[quote=« artemus dada »]
Je viens de terminer ce premier recueil, et pour ma part je n’ai pas eu de sensation de déséquilibre, au contraire j’ai trouvé que ce qui se dit est très utile, on est quand même en 4001 ; et si beaucoup d’informations passe par l’image, j’ai trouvé le texte ni chargé ni redondant. [/quote]
… disais-je précédemment.

…. **[size=150]E[/size]**n lisant le premier tome de la série Rai (#1 à 4), je ne m’étais pas rendu compte d’une utilisation si importante de récitatifs (et puisque je ne l’ai plus sous la main difficile de confirmer ou d’infirmer).
Je me souviens lorsque, quelques années après les avoir découvert, j’ai relu les premiers albums de Blake & Mortimer d’Edgar P. Jacobs, que les gros pavés de texte rendaient alors difficile ou plutôt laborieux, la lecture de leurs aventures.
Jacobs souvent, expliquait par le texte ce que sa mise en récit séquentielle faisait déjà très bien.
En ce qui concerne Rai, du moins les épisodes 5 à 8 (rassemblés sous le titre de La Chute) ce n’est pas tout à fait ça, même si au final l’ennui pointe aussi son vilain museau.
En effet, dans le cas de la série cyberpunk de l’éditeur Valiant c’est plus la pénurie de cases qui oblige – du moins c’est comme ça que je l’analyse – à expliquer par le texte (récitatifs) ce que les images ne montrent pas ; et pour causes il n’y en a pas assez.
Au demeurant, j’ai eu, en lisant ce deuxième tome, l’impression très tenace qu’on me racontait une histoire (ce qui est le cas par ailleurs), plutôt que de la vivre au travers des différents personnages (ce que je préfère, et de loin).
Si certaines parties d’un récit demandent parfois de passer par ce type de narration, j’ai trouvé pour le coup que l’utilisation, quasi systématique, d’une voix off si je puis dire, était assez pesante.
D’autant que tous les personnages (ou presque disons) se racontent leur vie aux uns et aux autres. C’est bien entendu un effet de texte en vue de les présenter aux lecteurs, mais la redondance de l’effet donne plus l’impression de lire des fiches personnages, qu’une bande dessinée.
Et pourtant il y a de l’idée derrière ces personnages.

Là où d’autres scénaristes utilisent les dialogues et l’action pour construire leurs protagonistes, Matt Kindt semble n’avoir que des récitatifs.
Et quand les personnages se mettent (enfin) à parler, j’ai eu la nette impression qu’ils le faisaient pour ne rien dire.
…. Du reste, alors qu’ils ne mollissent pas d’un poil, et que l’action occupe un bonne part du récit, ce que je retiens de ces 4 épisodes, c’est qu’il ne s’y passe paradoxalement, pas grand-chose. (Un comble !)
Autre point d’achoppement, Kindt & Crain inventent un antagoniste très très puissant, et surtout omniscient pour leur scénario, mais laissent pourtant la possibilité aux protagonistes de fomenter un coup d’éclat, sur des bases (bien trop simples) qui doivent plus au manque d’imagination des auteurs plutôt qu’aux Q.I. des héros. Et j’ai trouvé ça un peu trop flagrant.
…. **[size=150]B[/size]**ref, en définitive une lecture en demi-teinte et plutôt laborieuse, alors que cette série qui se déroule dans l’avenir, pourrait exploiter avec un peu plus de dynamisme et de courage le « méga-texte » S-F qui s’offre à elle, et en extrapoler de nouvelles combinaisons d’idées plutôt que de se reposer sur ce qui a déjà été fait ultérieurement.
Potentiellement cette série reste intéressante, mais Matt Kindt devra se secouer un peu plus (du moins pour que je continue).
Et si Clayton Crain invente une belle atmosphère à la série grâce à son travail sur la couleur (dont je suis très client), j’aimerais bien qu’il utilise aussi un peu le gaufrier de 9 cases.
Ce qui permettrait peut-être, à son scénariste, de réduire le nombre de ses récitatifs par planche, et ainsi donner un peu de dynamisme au scénario.
(À suivre … mais en V.O)