RÉÉDITIONS IMAGE : TPBs, Compendium, Deluxe Edition

Me suis planté c’est à partir du 139 que le reste de la série est compilée. Les coûts de productions ( avec entre autre le scannage ) avait été cité par delcourt comme raison ( avec des faibles ventes ) pour ne pas publier la suite. C’est vraiment dommage car elle est très bien cette série. J’ai fini le volume 2 ce matin, larsen s’éclate à parodier atlantis attack c’est bien fendard.

En avançant, un des grands plaisirs de Savage Dragon, c’est de voir les personnages évoluer en « temps réel ». On se demandera toujours ce qu’il en serait allé de DC et Marvel s’ils n’avaient pas décidé de plonger leurs personnages dans un bocal de formole.

[size=85]C’est d’ailleurs ce que je ferais, si j’étais éditeur, plutôt que de relancer une énième version des Ultimates, créer une collection qui reprendrait à un tournant spécifique (probablement les années 70) avec des auteurs chevronnés et connaisseurs (Peter David, Kurt Busiek, Mark Waid, Dan Slott, etc.), et de les laisser vraiment faire avancer leurs séries sur plusieurs générations avec de vrais décisions, de vrais conséquences, de vrais morts.
Pas en tant que futur hypothétique et immédiat (MC2) mais comme une suite logique. Tony Stark et Steve Rogers ne seraient plus que des lointains conseillés des Vengeurs, en retraite. Jim Rhodes aurait continué sa carrière d’Iron Man. And so on…[/size]

Bon j’ai réussi a mettre la main sur quelques comic books que j’avais mis en carton suite à mon dernier déménagement dont celui-ci.

C’est le trade paperback d’Image, fort bien fait : papier mat, belle impression et ça regroupe les 6 premiers numéros de la série American Flagg!.
Une série dont j’ai beaucoup entendu de bien, dont j’ai lu quelques numéros de manière éparse, au nombre limité et de façon très dilatée dans le temps, et que l’on cite moins que **Watchmen ** ou The DKR de **Miller ** et pourtant, paru au début des années 80, elle mérite d’être citée à part égale avec les deux autres (du moins de ce que j’en ai lu pour l’instant).

Je suis même un peu étonné pour ne pas dire franchement désappointé, qu’aucun éditeur hexagonal n’ait eu l’envie de parier dessus et de la proposer sur le marché français.
D’autant que le sujet et la partie graphique sont tout à fait actuels, Howard Chaykin est au mieux de sa forme artistique & intellectuelle, me semble-t-il.
Et quant à la narration, c’est très sophistiqué & innovant, ces épisodes n’ont pas à rougir, loin s’en faut, de ce qui est proposé de nos jours.

Je dirais, de manière concise et peut-être un peu abrupte, que dans American Flagg! il y a le fond et la forme (et l’inverse). :wink:

Or donc, je viens en reparler dès que j’ai terminé (et que j’ai un moment) mais que cela ne vous empêche pas de venir en discuter si d’aventure vous avez déjà lu cette série. :slight_smile:

Je sais qu’il y a des éditeurs (au sens premier : le boss d’une boîte d’édition) qui n’aiment pas Chaykin. Chez l’un d’entre eux, c’est d’ailleurs assez incompréhensible vu certains autres choix éditoriaux, mais bon.
Tout le monde n’a pas les goûts de Fershid Baruscha. Et tant mieux : si c’était le cas, on n’aurait pas de Kirby.
Qui plus est, il me semble savoir que le Black Kiss de Chaykin, qui a enfin trouvé le chemin de la France grâce à Thierry Mornet chez Delcourt il y a quelques années… n’a pas tellement vendu. Ce qui entrave d’emblée d’autres tentatives.
Hélas : comme toi, je considère Chaykin et sa production (**American Flagg! **au premier chef, mais que dire de Time2 !!!) comme essentiels dans l’histoire de la bande dessinée américaine.

Et donc, as-tu pu finir ta lecture ? Et en parler sur le forum ? Peut-être ailleurs ?

Jim

j ai essayé il y a longtemps car Laurent queyssi me pretait ce qu il achetait (les 1er TP qui ressemblait à des GN)quand on était ado : j ai pas accroché…
j aimerais parfois retenter mais en VF…
J en discutais avec lui et comme toi il m a dit que c etait pas prés de se faire…

on est plusieurs (Laurent, Jim, moi) à avoir fait le forcing auprès de divers éditeurs pour que ça se fasse. on n’a jamais réussi.

