RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

L’autre grande surprise que nous réserve la série Punisher War Zone entre deux cross-overs, c’est une nouvelle aventure de Frank Castle, une fois de plus écrite par Chuck Dixon, mais cette fois-ci dessinée par le grand Joe Kubert !

Ainsi, la série aligne deux dessinateurs légendaires, sur une formule qui aurait pu durer, mais qui aura le mérite de nous permettre de voir deux talents colossaux se pencher sur un des personnages les plus usés de l’époque : un bol d’air rafraîchissant. Qui plus est, cette fois, le dessinateur des pages intérieures se charge également des couvertures, ce qui rajoute au plaisir.

Donc l’action commence dans Punisher War Zone #31, daté de septembre 1994. L’action débute dans les passages montagneux de l’Hindou Kouch, où un convoi que l’on identifie comme appartenant à des trafiquants de drogue est violemment pris d’assaut par un homme seul, que l’on ne voit pas (et que l’on imagine, à cause de la voix off, être le Punisher).

Or, il n’en est rien : en fait, Castle, qui est sur la piste de narcotrafiquants, croise le chemin d’un homologue russe, un certain Dragunov, dont les méthodes sont au diapason : expéditives. Qui plus est, c’est un colosse, ce qui donne à Kubert l’occasion de dessiner un combattant qui impressionne même notre héros.

Faisant front commun face à des mafieux ligués contre eux, Castle et Dragunov défourraillent.

Après une première grosse scène d’action, les deux justiciers se séparent. On apprend que Dragonov poursuit de ses assiduités vengeresses un certain Vikady, qu’il traque depuis Kaboul, car les deux hommes ont un passé commun en Afghanistan… commun, et douloureux. Or, Vikady est une sorte de malfaiteur aventurier, qui tente de tirer un profit substantiel et rapide de malversations en tout genre. Et si Dragunov parvient à déjouer ses plans, sa cible lui échappe depuis trop longtemps.

Cela dit, la rencontre a donné à réfléchir à Castle, qui part enquêter dans les quartiers russes. Ici, Dixon reprend le thème de l’infiltration, comme dans le récit précédent. Et une fois de plus, ça tourne mal.

Le troisième épisode marque la réunion des deux justiciers, ce qui permet à Frank d’échapper à une opération improvisée de la rotule. Une fois de plus, Vikady leur échappe, et les deux alliés décident de se rendre à Moscou. Et comme dirait Napoléon, c’est là que ça se corse.

En effet, les deux enquêteurs découvrent que le nouveau plan de Vikady consiste à récupérer du matériel nucléaire issu du désarmement soviétique, afin de le vendre au plus offrant. Bien entendu, leur cible leur échappe à nouveau.

Les deux derniers épisodes de « River of Blood » se déroulent à Sarajevo, durant la guerre, une situation historique que Kubert connaît bien puisqu’il a fait partie, avec d’autres auteurs, de ceux à qui leur agent Ervin Rustemajic faisait parvenir des fax afin de donner des nouvelles (ce qui vaudra au dessinateur du Sergent Rock de réaliser l’album Fax From Sarajevo).

Dans cette ambiance de guerre et de destruction, on retrouve la tonalité de certains des meilleurs épisodes de Sgt Rock. Dixon parvient à brosser le désespoir, la colère, la haine, et finalement le vide qui animent les combattants, faisant écho à certains récits qu’on pourrait presque qualifier d’anti-militaristes, que Kanigher et Kubert avaient signés en leur temps. Et une fois de plus, le scénariste parvient à caractériser son héros psychopathe en creux, notamment en laissant le lecteur comparer la voix off et les opinions des personnages (dont Micro), et ainsi de montrer à quel point Castle est difficile à comprendre, même pour ceux qui lui sont proches.

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Très chouette récit, qui dépasse et de loin le seul plaisir de retrouver Joe Kubert sur une bonne grosse série d’action, « River of Blood » est compilé dans un recueil qui a aujourd’hui une dizaine d’années (donc peut-être difficile à trouver).

Jim

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