RÉÉDITIONS DC : TPBs, Hardcovers, Graphic Novels

Allez, autre relecture : parce que même si je connais ces épisodes, même si j’ai ces TPB depuis une vingtaine d’années, je n’ai pas su résister au plaisir et à l’impatience de relire la suite. Donc : Race Against Time !

On a donc laissé la famille Flash en plein suspense tandis qu’apparaît un inconnu en lieu et place de Wally, lui-même en balade dans la « Speed Force » après avoir vaincu Savitar.

L’épisode 112 fait un léger bond en avant et nous présente John Fox, le Flash du 27e siècle (en réalité, John Fox est apparu dans Flash Special #1, en 1990, un numéro anthologique présentant les aventures du Bolide à plusieurs périodes, ce qui permet de croiser Jay Garrick ou Barry Allen : Mark Waid et Mike Parobeck racontent sa première aventure, ce qui fait que le retour du personnage dans Flash #112 est une sorte de clin d’œil du scénariste à ses débuts de carrière). Venu rendre visite à Wally, personnage historique, il a subi une avarie et se retrouve coincé dans le « présent », le temps de réparer. Et en l’absence du tenant du titre, il défend la ville, en l’occurrence face à Chillblaine, un vilain mineur, et frigorifique, déjà aperçu dans des épisodes précédents (on apprendra qu’il s’agit à chaque fois d’un individu différent qui reprend le costume).

L’épisode est réalisé par un nouveau venu dans la série, Anthony Castrillo, qui officie dans un style fortement inspiré par celui de John Byrne et teinté d’influences manga (les grands yeux qu’il colle aux personnages). Quant à John Fox, il est de toute évidence une référence à John Broome et Gardner Fox, deux scénaristes ayant contribué à façonner Flash et les autres héros du Silver Age. D’ailleurs, à la fin de la saga, on apprendra que son deuxième prénom est Robert, ce qui inclue Kanigher, lié aux origines de Barry Allen, dans l’hommage.

À la fin de l’épisode, on comprend, avec Linda, que John Fox sait la vérité : Wally West n’est pas censé revenir, d’après les livres d’histoire. Et la dernière séquence montre Flash perdu dans ce qui semble être un avenir étrange et un futur improbable, où il serait une sorte de dieu vivant.

À partir de Flash #113, les épisodes sont réalisés à quatre mains, Castrillo se chargeant des aventures de John Fox dans le présent tandis qu’Oscar Jimenez s’occupe du périple de Wally West dans l’avenir. On découvre à cette occasion que le héros s’est retrouvé au 64e siècle (une période qu’il a déjà visitée et où il a libéré l’humanité d’une intelligence robotique despotique), où il est devenu une idole. Wally tente maladroitement de dispenser la sagesse que l’on attend de lui, avant d’utiliser la vitesse disponible afin de repartir vers le passé.

Dans le présent, Linda et John enquêtent sur les visées de Chillblaine, et se dessine petit à petit l’idée qu’une catastrophe est sur le point d’avenir, un fléau bien connu du visiteur du futur. Un autre mystère s’ajoute à l’intrigue : Iris West a disparu. Au début, les personnages ne s’inquiètent pas car elle a l’habitude de s’absenter sans prévenir, mais les auteurs insistent assez sur la situation pour qu’on devine anguille sous roche.

Dans Flash #114, Wally se retrouve au 30e siècle, ère de la Légion des Super-Héros mais aussi des Tornado Twins, les enfants de Barry Allen. Un futur raciste et xénophobe comme on l’a parfois vu, notamment avec Geoff Johns (il faudrait que je relise les épisodes de Waid pour savoir s’il a repris cette idée lui-même). D’abord accueilli froidement, il finit par profiter de leur vitesse pour repartir dans le passé.