J’y travaille. :slight_smile:

Cela dit j’apprécierais beaucoup de lire vos commentaires respectifs sur cette série (mais je ne crois pas que Laurent soit inscrit ici ?)

Faudrait presque un projet type Ulule pour savoir si ça pourrait intéresser !

Alors comme ça, sans replonger le nez dedans, mais seulement en faisant fonctionner ma mémoire, je dirais que les qualités d’American Flagg! sont, en vrac et de manière non exhaustive :

  • une narration déstructurée avec plein de fils qui se croisent.
  • une vision de l’avenir assez prophétique (ok, ça date des années 1980, et Chaykin n’a pas flairé l’effondrement du bloc soviétique, mais ça, je crois que personne ne l’avait flairé… mais pour le reste, il tape super juste), avec notamment la privatisation de plein de choses, y compris la sécurité.
  • un coup de génie dans la construction du personnage : c’est un ancien acteur mis au chômage par les clones numériques qui jouent aussi bien (ou mal) que lui et coûtent moins cher.
  • une galerie de personnages incroyables.
  • un dessin formidable.
  • un ton caustique, qui annonce l’ironie acide et la caricature cinglante du Give Me Liberty de Miller et Gibbons, sauf que Chaykin a plus de place.
  • des effets de style incroyable, un sens de l’ellipse percutant, une gestion du lettrage étourdissante (Bruzenak).
  • une liberté de ton qui ouvre la voix à plein de choses qui, aujourd’hui, sont réputées pour avoir changé la face de la BD américaine.

Bref, c’est extrêmement bon.

Jim

La collection « Signature » chez l’éditeur WildStorm a accueilli différentes séries dont les droits appartenaient aux auteurs, au milieu des années 2000, témoignant ainsi du dynamisme d’une structure éditoriale qui, en dépit du rachat par DC, continuait alors à proposer une offre parmi les plus intéressantes de l’époque. Qu’on en juge : au mois de juillet 2005, à la sortie du premier numéro de Matador, on pouvait trouver Authority: Revolution #8 (Brubaker), Majestic #5, Planetary #23, Sleeper Season 2 #12, Ex Machina #11, le premier Desolation Jones de Warren Ellis, le deuxième City of Tomorrow de Howard Chaykin, Legend #4 ou The Twilight Experiment #4. Et quand on regarde l’ours, on s’aperçoit que Paul Levitz et Scott Dunbier sont encore en place et que Dan Didio n’a pas encore pointé le bout de son museau. Je dis ça, je dis rien…

C’est dans ce cadre de prospérité éditoriale que paraît Matador #1, un nouveau polar signé Devin Grayson et Brian Stelfreeze. Les six épisodes paraîtront chez WildStorm, puis seront réédités chez Image en 2019, le temps pour les auteurs de récupérer les droits de leur série. Signe également que le label créé par Jim Lee a, entre-temps, cessé d’être un havre fertile pour les créateurs.

Le récit suit l’enquêtrice Isabel Cardona, qui recueille des témoignages sur une fusillade ayant eu lieu dans un hôtel de luxe de Miami. Rapidement, elle est convaincu que le mystérieux tireur, que les témoins affublent de pouvoirs paranormaux, est lié à d’autres morts violentes, et elle pense qu’il s’agit du fameux tueur entouré d’une légende diffuse : El Matador. À la fin du premier épisode, elle fait sa rencontre. Et n’arrive pas à expliquer pourquoi il parvient à lui faire lâcher son arme sans qu’elle résiste.

Le début de la série fait le portrait d’une policière célibataire, séduite par le procureur au physique avantageux, visiblement en quête d’amour et objet des moqueries de sa famille, dont son père, qui exprime avec humour mais insistance son désir de petits-enfants. Mais bien entendu, on se doute que la solitude de l’enquêtrice n’est pas la seule explication du trouble qu’elle ressent face à l’assassin, qu’elle a vu danser et sauter tout en abattant ses victimes.

Lesdites victimes sont des bandits affiliés à différentes familles mafieuses qui se livrent une concurrence acharnée dans le trafic de drogue en Floride. El Matador passe donc, dans un premier temps, pour un justicier (et Brian Stelfreeze le traite comme tel, sorte de dandy élégant sur qui la pesanteur n’a pas de prise, à mi-chemin entre Batman et le Neo de Matrix), même si les autorités policières s’acharnent à ne voir en lui qu’un flingueur. À mesure que Cardona subit la procédure disciplinaire autour de l’usage de son arme, l’enquête avance et l’inspectrice découvre qu’une partie de la police est liée au trafic.

