RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

On en parlait l’année dernière, la réédition de la dernière grande période de Bill Mantlo sur la série Hulk a connu un troisième gros tome, qui conclut son run mémorable par sa longueur et par ses apports.

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Mantlo fait partie, comme Len Wein (ou d’une certaine manière Gerry Conway) de ces auteurs qui font avancer la série mais qui rangent les jouets avant de partir. On pourrait reprendre une expression qui avait, je crois, été popularisée par Jean-Paul Jennequin en son temps, et qui définissait le travail de ces auteurs comme une « évolution en trompe-l’œil ». Tout gigote, mais rien ne bouge. « Il faut que tout change pour que rien ne change », comme il est dit dans le Guépard de Lampeduza. C’est un peu vrai de Mantlo : quand il quitte la série (reprise par John Byrne pour quelques courts numéros pas réellement convaincants), Hulk est redevenu une bête idiote, un crétin musclé au babil enfantin et parano, un peu comme dans les premières années de sa remuante carrière.

Cependant, Mantlo a apporté plein d’idées, de concepts et de personnages. Kate Waynesboro a pris une importance énorme auprès de Banner. Mantlo s’amuse avec les pouvoirs, d’autres personnages écopant de la malédiction de Banner ou de ses problèmes et travers. Enfin, ce dernier est parvenu à contrôler son monstre intérieur, mais alors que son contrôle s’effrite et qu’il se retourne contre ses anciens alliés, il est éjecté dans une dimension lointaine sous le prétexte de protéger la Terre des ravages qu’il pourrait commettre (si ça ne rappelle pas par anticipation Planète Hulk, hein…).

C’est là qu’on retrouve le Titan de Jade, coincé dans une dimension dont l’aspect évoque fortement les mondes mystiques qu’explorait le Doctor Strange de Ditko. Dans ce carrefour dimensionnel (avec la métaphore de la croisée des chemins chères au Warlock de Starlin), Hulk rencontre différentes créatures qui sont autant de métaphores de ses états mentaux. Cette longue saga située « ailleurs » est en fait le tremplin sur lequel Peter David prendra appui pour sa reprise de la série (et notamment le formidable épisode #377, numéro dont je recommande la lecture à tout le monde). Dans ces épisodes, Mantlo explore les troubles psychologiques de Banner, mais également son passé et les liens conflictuels avec son père. Les flash-back du premier film, celui d’Ang Lee, viennent de là. Moment donc important que cette période, qui méritait une réédition de longue date.

Question dessin, Sal Buscema signe ses derniers épisodes de la série, toujours servi par l’encrage rond et torturé de Gerry Talaoc (formidable dessinateur philippin qui avait déjà réalisé des épisodes d’Unknown Soldier pour DC, qui écrase un peu les dessinateurs qu’il encre, mais qui assure à la série une sacrée patte…). Après le depart de Sal, c’est Mike Mignola (encore débutant) et Bret Blevins qui assure l’intérim, et c’est de haute volée, graphiquement.

Personnellement, j’avais leurs épisodes, mais pas ceux de Sal Buscema. Je me suis donc replongé avec gourmandise dans cette période, afin de saisir tous les détails, et c’est vraiment un boulot de grande qualité, qui mérite qu’on la redécouvre.
N"hésitez pas.

Jim