PHARAON (Duchâteau / Hulet)

Discutez de Pharaon

Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai jamais trouvé les tomes 6, 7 et 8 !

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Pharaon 1 : série lancée au tout début des années 80 chez un premier éditeur aujourd’hui disparu, Novedi (que je ne connais pas) avant d’être chez Glénat. Pharaon est une sorte « d’agent pour un organisme de dissuasion appelé Cobra (ndsoyouz : aucun lien) en guerre permanente contre le groupe Anti ». C’est le héros explique qui il est qu’à la page 40 (et y aura pas plus) … mais sincèrement, on avait compris tout cela aisément, tant les clichés et les caractéristiques du perso sont très aisément et rapidement reconnaissables (à noter que les deux organismes cités ci-dessous semblent avoir des moyens colossaux). ça, à la rigueur, Duchâteau est loin d’être le seul à avoir ce type de héros, même à l’époque. Ce qui est plus surprenant, c’est qu’on rentre quasiment de suite dans le vif du sujet, presque à la manière d’un James Bond, avec presque l’impression qu’on a loupé un tome précédent. C’est assez peu dérangeant et l’avantage, c’est qu’on échappe (pour le moment) à des origines et une perte de temps sur la présentation des persos (je ne crois pas avoir déjà lu aussi efficace). Là où je trouve que c’est léger, c’est dans la construction de l’intrigue. Le héros n’a quasiment jamais le temps de lencer son enquête, les infos viennent à lui par d’illustres inconnu(e)s sans qu’il pose de question, et sans préliminaires, si je puis dire. Très surprenant et presque comme un cheveu sur la soupe. Et cela arrivera plusieurs fois. Comme si c’était écrit sur son visage qu’il menait une enquête. Alors, la fin peut apporter une explication sur ces « facilités », mais je trouve que c’est plutôt mal amené et même le perso n’est en rien surpris. Y a bien que lorsqu’il a une aide de camp qui se manifeste que la situation me parait préparée. Cette fréquence des évènement me fait demander s’il n’y avait pas une pré-publication dans un périodique.
En tout cas, même s’il y a des bulles, ça ne perd pas trop de temps en palabres, comme en scènes inutiles (manquerait plus que ça), mais j’espère que les prochains tomes gagneront en finesse et subtilité.

Au dessin, c’est Hulet qui assure, et j’ai l’impression que c’est l’un de ses premiers boulots pour la BD cartonnée. Son style de l’époque me fait penser à du Vance, mais en peut être plus souple (je dis ça de tête). Il y a beaucoup de détails dans ses pages. On voit déjà qu’il est capable de varier sa mise en page quand c’est nécessaire (visionnage d’un film par exemple, ou dans la jungle). Il y a 20 ans les débuts de Pharaon et ceux d’Extra-Muros et la progression de son style est très intéressante. Mais je trouve qu’il avait déjà un sacré bagage technique. Et ce n’est peut être pas ça qu’il a eu besoin de faire évoluer, justement.

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J’en ai trouvé un ou deux tomes récemment. Comme je redécouvre Duchâteau, que j’ai longtemps rangé dans la catégorie des scénaristes à l’ancienne (comprendre : chiants), et à tort si j’en crois le plaisir que j’ai eu à relire des tomes des Casseurs, je vais sans doute y mettre le nez dans pas longtemps.

Jim

Tu te souviens des numéros que tu as ?

De mémoire (ils sont dans une pile à classer), L’Incarnation de Seth et Dossier Anti.

Jim

Ce qui est bizarre, c’est que les 6 premiers numéros sont dispo facilement (enfin, excepté le 6), ils ont été publiés précédemment par Novedi. Les 7 ou 8 ont été publiés directement par Glénat et ceux-là, pas moyen de mettre la main dessus.

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Pharaon 2 : Le cerveau de glace : bon, là, le déroulé de l’action est beaucoup mieux, plus logique avec pas vraiment, c’est indéniable. ça continue quand même d’être plutôt dynamique, jusqu’à la découverte du vrai vilain (avec une méthode classique, mais qui fait toujours son petit effet) où là, ça devient quand même un brin bavard sur quelques pages (y avait beaucoup de choses à expliquer, quand même), avant de repartir dans l’action.
J’aime bien cette intrigue, parce qu’il y a un côté barré (des nazis tibétains) où Duchâteau extrapole une situation en 80 par rapport à des choses qui se sont passées en 38-39. Et j’ai l’impression aussi qu’il y a eu des recherches dans cette BD (notamment sur la culture tibétaine, c’est plutôt intéressant). Ce qui est intéressant, ce que la personne qui a assuré les recherches (citée en fin d’album) est aussi citée dans Extra-Muros 20 ans plus tard.
Quant à l’intrigue, elle est étrangement contemporaine sur le fond, avec du matos de l’époque de l’écriture de cette BD. Globalement, hormis un petit côté paranormal (la faute à l’altitude ?) à un moment, ça fait un peu James Bond. En tout cas, j’aime bien le titre de l’épisode, très en lien avec la dernière page.

