RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Je viens de le relire, ce vieux TPB de 1992.

Très sympa.
Mais très nineties, hein !
Des grandes cases pleines d’effets de vitesse, des explosions, des bastons. En soi, assez peu de violence, celle-ci s’exerçant sur les décors, les vaisseaux spatiaux, ou des personnages dont on se doute qu’ils vont bientôt s’en remettre (« après s’être tirés de ce mauvais, nos héros… »).

L’écriture est bizarrement décompressée (avant l’heure), il ne se passe pas grand-chose mais ça demeure assez bavard, Marvel way. Les notes d’humour sont nombreuses (notamment dans les crédits), et Valentino recourt à d’étranges ellipses, rattrapant le non-dit dans les dialogues. Bref, ça crée des changements de vitesses assez étonnants.

Mais c’est pas mal. Sur un pitch basique (Vance Astro se met en tête de retrouver le bouclier de Captain America, sans doute pour la force symbolique de l’objet), les six premiers épisodes présentent une grosse baston sur une planète étrangère qui vient de subir les assauts d’un groupe de criminels cosmiques appelé « Force » (quatre épisodes), puis les duels successifs des différents Gardiens contre les membres de Force (deux épisodes). C’est un peu déséquilibré, et Valentino utilise la structure déjà vue depuis des décennies, utilisée bien souvent dans les tournois orchestrés par le Grand Master (vous vous souvenez de différents épisodes de Defenders ou du Tournoi des Champions) et mise au point dans les premiers Justice League of America des années 1960 (allez lire la réédition de vieux épisodes dans le Forever Evil d’Urban, si vous ne voyez pas de quoi je parle). Ça donne à ce combat une touche désuète, qui fonctionne assez bien dans la machinerie générale, vaste hommage à l’univers Marvel version Stan Lee. C’est rétro, quoi.

Un comble pour une série qui se passe dans le lointain futur. Mais justement, la lecture de ce TPB conforte l’impression que j’avais de la série au feuilletage des quelques épisodes que j’avais : l’un des centres d’intérêt de la série est d’observer comment cet univers du futur se remplit petit à petit (dans ces cinq épisodes, les Gardiens accueillent deux nouveaux membres, versions futures de deux héros du « présent »), et comment cet univers du futur paie les pots cassés du « présent » (on sait déjà que le monde des Gardiens se situe après la guerre contre les Martiens dans laquelle Killraven devient célèbre) : Valentino explique l’émergence d’une civilisation belliqueuse et technologique en la rattachant à un personnage célèbre de l’univers normal.

Bref, c’est très sympa. Absolument pas génial, pas formidablement dessiné (mais Valentino fait son boulot), mais assez enlevé, avec de bons dialogues, des personnages bien tenus, une dynamique de groupe vivace. Valentino reprend dans les pas de Gerber et Stern, mais il développe les personnages sans les dénaturer. C’est plutôt pas mal. Et il semble bien s’amuser dans son bac à sable personnel. C’est sans doute cela, aussi, qui a conquis un public fidèle, à l’époque.

Jim