RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Ainsi que le relève Francis Saint-Martin dans l’article de Scarce #49 qu’il consacre à Julius Schwartz, Strange Adventures #8, daté de mai 1951, revêt une importance historique énorme, puisqu’il est à l’origine d’une mode aussi saugrenue que durable.

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Sur la couverture dessinée par Win Mortimer, on voit un gorille en cage brandissant un tableau noir sur lequel il a rédigé un appel à l’aide. Le fascicule se vend nettement mieux que les numéros précédents, et Julius Schwartz, qui a la charge de renouveler l’exploit, mettra quelque temps avant de découvrir que le singe est la raison de ce succès. Comment a-t-il fait ? Un peu par hasard : il remarque que d’autres couvertures présentant des gorilles sont plébiscitées. Au milieu des années 1950, l’équipe éditoriale sait que les singes font vendre, et au pic de la popularité simiesque, la consigne est donnée de ne pas faire plus d’une couverture spéciale gorille par mois afin de ne pas émousser le potentiel vendeur de ces animaux !

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Bien entendu, cette spécialité locale infusera dans l’ADN de l’univers super-héroïque de l’éditeur, les gorilles qui parlent, qui volent, qui ont des pouvoirs ou une taille gigantesque finissant par envahir les illustrés consacrés aux super-héros. C’est à la redécouverte de quelques-uns de ces récits que nous invite le TPB DC Goes Ape, sorti en 2008 et préfacé par Mark Waid.

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Le sommaire s’ouvre sur deux histoires d’Otto Binder, la première parue dans Superboy #76 de 1959. Dessinée par George Papp, elle présente Beppo, le super-singe de Krypton, qui s’est glissé dans la fusée emportant le petit Kal-El, à l’insu de Jor-El. L’idée peut paraître saugrenue, mais comme le fait remarquer Mark Waid, d’une part il y a bien une dizaine d’idées aussi farfelues dans les parutions Superman du même mois, et d’autre part les Russes et les Américains envoyaient bien des animaux dans l’espace, alors pourquoi pas les Kryptoniens.

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L’autre histoire d’Otto Binder est dessinée par Wayne Boring pour Superman #138, de 1960. Il s’agit de la deuxième apparition de Titano, le gorille géant qui connaîtra quelques déclinaisons au fil du temps (jusqu’à un magnifique Annual par John Byrne et Ron Frenz).

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Une fois de plus, c’est Lois Lane qui sera la cause de la capture du colossal gorille : la belle a encore triomphé de la bête !

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Ensuite, un récit tiré de Flash #127, daté de mars 1962, où Grodd utilise ses pouvoirs mentaux afin de se faire aimer de tous, y compris du Bolide Écarlate.

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Là encore, un gorille en couverture !

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Et c’est encore le cas avec Detective Comics #339, en 1965, qui propose une scène surprenante : Batman soulevant un gorille à bout de bras et Robin l’avertissant que la ceinture d’explosif qu’il porte menace toute la ville.

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Gardner Fox et Carmine Infantino nous racontent les mésaventures d’un scientifique qui cherche à acquérir de nouvelles capacités. Mais en essayant d’obtenir la force d’un gorille, il fait en sorte que celui-ci développe une intelligence et des pouvoirs mentant qui lui permettent d’obliger l’humain à attaquer Batman.

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On remarquera que l’épisode se situe durant l’absence d’Alfred, censé être mort depuis le #328 et dont on apprendra, dans le #356, qu’il a été ressuscité mais que l’expérience a mal tourné, faisant de lui l’Outsider. Cela est rappelé dans la toute dernière case, où Batman propose au scientifique dévoyé de rejoindre l’Alfred Foundation for Scientific Achievement.

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C’est ensuite au tour de Hawkman de se frotter à des gorilles volants dans Hawkman #16, en 1966. Gardner Fox et Murphy Anderson livrent une histoire pleine de rebondissements, mêlant le retour des gorilles volants d’Illoral (croisés dans Hawkman #6) avec les manigances de Ruthvol, haut prêtre de la cité cachée de Quaranda, qui cherche un sacrifice afin de satisfaire son « dieu invisible ».

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Formidable encreur mais également excellent dessinateur, Murphy Anderson signe des pleines pages impressionnantes, et le scénario explore les complexités de la planète Illoral.