J’ai trouvé Hulet meilleur sur ce deuxième tome. Ou alors, c’est la couleur. L’ambiance et la zone géographique ne sont pas les mêmes, donc je ne sais si ça joue. C’est plus fin en justesse, je trouve.

Par contre, je trouve dommage de Glénat ait changé la couverture, car j’aime beaucoup la composition de cette de Novedi (la couleur et le style aussi). Celle de Glénat est plus classique franco-belge. Elle flashe moins. Les 4 de couv’ de Novedi sont originales, également.

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Pharaon 3 : l’incarnation de Seth : cette fois, pas de vilain issu d’Anti, mais d’un autre groupe, et cette fois-ci, le héros va mériter son nom puisque l’histoire se passe en Égypte. Là aussi, beaucoup de rythme dans l’histoire, avec une ouverture plus grande vers un peu de paranormal pour le héros. Et pour le coup, c’est plutôt bien distillé et à un moment assez intéressant. J’ai lu ça cette nuit vers 5h du mat’, donc il y avait une scène ou deux que je ne trouvais pas très clair, mais là, à la repasse, ça l’est beaucoup mieux. Il y a quelques interprétions subjectives pour les scènes de « rêves », mais sinon c’est pas mal clair. Et la page de texte d’explication est pus courte que dans le précédent tome. Au niveau du scnéar, il y a des trucs très intéressants, un mélange de technologie égyptienne avec les technologie en devenir du moment, avec un peu de paranormal … ouais, c’est plutôt intéressant, quand on ramène à l’époque de sortie (1983).
Et la fin est ouverte … sera-t-elle réutilisée … je le saurai ou pas.

A noter qu’Hulet est crédité au scénario (peut être l’était-il aussi sur les tomes précédents, c’est pas précisé) et que comme pour le tome 1, il est aidé au coloriage (terme utilisé à l’époque). Et pour le dessin, y a quelques pages et cases qui pètent bien, avec un bel effet. Et au niveau des visages, je trouve qu’il a déjà la patte qu’on retrouvera sur l’État Morbide.

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Tu n’aurais ceux de la collection BP, par hasard ?

Je crois bien : j’allais t’en parler, mais je préférais vérifier mes exemplaires avant… ce que je n’ai pas encore fait.

Jim

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Pharaon 4 : promenade des solitudes : quel étrange récit. Pharaon se rend à Anchorage pour enquêter sur ce qui provoque des détachements d’icebergs d’un glacier, ce qui accentue le risque pour des cargos pétroliers aux coques fragiles qui passent dans cette zone et qui alimentent les USA.
Histoire du milieu des années 80 et qui n’a pas perdu une ride, en fait. Pharaon se trouve piéger entre les ordres de l’organisme pour lequel il travaille (et qui semble surtout se préoccuper de la santé économique des US) et ses convictions, plus en phase avec les autochtones historiques. D’enquête, il n’y en a pas. Le « héros » subit les évènements par la force des choses et au final, il n’y pas d’happy end (loin de là, d’ailleurs). Il n’y a même pas de résolution d’enquête, et à la rigueur, à l’instar de Pharaon, on s’en fout finalement. On ne peut pas, lecteur inclus, sortir satisfait émotionnellement de cet album. Il y a comme une forme de résignation de la part des auteurs à écrire un truc pareil (et avec le recul, on ne peut pas trop leur donner tort). Cet album a vraiment une tonalité différente des précédents.

Hulet montre qu’il sait aussi dessiner autrement en faisant quelques pages d’un dessin animé fictif. Et ici, on voit également qu’il sait dessiner les animaux. Toujours au top, que ce soit dans la ville ou au milieu de l’Alaska.

(sur bédéthèque, j’ai cru voir que le scénario n’avait pas été du tout apprécié. Je peux comprendre pour ceux qui attendait une enquête).

