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Dernier recueil compilant la série Shadowpact, le tome intitulé « The Burning Age » assemble deux intrigues qui apportent chacune la conclusion à des fils rouges courant depuis le début des aventures du groupe.

En premier lieu, trois épisodes permettent de connaître le sort de Nightmaster, Nightshade et Ragman, perdus dans la dimension noire d’où la deuxième tire ses pouvoirs. Il devient très vite clair que la ville dans laquelle les héros se réfugient est Myrra, la capitale du monde où Jim Rook a eu ses pouvoirs. La ville est assiégée par les hordes des Unbound, sortes de zombies magiques dont les origines renvoient à la version vaudou du mort-vivant.

La menace des Unbound avait été annoncée dès la mini-série Day of Vengeance, signe que celle-ci avait été pensée en amont comme un tremplin. C’est Matt Sturges qui donne une conclusion à ce récit, en mêlant des notions de magie et d’informatique dans la tradition des idées tordues propres à la série.

Le premier volet de ce récit est illustré par Kieron Dwyer et, en grand fan de son travail, j’aurais beaucoup aimé qu’il se charge de la série entière. Ses personnages sont expressifs, son trait est simple et efficace, il va à l’économie mais se montre généreux en cases et en cadrages divers, avec de belles ombres pour les instants crépusculaires.

Parallèlement, bien entendu, le scénariste mélange plusieurs intrigues et nous laisse notamment suivre le parcours de Blue Devil, toujours à exécuter des travaux d’intérêt public pour le Vatican. L’ancien acteur reconverti en héros démoniaque retrouve Rex le Chien Prodige, à l’occasion de retrouvailles à la fois touchantes et ridicules, dans cet agréable mélange de drame et de comédie qui caractérise la série.

Cette intrigue est également l’occasion de réunir l’équipe, puisque l’Enchantress a retrouvé la trace de ses équipiers manquants. Aidée de Laura Fell, la Warlock’s Daughter, elle parvient à ouvrir un portail qui précipite cette moitié de l’équipe vers l’autre. Ces retrouvailles montrent, d’une certaine manière, l’équipe travailler à nouveau ensemble, ce qui n’était pas le cas depuis bien longtemps (et encore, Blue Devil n’est pas là). Et d’ailleurs, l’équipe ne revient pas au complet, puisque le Nightmaster décide de rester dans le monde de Myrra à la fin de l’épisode.

La dernière intrigue, qui couvre les épisodes 23 à 25, voit le plan du Doctor Gotham arriver à terme, puisque le Sun King est quasiment arrivé sur Terre. Il ne lui reste plus qu’à s’incarner, et il décide d’envahir le corps de son fidèle serviteur, comblé, récompensé, mais calciné.

Parallèlement, Blue Devil voit les procédures lancées par son avocat porter également leurs fruits, puisque Danny se retrouve dégagé du contrat signé par son frère. En revanche, la cour infernale exige qu’il restitue son trident et ses pouvoirs. Grâce à la justice des enfers, Blue Devil redevient humain.

C’est alors que survient le Phantom Stranger, annonciateur de mauvaises nouvelles (bon, lui, en général, quand il se pointe, c’est pas pour distribuer les numéros du loto du lendemain, hein…). Les dialogues expliquent qu’il surveille le Shadowpact depuis ses débuts, justification intra-diégétique à sa présence en première page, pour résumer l’action, dans un grand nombre d’épisodes précédents.

Les membres du Shadowpact se retrouvent donc confrontés à un Sun King incarné dans cette dimension et prêt à tout consumer. La parade du Phantom Stranger ? Assembler au moins deux autres Shadowpacts ! Ainsi, l’équipe de Metropolis en 1908 et celle de Gotham en 2108 viennent épauler celle du présent.

C’est classique, à la fois dans le thème (l’alliance des héros, donc certains ne sont que des variations sur des archétypes, ça fonctionne toujours…) et dans l’articulation des péripéties (comment attaquer un être qui se nourrit de toutes les formes d’énergie…). L’ampleur des enjeux, la largeur du casting et la force évocatrice des personnages nouveaux, tout cela a un côté un peu JLA version morrisonienne. En plus, la série a définitivement retrouvé l’énergie et l’élan de Day of Vengeance, tendance palpable depuis les deux précédents recueils, mais qui trouve toute son expression ici.

Dans le dernier épisode, Blue Devil se retrouve à nouveau confronté à ce frère démoniaque qu’il a découvert dans la série. Seulement équipé de son premier costume de démon, celui qu’il portait quand il a obtenu ses pouvoirs, et d’un trident de tournage, il l’affronte, espérant récupérer ses pouvoirs afin d’aider ses amis. Mais son frère ne lui laisse pas le choix : il faut le tuer. Ainsi, il devient le chef de famille, récupère les avantages du contrat infernal, sans risquer de perdre à nouveau son âme, puisqu’elle lui a été rendue légalement.

C’est donc une équipe entièrement reconstituée qui participe à l’assaut final contre la Sun King. Madame Prescott, membre du Shadowpact de 1908, parvient à rallier toutes les autres incarnations du groupe, de la préhistoire au lointain futur, dans une dernière bataille. Phil Winslade s’amuse avec cette vague de personnages, mais on pourra regretter que la pagination n’ait pas été plus grande afin de donner plus d’espace à certaines séquences.

La série se conclut sans précipitation, bouclant à peu près toutes ses intrigues (il reste encore l’histoire de cet homme en possession de plusieurs mots destructeurs et qui, jusqu’ici, est resté muet…) sans donner l’impression de couper dans la matière. Restent donc vingt-cinq épisodes divertissants, peuplés de personnages attachants et variés qui trouvent ici une place à leur taille, et qui ouvre la voie aux différentes incarnations de Justice League Dark, autre déclinaison du groupe magique.

Jim