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En 1967, c’est au tour de Robert Kanigher et de Ross Andru de réfléchir à une histoire de gorille. Bien entendu, les singes de l’espace apparaissant dans l’épisode ont les honneurs de la couverture.

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L’histoire proprement dite se situe en deuxième partie, après un récit consacré au Doctor Psycho. Ici, Diana voit atterrir une soucoupe volante dont les occupants sont des gorilles. Leur chef désire capturer une Amazone pour son bon plaisir, mais la Princesse se rend compte que ce sont des gorilles mâles, et qu’il faut donc les chasser prestement de l’Île du Paradis, si l’on veut éviter que les Amazones perdent leur pouvoir.

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Le sommaire passe ensuite par la case Animal Man, avec un combat contre le Mod Gorilla Boss, orchestré par Jack Sparling sous une couverture de Carmine Infantino…

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… puis par la case Captain Marvel, à l’occasion d’un récit écrit par Elliot Maggin et illustré par Charles Clarence Beck, le co-créateur du personnage. Au moment de la reprise du personnage par DC en 1973, Beck a particulièrement apprécié les histoires de Maggin (contrairement aux premières, souvent écrites par Denny O’Neil).

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L’histoire est courte et dynamique, très élégante, et joue vraiment sur la polysémie de son titre : effectivement, Captain Marvel fait des singeries.

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Le gros morceau de ce recueil arrive avec la réédition de Detective Comics #482. Ce numéro contient un récit réalisé par Jim Starlin (encré ici par Craig Russell, et c’est magnifique) dans lequel Batman affronte un gorille blanc.

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En réalité, il s’agit de la deuxième partie d’un diptyque, débuté dans l’épisode précédent (un gros pavé au sommaire dense). Batman y a affronté Xavier Simon, un vieillard qui a fait la guerre avec son père, et qui cherche à se venger de ses anciens compagnons d’arme qui l’ont conduit en prison.

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L’épisode s’ouvre sur un résumé graphique, avant de passer à une double page saisissante où l’on retrouve Batman enchaîné, tandis qu’un gorille blanc lui jette un regard fou.

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En réalité, Xavier Simon, mourant, a découvert comment projeter son esprit dans un autre corps et envisage de se réincarner de cette manière dans le corps de Bruce Wayne.

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La narration de Starlin trouve un équilibre somptueux entre les bandes muettes d’atmosphère, où il s’arrête sur les réactions faciales du héros, et les séquences d’action où il donne libre court à son goût pour les anatomies tendues.

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L’encrage de Russell fait ressortir l’influence de Gil Kane tout en enrichissant les pages de motifs divers et de trames nuancées.

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Un petit bijou qui se conclut sur une entrevue entre Batman et Gordon devant la tombe de Xavier Simon. Ou plutôt les tombes, puisque le comploteur est d’une certaine manière mort deux fois.

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Le recueil se conclut sur deux récits d’époques différentes, un épisode des Super Friends par Ramona Fradon (le #30, daté de mars 1980), dans lequel Giganta, en réalité une gorille coincée dans un corps humain, s’allie à Grodd.

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Le scénario de Nelson Bridwell joue sur l’attirance des deux personnages, qui ne peuvent passer outre le problème de leur apparence : Grodd est attiré par Giganta mais n’arrive pas à dépasser son allure humaine, tandis que Giganta a bien conscience de ne pas être séduisante dans ce corps.

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Le dernier épisode est plus récent, puisqu’il s’agit de Flash #151, daté d’août 1999 et réalisé par Joe Casey et Duncan Rouleau.

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Sous une couverture du regretté Steve Lightle, les auteurs livrent un récit situé dans le passé (l’épisode est un fill-in au milieu de la seconde période Waid), où un jeune Wally West, alors Kid Flash, croise le chemin de… Montague. Un gorille appartenant au même peuple que Grodd, et que Wally aura pris pour son ennemi.

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Donnant l’occasion de découvrir des récits rarement réimprimés (à l’exemple de l’aventure d’Animal Man), DC Goes Ape est une petite friandise qui ravira les historiens, mais aussi les amateurs de curiosité, donnant à explorer un pan farfelu et sympathique de l’univers DC.

Reste plus qu’un TPB reprenant les Annuals de la saga « Gorilla Warfare », ça serait pas mal.

Jim