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Pharaon 5 : Dossiers Anti : encore un album pas commun, puisqu’il joue la carte de l’anthologie, en réunissant 5 courtes histoires de Pharaon contre des sbires d’Anti. Si l’exercice est intéressant, pour voir les capacité des auteurs à fournir de courts récits, j’avoue qu’il m’a été difficile m’impliquer dans chacune des histoires et de ressentir même quoi que ce soit. Alors, il y en a certaines, comme la dernière (belle ambiance portuaire donnée par Hulet), qui sont Jamesbondesque à souhait, avec du rebondissement, mais certaines font un peu farce, pas autant qu’un OSS117 par Dujardin, mais y a un peu de ça, avec aussi un héros qui devine beaucoup et qui retombe facilement sur ses pattes.
Le deuxième épisode a un petit côté Stan Lee dans sa manière de communiquer avec le lecteur en pleine enquête. En soit, j’ai trouvé le principe rigolo, pas trop lourd en plus, mais forcément, ça diminue toute la dramaturgie de l’histoire.
Graphiquement, Hulet est vraiment très, très agréable à lire. Du mouvement, des effets, des ambiances, il aurait pu être plus marquant, comme auteur/dessinateur.

(et encore une fois, une vrai préférence pour la couverture de Novedi. Plus générique, plus dans le thème, là celle de Glénat reprend une case de l’album)

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Pharaon 6 : des ombre sur le sable : album qui correspond à deux suites, en fait. L’issue de l’épisode 4 a bien bouleversé Pharaon au point de perdre son assurance habituelle et l’attrait pour son travail. Il ese me donc en retrait à Bruxelles … cela dit, Seth ne l’a pas oublié, et là, c’est clairement la dernière page de l’épisode 3 qui se développe au sein de ce 6ème album, où Pharaon va se retrouver de nouveau en Égypte.
Le titre de l’album retrouve plusieurs échos dans cette histoire, que ce soit dans les sables africains ou dans les rues belges, avec notamment une première longue scène de cauchemar, qui a plusieurs explications, à la fois rationnelles si je puis dire et fantastique de part les quelques facultés mentales du héros. L’apparition d’un personnage attendu n’entraînera pas un scénario classique, genre Némésis ou double plus ou moins inversé. Au contraire, les auteurs expédient rapidement la menace pour, j’ai l’impression, donner l’occasion au héros d’aller au bout de ces motivations dans son « travail » et peut être lui permettre de tourner la page. Ce qui est rigolo, c’est que si Pharaon parait désabusé, en manque de confiance, le vilain, qui n’a plus toute sa tête, semble lui aussi avoir des doutes, tout comme ses collaborateurs. Il y a vraiment deux phases dans l’histoire. La série aurait pu se terminer avec ce tome 6. Je n’ai pas les deux autres tomes de Glénat (visiblement, Novedi avait prévu de publier le 7, mais ils n’ont pas dû avoir le temps), mais je susi curieux de voir la tournure que prend la série, parce que visiblement, les auteurs semblaient vraiment décidés à faire évoluer leur héros.

C’est intéressant de voir Bruxelles dessiné par Hulet en 1983, après avoir lu l’Etat Morbide qui a été fait plus tard. Il est déjà très précis (les affiches du cinéma donnent l’idée de la période de réalisation de la planche) avec les voitures, les immeubles, etc … , on retrouve les mêmes ambiances que pour l’Etat Morbide (de meilleures couleurs, je pense, par contre pour ce titre).
J’aime beaucoup la réalisation des scènes de cauchemars et d’illusions, ça rend vachement bien. De belles ambiances là aussi, avec une scène de nuit en Égypte que je trouve magnifique.

Ah, et j’ai un album de chez Novedi pour ce numéro et je confirme que les couvertures sont bien plus réussies que celle choisies par Glénat. J’aime bien aussi les intérieurs de couverture.

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Je viens d’apprendre le décès d’André-Paul Duchâteau, scénariste de Ric Hochet, parmi tellement d’autres choses.

Jim

Ouais, j’ai vu ça aussi, hier ou avant-hier. J’ai pas grand chose de lui

Probablement pas avant-hier, donc (ou alors, il faut que Ric Hochet enquête…).

Tori.

Moi, c’est surtout Les Casseurs que je complète (avec la lenteur d’un escargot, mais le cœur y est), une série qui m’avait bien emballé gamin !

Jim

Ouais, y a des chances, du coup …

Je n’ai pas grand chose de lui, mais j’en ai lu beaucoup :
Au moins les soixante premiers Ric Hochet, et quelques morceaux de ses autres séries dans Tintin : Hans, Les 3A, Alain Chevallier, Yorik, Les Casseurs, etc.

Tori.