-financée grâce au père de Coscarelli et ses relations pour une somme de 300.000 dollars. L’entreprise familiale ne s’arrête pas là puisque la mère de Coscarelli travailla sur les effets spéciaux et que la distribution est composée d’amis du réalisateur, d’amateurs et aspirants professionnels. Le tournage se fit principalement le week-end, sur une période d’un an, en suivant un script « à peine linéaire » selon le scénariste/réalisateur (enfin pas que, puisqu’il est aussi chef-op’ et monteur) et constamment réécrit sur le plateau.
Après la mort de ses parents, un jeune homme découvre que quelque chose se trâme derrière les murs d’une entreprise de pompes funèbres. Une vague de morts suspectes envahit la région et le croque-mort local, un véritable géant, semble en être le responsable…
Et encore, le pitch ne dit pas tout. Histoire assez difficile à résumer, qui mélange allègrement onirisme, surréalisme, horreur et éléments de science-fiction, Phantasm prend rapidement des allures de cauchemar éveillé, avec des séquences s’enchaînent sans véritable liant, dans une atmosphère particulière où la cohérence n’est pas toujours de mise…comme dans un rêve, donc…sensation renforcée paraît-il par le nombre de coupures effectuées par un Coscarelli qui s’était laissé emporter puisque son premier montage durait près de 3 heures.
Ce sont dans ces moments que le film trouve sa force, dans cette noirceur surréelle persistante; dans la tension créée par les apparitions de ce croque-mort venu d’ailleurs, ce Tall Man auquel Angus Scrimm prête sa stature gigantesque; dans l’absurdité de ces boules volantes venues d’on ne sait où pour perforer des crânes et de ces nains aux allures de Jawa, dont l’apparence grotesque cache un terrible secret.
Coscarelli réussit à composer de véritables moments inquiétants dans les instants les plus calmes, en usant d’idées de réalisation inspirées (le face-à-face silencieux entre le jeune Mike et le Tall Man en pleine rue en est un bon exemple). Hélas, il se plante quand il met en scène l’attaque très Z d’une créature caoutchouteuse particulièrement ridicule et qui rappelle douloureusement l’étroitesse du budget.
L’interprétation est assez inégale, mais s’améliorera alors que les acteurs prendront plus d’assurance au fur et à mesure des épisodes de la série (5 au total, Coscarelli ayant passé la main pour le dernier que je n’ai pas encore vu).
La scène finale désarçonne et vient questionner tout ce qui a précédé. Ce qui est arrivé était-il sorti de l’imagination d’un garçon endeuillé, en proie au doute et à une immense tristesse ? Ou alors le rêve a-t-il rejoint la réalité ?
À voir…à suivre…