Dans le même temps, on apprend qu’Iris est retenue par Doctor Polaris et un mystérieux allié, qui attendent d’elle qu’elle leur dévoile quelques secrets liés à sa connaissance de l’histoire. On constate également que l’enquête rapproche Linda et John, la première s’appuyant sur le second afin de ne pas penser à l’absence de Wally.

Graphiquement, force est de constater que les planches de Jimenez l’emportent largement sur celles de Castrillo. Les choses changent dans Flash #115 où un autre dessinateur de la génération montante remplace Castrillo : Jim Cheung. À l’époque, il reprend quelques codes chers à Jim Lee tout en incluant une influence manga assez agréable.

Le scénario prend un tournant, également : le lecteur commence à saisir la raison pour laquelle Wally semble parfois hésiter à retrouver le prénom de Linda : celle-ci est l’ancre qui relie Wally à son présent, à son monde. Le point de repère, c’est l’amour. Or, justement, Linda est perdue et s’accroche aux sentiments que John éprouve pour elle. Cette révélation commence à apparaître alors que Wally est coincé au 27e siècle, la période de John Fox.

Et bien entendu, le baiser échangé entre Linda et John est le déclencheur de la catastrophe. Waid a déjà envoyé son héros plusieurs fois au loin, ce dernier parvenant à revenir grâce à l’amour de Linda, il était donc logique de tester ce qui arriverait si la situation était perturbée.

En toute logique, l’épisode suivant est consacré à Linda et John, qui remontent la piste du projet auquel sont associés Chillblaine, Doctor Polaris et Kadabra. Le baiser fatidique fait que Wally est absent de ce chapitre, entièrement dessiné par Oscar Jimenez.

Dans cet épisode, Linda, qui se remet de ses émotions, comprend son erreur et repousse John. La scène est accompagnée d’éclairs qui sont autant de promesses du retour de Wally, mais il ne revient pas : et Linda se retrouve congelée, véritable statue de glace.

Wally revient dans Flash #117, entièrement dessiné par Jim Cheung, dont on peut regretter qu’il ne soit pas resté plus longtemps sur la série tant sa proposition semble aller dans le sens désiré par l’équipe (qui vient de changer : Brian Augustyn a cédé la place à Paul Kupperberg au poste de responsable éditorial dans l’épisode précédent).

L’épisode est une véritable course contre la montre afin d’empêcher l’ère glaciaire projetée par les super-vilains, Wally libère Iris, mais hélas, Linda est toujours coincée dans sa gangue de glace. Le dernier chapitre de la saga, dans Flash #118, est dessiné par Sergio Cariello, dans un style à la fois intéressant et maladroit, mais avec des personnages agréables et expressifs.

Après avoir aidé John Fox à échapper à Speed Metal, une police robotique venue de son époque, Wally transfère sa vitesse à Linda qui dégèle, et le couple est réuni.

La série, à ce moment, même si elle connaît un beau pic d’intensité, manque de cohésion graphique. La saga est très chouette mais la valse des dessinateurs se fait sentir, plus que précédemment. Le nouveau responsable éditorial, Paul Kupperberg, résoudra le problème en faisant venir un nouvel illustrateur, Paul Ryan, dès Flash #119. C’est également lui qui invitera par la suite Grant Morrison et Mark Millar, à partir de Flash #130, pour quelques épisodes de haute volée et pleins d’imagination, assurant l’intérim pour Waid et Augustyn qui reviendra dans Flash #142. La série est toujours bien écrite mais la période, coincée entre « Terminal Velocity » et l’arrivée de Morrison et Millar, semble un peu oubliée, ce qui est dommage.

John Fox sera un peu oublié également, même s’il fera une brève apparition à la fin de la période Williamson, le scénariste s’inspirant fortement de la prestation de Waid afin de redonner à Flash son lustre d’antan, esquinté depuis les nioufiftitou. Quand à cette période, elle se caractérisera, rétrospectivement, par une énergie, une vitesse et un enthousiasme qu’on aimerait voir plus souvent dans les comics de super-héros. Et aussi, par un sourire optimiste.

Jim

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