PUPPET MASTER I à V (Schmoeller, Allen, DeCoteau, Burr)

Après un début de carrière placé sous le signe du cinéma porno (mais sous un nom d’emprunt), David DeCoteau, formé à l’école Roger Corman chez qui il travailla comme assistant de production, fait ses débuts de réalisateur de films d’horreur à petit budget sous l’égide de Charles Band avec Creepozoïds en 1987. Connu pour sa capacité à emballer les scénarios les plus fauchés avec une rapidité hallucinante (jusqu’à 12 films recensés en 2012 !), DeCoteau est resté fidèle à ses recettes de prédilection et enquille de nos jours les séries Z avec une régularité métronomique.
Mais il fut un temps où David DeCoteau n’était pas qu’un infâme tâcheron…et parmi ses réussites, je place bien volontiers Puppet Master 3 : La Revanche de Toulon.

Berlin, 1941. Un brillant scientifique, le Dr Hess, est forcé par les nazis, et plus particulièrement son officier de liaison de la Gestapo le Major Kraus, de créer un sérum capable de ranimer les soldats morts sur le champ de bataille. Mais il se heurte à un obstacle : les ressuscités deviennent des zombies en proie à des accès de rage incontrôlables.
Au même moment, un marionnettiste, André Toulon, connaît un petit succès grâce à des spectacles satiriques dans lesquels il s’en prend à Adolf Hitler. Un espion nazi découvre alors son secret : un étrange fluide qui donne vie à ses poupées. Hess est alors très intéressé par la formule, mais Kraus veut emprisonner Toulon pour trahison. Les choses dégénèrent et l’épouse de Toulon meurt lors de l’intervention de la Gestapo.
Grâce à ses marionnettes, Toulon parvient à s’échapper, avec une seule idée en tête : la vengeance…

Malgré quelques couacs au niveau de la continuité de la saga et des événements historiques (Kraus parle des nombreuses pertes sur le Front de l’Est, mais l’Allemagne ne s’est engagé sur ce théâtre des opérations que dans la deuxième moitié de 1941…mais bon, on est dans une série B d’horreur, pas un film historique), Puppet Master 3 est un modèle de préquelle réussie. S’éloigner du décor unique des deux premiers films a fait du bien à une saga qui aurait pu vite s’enliser dans un rythme trop routinier.
Après William Hickey et Steve Wells, c’est au tour de Guy Rolfe d’interpréter André Toulon. Le vénérable comédien britannique spécialisé dans les interprétations de vilains trouvait ici le dernier rôle de sa carrière avec ce personnage ambivalent, capable d’une grande douceur mais absolument implacable lors de ses démonstrations de vengeance, qu’il incarnera à deux autres reprises dans Puppet Master 4 et 5.
À ses côtés, on retrouve l’inquiétant Richard Lynch (et sa tronche ravagée après s’être immolé lors d’un mauvais trip) dans le rôle du Major Kraus ainsi que Sarah Douglas (alias Ursa dans Superman 1 et 2) dans celui de la femme de Toulon et Walter Gotell (le général Gogol dans les Bond de Roger Moore).

David DeCoteau sait tirer partie de ses décors restreints et de son petit budget et livre un suspense prenant qui fait la part belle à des acteurs de genre solides et à des petits monstres toujours aussi efficaces. Le scénario ne manque pas de surprises et permet de découvrir une fois pour toutes le secret du fluide égyptien qui donne vie aux poupées. Dans la grande tradition des histoires d’origines, on assiste également à la création de deux membres importants de cette fine équipe de psychopathes miniatures, Blade et Leech Woman.
Chaque épisode est également l’occasion de mettre en scène une nouvelle marionnette. Ici, il s’agit du cow-boy Six Shooter, savoureuse représentation à six bras de l’icône américaine face au monstre nazi.

David DeCoteau assure l’essentiel derrière la caméra et David Allen et ses équipes démontrent une nouvelle fois leur talent dans ce très sympathique troisième film qui surpasse en qualité les précédents volets.

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