L’élément inexplicable, au milieu des indices qu’elle rassemble, c’est la raison pour laquelle El Matador la sauve d’une voiture piégée. Cardona est donc sur la liste des cibles à abattre, mais par qui ? La mafia ? La police ? Le comportement du tueur, obstinément muet, ne cesse de la surprendre : il semble être imperméable au monde qui l’entoure, comme s’il ne comprenait pas ce qui se déroule autour de lui, comme s’il était détaché de la réalité.

Les explications arriveront au dernier épisode : le comportement d’El Matador, son but réel, sa méthode en vue de sélectionner ses cibles, ses commanditaires et la raison pour laquelle il choisit de s’associer à Cardona. Les auteurs ont choisi de laisser respirer les scènes d’action en s’interdisant de les commenter, ce qui donne de nombreuses séquences muettes dans le recueil. L’ensemble se lit donc vite, mais crée une atmosphère de mystère un peu artificielle, d’autant que les planches consacrées aux fusillades sont ornées de partition de musique, transcription des airs que le tueur fredonne en pleine action.

Il manque un peu d’explication, un peu de matière, à un récit pour lequel les auteurs ont sans doute trop misé sur la suggestion et le non-dit. Cela contribue au mystère lié à l’assassin, qui a besoin de rester inaccessible au lecteur, mais tout de même, c’est déstabilisant et le recueil demande une seconde lecture afin de retrouver les équilibres narratifs et de se laisser bercer sans ressentir de manque. Reste le dessin de Stelfreeze, stylisé, élégant, raffiné, à l’image du personnage titre, avec de belles astuces de découpage et une atmosphère forte.

Jim

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Jim

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Davis est un américain travaillant au Japon. Un soir qu’il sort en boîte avec un collègue, il rencontre une charmante Japonaise qui l’emmène dehors… quand soudain une femme à moto arrive et décapite d’un coup de sabre l’entreprenante nipponne.

C’est ainsi que commence Shinku, une série écrite par le prolifique et souvent très lisible Ron Marz, et illustrée par le mésestimé Lee Moder. Le tandem d’auteurs ne tarde pas à donner des informations : Shinku lutte contre des gangs de vampires régnant sur le pays, héritière en cela d’une longue tradition remontant à plusieurs siècles. Elle est aidée dans sa mission par Oshima, un sumo que la justicière a sauvé des crocs de ces suceurs de sang.

La suite est assez simple : Shinku met à profit les connaissances scientifiques de Davis (qui est immunologiste, donc versé dans l’étude du sang) et l’improbable trio se lance dans une nouvelle phase de la guerre contre les vampires. Le déroulement est sans grande originalité mais parfaitement maîtrisé. L’héroïne finit par être en danger et ses deux alliés de fortune viennent la secourir au moment opportun.

On a droit aux fusillades, aux bagarres de sabre, aux cabrioles dignes du cinéma de Hong-Kong, à la blessure fatidique, à la transfusion tragique, à la victoire pas définitive… Mais tout cela roule très bien, avec une belle mise en scène de Moder et un sens du suspense et du cliffhanger évident.

Ce qui n’est pas définitif non plus, c’est la série. J’ai le recueil, dûment numéroté 1, mais il n’a pas de suite. Et après renseignement, la série n’a en effet pas dépassé son premier arc, soit cinq numéros. Qui closent l’histoire initiale mais appellent bien évidemment une suite. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, on peut se consoler en savourant les bonus du TPB, qui mêlent illustrations et recherches graphiques.

Jim

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Body Bags est une série de Jason Pearson sortie en 1996 chez Dark Horse sous l’excellent mais éphémère label « Blanc Noir ». Les quatre numéros, sous des couvertures de Michael Golden, ont attiré l’attention du public et de la critique, et Pearson est revenu à sa famille de héros homicides à plusieurs reprises durant les années suivantes, à l’occasion de quelques récits à pagination variable.

Au milieu des années 2000, c’est l’éditeur Image qui accueille la série avec une réédition en deux fascicules (au lieu de quatre initialement) de la mini-série principale, puis la publication de deux autres spéciaux, The Hard Way et One Shot. En 2012, l’éditeur reprend l’ensemble du corpus en deux recueils, le premier contenant la mini-série d’origine, sous-titrée « Father’s Day », et le second compilant l’ensemble des histoires indépendantes, y compris les récits publiés précédemment chez Dark Horse.

