RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

En 1988, DC, alors en pleine ébullition puisque son univers a été refaçonné à la faveur de Crisis on Multiple Earths et que son écurie accueille des auteurs venus de chez Marvel bien décidé à rajeunir les personnages, fait feu de tout bois. Tous les ans, des projets de gros événements éditoriaux assemblant tous les héros sont mis en chantier. Peut-être trop, puisque cette année voit la publication de Millennium dès le début d’année… puis celle d’Invasion!

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Le principe d’Invasion! est assez simple : certaines grandes civilisations extraterrestres se liguent contre la Terre, dont la population super-héroïque représente une menace.

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Dès l’ouverture du récit, on découvre que les Dominators utilisent des Terriens en guise de cobayes afin de déterminer les conditions d’émergence de super-pouvoirs. Ils sont alliés aux Khunds. Déjà, ça présage de quelques difficultés, ces deux races étant notoirement néfastes.

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Le plan mis en branle intéresse de près diverses sociétés spatiales, ce qui permet, au fil des séquences, de retrouver les Omega Men, Hawkman ou Adam Strange. L’orientation cosmique du projet est évidente.

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Petit à petit, de nouveaux alliés extraterrestres viennent se greffer à l’association de base, certains simplement à titre d’observateurs, comme les Daxamites, qui sont intrigués par l’idée d’une réaction mutagène chez les Terriens.

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Le premier numéro d’Invasion! est presque entièrement constitué de séquences mettant en scène la mise en place du plan des envahisseurs, occasion pour les auteurs de faire un tour de la galaxie géopolitique et de mettre en évidence les relations entre les forces en présence. Ce n’est qu’au dernier quart que les extraterrestres arrivent sur Terre. Les Daxamites découvrent avec surprise que, sous l’effet du soleil jaune, ils disposent de pouvoirs comparables à ceux de Superman (rappelons que les Daxamites sont des « cousins » des Kryptoniens, les deux espèces ayant des ancêtres communs).

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Arrêtons-nous un instant sur le projet. La mini-série est constituée de trois gros numéros, de 80 pages chacun. À l’intérieur, l’histoire est découpée à chaque fois en quatre chapitres. Les comptes sont vite faits : on a en tout douze épisodes, distribués en trois livraisons. Tout cela ressemble à un projet prévu à l’origine sous la forme d’une mini-série à la Crisis, puis refaçonnée sous une autre forme. Dans quel but ? Lui donner une visibilité différente ? Tester un nouveau format ?

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Les auteurs sont intéressants : Keith Giffen se charge des découpages et de l’intrigue. Il a souvent expliqué qu’il dessine plus vite qu’il n’écrit, donc on imagine bien qu’il ait fourni aux dessinateurs des storyboards suffisamment clairs afin de les guider. Giffen n’est pas étranger au cosmique, et il aura un impact à l’occasion d’Annihilation chez Marvel, qui affiche beaucoup de points communs avec Invasion! : une armée que rien n’arrête, des luttes de territoire, des planètes spécialisées (ici, le Starlag dans lequel Adam Strange est emprisonné, qui connaîtra des déclinaisons chez Marvel).

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Si Giffen assure le découpage, c’est Bill Mantlo, à l’occasion d’une de ses rares infidélités à Marvel, qui fournit les dialogues. Il s’en sort plutôt bien, se montrant généreux en informations et en caractérisation. Le lecteur attentif, qui découvre cette histoire tardivement, pourra peut-être tiquer à la lecture de quelques bulles de pensée qui ne sont pas tout à fait en accord avec certains personnages (on pense à Maxwell Lord), mais à l’époque, Mantlo n’avait peut-être pas tout à fait les informations qu’il fallait. Les rapports entre Waller et Lord trouvent des occasions de se radoucir : le scénariste avait peut-être une vision plus « gentille » de ces deux animaux politiques.

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L’invasion débute donc à la fin de ce premier numéro. La lutte des super-héros se déroule dans le deuxième tome, dont la couverture est une référence à une célèbre photographie mettant en exergue l’esprit combatif (des Américains et des humains), un cliché célébrant la fin de la bataille d’Iwo Jima.

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Côté dessin, Todd McFarlane, qui a assuré les quatre chapitres du premier numéro, en dessine ici deux, cédant la place, à mi-parcours, d’abord à Keith Giffen pour les deux chapitres concluant la guerre, puis à Bart Sears, autre jeune premier de l’époque, qui se charge du troisième numéro.

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Le récit est dense et fait appel à de nombreuses séquences éclatées montrant des héros affrontant un aspect de la menace, chacun dans son coin, un procédé narratif éprouvé depuis Crisis on Infinite Earths.

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Dans le troisième numéro, les héros pensent avoir repoussé l’alliance extraterrestre, mais un déclencheur génétique a été actionné, de sorte que les super-héros de la Terre perdent peu à peu le contrôle de leurs pouvoirs avant de tomber malade.

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Les Terriens sont donc confrontés à un autre type de bataille et de compte à rebours. Là encore, le découpage et les dialogues font très bien leur office, pour une fin qu’on peut prévoir mais qui est assez amené. Le dessin de Bart Sears, où s’agitent des héros musculeux à la mâchoire crispée, correspond tout à fait aux enjeux.

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En 2008, DC publie un recueil de cette saga. Taquin, l’éditeur fait référence à la Secret Invasion qui enflamme la concurrence la même année, et rajoute en couverture un petit clin d’œil : « Secret No More! » Le recueil ne contient que les trois épais numéros de la mini-série, sans les différents tie-ins qu’on peut trouver dans certaines séries mensuelles. Mais l’ensemble se comprend assez bien sans avoir l’impression d’avoir loupé des événements. Occasion de redécouvrir une saga qui annonce bien d’autres récits aujourd’hui célèbres.

Jim

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