Ulysses Bloodstone est un personnage particulier dans l’univers Marvel : créé dans Marvel Presents, développé dans les pages noir & blanc du magazine Rampaging Hulk, il meurt dans ses propres aventures avant d’être évoqué et récupéré au fil de différents récits (dont la très sympathique saga « The Bloodstone Hunt » dans les Captain America de Gruenwald et Dwyer).
Durablement mort, il a donné naissance à une fille, Elsa, inventée par Abnett et Lanning, a fait quelques apparitions dans des histoires situées dans le passé, et nourri un petit coin de ce monde de fiction, empruntant aux grands monstres et aux héros de pulps.
Ce chasseur de monstres aura droit à un album à son nom chez Artima, qui reprend quelques épisodes de ses aventures noir & blanc tirées de Rampaging Hulk. Même pas la totalité. Et ses deux premières aventures, dans Marvel Presents #1 et 2, demeurent à ma connaissance inédites.
Ces deux chapitres sont dessinés par Mike Vosburg et Pat Boyette pour le premier, et Sonny Trinidad pour le second. La valse des dessinateurs continue dans Rampaging Hulk, puisqu’on a droit, sur les six premières livraisons, à John Buscema, Bob Brown, sal Buscema, Ruddy Nebres, Val Mayerick et Alan Kupperberg. En France, seuls les trois premiers chapitres sont arrivés chez nous via l’album cité plus haut.
Le recueil Bloodstone and the Legion of Monsters reprend une mini-série récent signée Dennis Hopeless et Juan Doe et mettant en scène Elsa Bloodstone et une galerie de héros monstrueux de Marvel. Le sommaire est complété par l’intégrale des aventures de son papa (soit les deux chapitres en couleurs et la suite en noir & blanc), qui affronte des monstres gigantesques mais aussi la « Conspiracy », une sorte de société secrète dans les roues de laquelle il tente de mettre des bâtons.
Les vieux épisodes sont rédigés par John Warner, un scénariste qui semble avoir fait une carrière courte et fulgurante dans les comics des années 1970, signant chez Marvel quelques épisodes de Captain America ou, surtout, de Son of Satan. C’est vigoureux, rapide, efficace, et il semble toujours à l’aise dès lors qu’il sort du carcan des super-héros. Là, avec Bloodstone, il utilise de nombreux ressorts qui renvoient à l’imaginaire des pulps : cités englouties, monstres, sociétés secrètes, complots criminels. Son héros lui-même, immortel parcourant la Terre depuis des siècles, arbore des pectoraux et une chemise ouverte qui n’est pas sans rappeler Doc Savage, son énergie et sa combattivité évoquant celles des héros de Howard.
Cette compilation, qui allie la nouveauté au patrimoine, et l’occasion d’une lecture sympathique qui permet de savourer un genre aux frontières des super-héros. Un goût un peu différent, quoi…
Jim