Au milieu de ses séries ambitieuses, Andreas réalise régulièrement des récits d’un seul tenant, aussi divers dans la technique employée que dans le sujet évoqué.
Avec Quintos, l’auteur évoque la guerre d’Espagne, et surtout les troupes internationales décidées à combattre le fascisme et préserver l’idéal républicain, qui se sont regroupées avec plus d’enthousiasme que de formation militaire à l’époque. On suit donc les survivants d’un petit escadron qui, après la destruction de leur camion et la mort de deux des leurs, doivent finir le chemin à pied jusqu’à la ville où ils sont attendus en tant que renforts. Le parcours met au jour les motivations de chacun (l’argent, la foi, l’idéal, la peur, la fuite…), et fonctionne en quelque sorte comme un huis clos au grand air.
Graphiquement, Andreas est faussement simple. S’il ne fait que peu d’effets vraiment frappant, il aligne une maîtrise de la bande assez épatante. Les successions de cases étroites (verticales ou horizontales) sont toujours pertinentes et riches en atmosphère. C’est Isabelle Cochet qui signe les couleurs, rompant avec d’autres expériences visuelles et participant à ce style faussement abordable.
Au final, le récit se conclut… sans se conclure. Bien entendu, la mission tourne mal pour nos volontaires, mais surtout, ils sont confrontés à l’échec, au vide, à l’absurde. Frappant.
Jim