PINOCCHIO (Philippe Foerster)

Loin de l’interprétation disneyenne du mythe de Pinocchio, le récit imaginé et mis en images par Philippe Foerster renoue avec le texte original de Carlo Collodi, paru en feuilleton en 1881-1882.

Le Pinocchio des débuts baigne dans un monde inquiétant, proche à la fois du Grand Guignol et de la veine fantastique qui fera florès en Belgique.

Il y trouvera ses maîtres avec Fernand Crommelynck, Jean Ray, Thomas Owen (qui signa d’ailleurs la postface de l’album de Foerster), en littérature. Inutile de rappeler les univers picturaux de James Ensor, Antoine Wiertz, Paul Delvaux, René Magritte.

Tant par la narration que par l’expression graphique, le Pinocchio de Philippe Foerster s’arrime au fantastique belge, mais trouve son inspiration dans le surréalisme noir, dont Collodi était un fervent, notamment dans son roman, Les mystères de Florence. Cela fait de l’album Pinocchio un phénomène unique dans le monde de la bande dessinée. Il y a Philippe Foester, il n’y a pas d’« école Foerster » et voilà tout son mérite, et l’intérêt de le redécouvrir avec ce Pinocchio fantastique, burlesque, rabelaisien pourrait-on dire.

L’expression « chef d’oeuvre » titille la plume ou le clavier d’ordinateur, tant ce récit retravaillé, réinterprété et cependant fidèle à Collodi explose de découvertes à chaque page. Nulle mieux que cette oeuvre ne reflète le bouillonnement créatif des années 80, alors que la bande dessinée cherchait à retrouver ses racines et confirmait avec brillance son originalité sans cesse renouvelée.

L’auteur :

Foerster a tout naturellement intégré l’atelier BD de l’Institut Saint-Luc, à Bruxelles. Il y a côtoyé Andreas, Berthet, Cossu et cette jeune génération sur laquelle la bande dessinée belge a pu s’appuyer afin d’échapper à la déréliction et aux assauts des maisons d’éditions parisiennes.

Son activité, qui se développe depuis 1982, produit une trentaine d’albums, dont Pinocchio (1982) est le deuxième dans l’ordre chronologique. Citons les séries Starbuck (Dupuis), Silex Files et Gueule de Bois (Le Lombard). On retiendra encore ses scénarios illustrés par Philippe Berthet : L’Oeil du Chasseur (Dupuis) et Chiens de Prairie (Delcourt). Le Confesseur sauvage (Glénat) est son dernier opus en date (2015)

Projet Ulule lancé il y a quelques jours, j’attendais de voir ce que cela allait donné pour créer le sujet. A 98%, à 50j de la fin, je me dis que cela devrait être bon (même si pour le coup, il est possible que ce soit sorti quand même)

Les éditions du Tiroir s’associent à l’auteur pour la réédition de cette adaptation, qui aura droit à une restauration (tout en respectant la bichromie)

Je ne connais pas le travail de Foerster, une adaptation de Pinocchio ne m’intéresse pas beaucoup, mais j’aime beaucoup le coup de crayon.