PRYDE OF THE X-MEN (Ray Lee, Larry Parr)

En 1981, le studio DePatie-Freleng Enterprises, connu notamment pour les aventures de la Panthère Rose et les cartoons inspirés par les oeuvres du Dr Seuss, est racheté par Cadence Industries, un conglomérat qui était à l’époque le propriétaire du Marvel Comics Group. Cette acquisition posa la première pierre de la création de Marvel Productions, une filiale de Marvel basée à Hollywood et dédiée à la créations de programmes pour la télévision (et par extension de longs métrages pour le cinéma dérivés des franchises du petit écran, comme les films d’animation Mon Petit Poney, G.I. Joe et Transformers).

Je ne pense pas trop m’avancer en écrivant que ceux qui ont grandi dans les années 80/90 ont passé beaucoup de temps devant les dessins animés estampillés Marvel Productions : Transformers, G.I. Joe, Jem et les Hologrammes, Fraggle Rock, Inhumanoids, Les Défenseurs de la Terre (qui réunissait Flash Gordon, le Fantôme du Bengale et Mandrake le Magicien), La Panthère Rose, Mon Petit Poney, Les Muppets Babies ne sont que quelques un des titres diffusés durant cette période.
Les séries adaptant les exploits des comics Marvel n’ont par contre pas toutes connu une diffusion française : Spider-Man (2 saisons en 1981/82), Spider-Man and his Amazing Friends (3 saisons entre 1981 et 1983) et The Incredible Hulk (1 saison en 1982).

Entre 1988 et 1991, Marvel avait vendu en syndication le programme Marvel Action Universe, composé de 2 segments : du matériel inédit (les dessins animés Dino-Riders et Robocop) et des rediffusions (comme le Fantastic Four de 1978 avec H.E.R.B.I.E. le Robot et l’unique saison de Spider-Woman datant de 1979).
Retravaillé pour convenir à un jeune public, Robocop n’avait pas obtenu les résultats escomptés et la série fut annulée après 12 épisodes. Le financement pour un 13ème épisode était encore disponible et Marvel Productions décida de l’utiliser pour produire un pilote pour un potentiel dessin animé X-Men, en déléguant l’animation au studio japonais Toei.

L’animation est d’ailleurs le meilleur élément de ces 22 minutes qui représentaient une première pour l’une des plus célèbres franchises des comics, les mutants n’ayant fait jusque là que quelques apparitions dans les dessins animés de leurs camarades marvelliens. Très détaillé et basé sur les études de personnages réalisées par l’excellent Russ Heath (un de mes dessinateurs préférés), l’aspect visuel de Pryde of the X-Men est (à mon avis) plus abouti que celui du dessin animé de la décennie suivante (5 saisons entre 1992 et 1997).

L’histoire de ce pilote est par contre nettement moins convaincante (le plan de Magneto en est un parfait exemple). Pour vendre le projet, le scénariste Larry Parr a condensé de nombreux éléments en un temps limité et a privilégié l’action au détriment de la caractérisation qui est ici le plus souvent assez laborieuse (Kitty pleurniche, Wolverine grogne, Magneto veut tuer tous les humains en leur balançant une comète sur la tête, etc, etc…).

Dès les premières minutes, on rentre dans le vif du sujet avec l’évasion de Magneto d’un convoi militaire grâce à sa Confrérie des Mauvais Mutants (dont fait partie la Reine Blanche). Changement de décor avec l’arrivée à l’Ecole Xavier d’une jeune Kitty Pryde qui découvre un peu effrayée le monde des X-Men aux côtés du professeur Xavier. La présentation de l’équipe (Cyclope, Tornade, Colossus, Dazzler, Diablo et Wolverine) et de ses pouvoirs se fait par l’intermédiaire d’une bonne vieille séance en Salle des Dangers (bonne idée, simple et efficace). Les X-Men partent ensuite affronter le Colosse et Pyro, ce qui se révèle être une diversion pour que Magneto et le Fléau puissent attaquer l’Ecole et voler un composant de Cerebro nécessaire pour la bonne réalisation du plan de Magneto. Tout ce beau monde se retrouvera ensuite dans l’espace, pour le climax attendu sur l’Astéroïde M (et le scénariste a même réussi à glisser Lockheed le dragon dans tout ça) !

Narré par Stan « The Man » Lee en voix-off, l’ensemble est mené sur un rythme enlevé et les péripéties rendent le visionnage plutôt agréable malgré les défauts, dont les mauvais dialogues…et l’exécrable version originale (il n’existe pas de version française). Je n’avais jamais vu de dessin animé des années 80 en V.O., et je ne sais donc pas si le niveau assez bas de Pryde of the X-Men dans ce domaine est représentatif, mais le responsable du doublage (rôle ici dévolu à Rick Hoberg, animateur et storyboarder) a accumulé les choix les plus douteux : les vilains…et Wolverine…ne font que vociférer, Kitty a la voix d’une gamine de 8 ans, Emma Frost a celle d’une grand-mère et les accents sont particulièrement ridicules. Et à ce propos, le canadien Wolverine s’est retrouvé affublé d’un accent australien à couper au couteau, car tout ce qui était australien était très populaire aux Etats-Unis dans les années 80 (Crocodile Dundee, Mad Max…).
Et oui, plus de 10 ans avant Hugh Jackman, le griffu le plus célèbre de Marvel était australien !

À peine la production de ce pilote terminée, Marvel commença à connaître des problèmes financiers et dut mettre un terme à tous ses projets en cours (à part les populaires Muppet Babies). Pryde of the X-Men ne connut pas de suite et cet unique épisode mit un terme à cette période des dessins animés Marvel chapeautés par Marvel Productions et DePatie-Freleng Enterprises. Marvel Productions fut renommée quelques années plus tard New World Animation, qui s’associa avec différents studios pour développer les nouvelles aventures animées des héros Marvel.
Mais Pryde of the X-Men ne fut pas oublié pour autant. Le dessin animé servit ainsi d’inspiration au jeu d’arcade créé par Konami en 1992 !

Si Pryde of the X-Men a été la première tentative de série animée sur les Mutants, la série X-Men de 1992 et X-Men Evolution sont connues pour des qualités différentes, mais drainent de grandes communautés de fans.
Beaucoup ignorent cependant qu’une autre série animée a existé… et réunissait la grande fidélité aux comics de celle de 1992, et le graphisme et l’animation efficaces de l’autre !

Wolverine et les X-Men est le show TV qui m’apparaît comme la meilleure adaptation des X-Men - mais qui hélas a été annulée trop tôt !
Présentation et analyse ici : Wolverine et les X-Men : et si on tenait la meilleure série animée X-Men ? - Top Comics

En lisant ton article, je me suis rendu compte que je n’ai du regarder que un ou deux épisodes. Ca date de l’époque où il n’y avait plus vraiment de rendez-vous régulier pour suivre ces dessins animés à la TV, comme ce que proposait France 3 le dimanche matin…de nos jours, je trouve que ce n’est pas si pratique de suivre ça dans les grilles de programmes…