Le principe est simple : Mack Delgado, surnommé Clownface à cause du masque qu’il porte tout le temps, officie comme chasseur de primes / tueur à gages dans la ville de Georgia. Un jour, il reçoit la visite de sa fille, Panda, une gamine vulgaire à forte poitrine et vilain caractère, qui décide d’accompagner son géniteur dans ses missions. Elle est aussi enthousiaste que maladroite et n’éprouve aucune pitié pour personne. Le tandem, on s’en doute, laisse des cadavres sur son passage.

La première mini-série a été traduite dans un Planète Comics chez Semic avant d’avoir droit aux honneurs d’un album chez Delcourt. Malade, Pearson abandonne l’idée d’une deuxième mini-série en six épisodes, mais finira par revenir à son tandem d’assassin au milieu des années 2000, avec des numéros spéciaux qui lui demandent moins d’énergie.

One Shot, daté de novembre 2008, raconte une mission d’infiltration qui tourne mal, avec, se mêlant à l’intrigue, une émission télévisée, un crâne d’extraterrestre dans un bocal, un acteur devenu militant terroriste et plein d’autres âneries concourant à un vaste carnage.

Le style est encore riche en ombres, avec l’éternelle influence de Michael Golden qui se fait sentir sur les explosions, les fumées et les éclairages. Les engueulades entre le père et la fille sont toujours rigolotes.

The Hard Way, daté de février 2006, donc pourtant sorti avant, témoigne d’une évolution dans le style de Pearson (raison pour laquelle, peut-être, il est placé après dans le tome 2 de la compilation). Les ombres sont moins nombreuses, les aplats noirs sont moins fréquents, même l’encrage des visages est épuré.

Entièrement consacré à Panda, le récit voit la jeune femme nettoyer la voiture de son père et discuter avec le détective Kurgle, à qui Pearson dessine la tronche de l’acteur Walton Goggins. Bien entendu, ça se passe assez mal pour le poseur de questions, on s’en doute.

L’ordre des histoires est sans doute revisité par rapport à la chronologie des publications d’origine afin de présenter les personnages annexes de manière fluide et progressive. C’est ainsi que One Shot est suivi de Well, it’s about time!, un récit court publié dans le recueil Dark Horse Maverick, et où l’on croise la Sheriff Sinn, qui utilise les services de Mack et Panda afin de retrouver des délinquants (ce qui lui crée plus d’ennuis que ça n’en résout, souvent).

Enfin, le recueil se conclut sur World Destroyer, publié précédemment dans Dark Horse Presents Annual 1997, un récit publié à l’origine en noir & blanc et dans lequel Pearson inaugure son style au trait, que je trouve moins séduisant que ses planches à l’encrage plus riche. On y suit le tandem tenter de récupérer une prime : et bien entendu, les négociations ne se déroulent pas comme prévu.

Avec ces deux tomes, le cuieux peut retrouver l’ensemble des travaux de Jason Pearson, auteur aujourd’hui décédé. Pour le lecteur, c’est l’occasion de découvrir une série irrévérencieuse, gratuitement violente et complètement, et sincèrement, politiquement incorrecte. Pearson se moque de tout, confère à ses personnages des accents outranciers et un vocabulaire grossier propre à choquer les bien-pensants. Réjouissant.

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Jason Pearson qui est mlaheureusement décédé. Et qui à arnaquer beaucoup de ses fans en ne faisant jamais le body bags prévu en participatifs. Plus de 6 ans d’attente, puis décès, merci à lui.

Il a pas eu la chance d’un Frank Miller que l’on donnait pour mort y’a quelques années. Est-ce ce que effectivement il savait qu’il ne finirait jamais le book ? Je ne sais pas, mais je peux pas lui en vouloir d’avoir eu des projets alors qu’il avait des problèmes cardiaque

C’était avant ses problèmes cardiaques et ça n’a pas été évoqué comme une raison de ne pas avoir fait le bouquin et il aurait pu rembourser dans ce cas là.

J’ai des problèmes cardiaques et je fais des projets je bosse et tout, là c’est du vol.

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Sachant que la deuxième mini-série a été décalée longtemps à cause de son état de santé, je pense qu’il était au courant depuis longtemps. Et que ça l’a freiné considérablement, au point qu’il ait mis cette seconde mini à la poubelle et privilégié des récits plus courts.

T’énerve pas : pense à ton cœur !

Jim