Si le dessin et le découpage rendent la lecture agréable, j’émets tout de même des réserves sur la mise en scène. Donner du suspense à l’intrigue est certes difficile compte tenu qu’il s’agit d’une réécriture et que pas mal de moments-clefs sont imposés. Urasawa a sûrement réussi à étoffer l’histoire, mais on est loin des coups de théâtre de Monster et encore plus loin des grands moments d’émotion de ce dernier. La socialisation des robots est en ce sens assez foireuse. Les humanoïdes en larmes (humains ou robots) ne manquent pas, mais ça ne suffit pas. Les sentiments ne se résument pas qu’à des mimiques, des manifestations extérieures. On aurait aimé aussi savoir ce qu’il se passe à l’« intérieur ». L’émotion chez les robots est souvent présentée de façon duale (joie ou chagrin), sans laisser guère de place à d’autres plus mitigés ou moins observables (l’amertume par exemple). C’est là où le texte a aussi son rôle à jouer, introspectivement ou non.
Ajoutons à cela un suspense artificiel créé par l’auteur. Le coup des cartes de visite sur un lieu de crime dans l’un des premiers volumes : le lecteur ne peut pas la déchiffrer, frustrant, mais quelques pages plus loin, le mystère est éclairci et le lecteur réalise que la « chute » ne méritait pas un tel procédé.
Au final, Pluto serait une satisfaction sur la forme, mais une déception sur le fond. Comment les robots d’Urasawa auraient perçus ce sentiment ?