RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

J’avais gardé un souvenir diffus mais assez négatif de la mini-série Doctor Strange parue dans le cadre de la collection « Marvel Knights », et parue en français dans la série Marvel Knights qui s’affichait comme un vaste fourre-tout avec quelques réussites (Daredevil, Inhumans) et quelques essais moins fructueux.

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La mini a été compilée il y a deux ans dans un recueil reprenant son sous-titre, « The Flight of Bones », qui comprend non seulement les quatre épisodes de ce récit écrit par Dan Jolley, mais également quelques pépites de la même période. Parmi lesquelles je signale un récit de Jim Starlin, publié dans un numéro de Shadow & Light (une série limitée ne contenant que des récits en noir et blanc) et dont je ne résiste pas à la tentation de partager ici de larges extraits : une histoire à la fois très simple et très efficace, traitée avec une générosité graphique évidente, sous la forme d’un magnifique hommage à Ditko.

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Les amateurs trouveront dans le recueil un autre récit en noir et blanc par Michael Golden, une petite histoire de Michael T. Gilbert dans la droite lignée de Ditko (et sortie d’un numéro de Marvel Double Shot), ainsi que l’intégrale d’un one-shot dont je n’avais pas connaissance, The Mystic Hands of Doctor Strange, qui comprend plusieurs prestations en noir et blanc, par des gens comme Frazer Irving, Frank Brunner ou Ted McKeever.

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Bref, un sommaire éclectique, assez épatant par sa variété de tonalité (la plupart tapent juste, tout en offrant un portrait en creux du Sorcier Suprême, à la fois complexe et cohérent) et par sa richesse visuelle. Le tout est complété de quelques bonus, illustrations, couvertures et articles divers.

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Mais la mini-série, que j’ai relue pour l’occasion, a été une bonne surprise. Non pas qu’elle soit géniale. Déjà, graphiquement, elle constitue une déception : montée autour de la figure du dessinateur de Starman, Tony Harris, elle voit ce dernier quitter le navire après deux épisodes (très beaux mais en deçà de ses grands moments sur la série déjà citée), avant d’être remplacé par Paul Chadwick, très chouette dessinateur (et créateur) de Concrete, mais qui semble ici assez mal à l’aise. Surtout sur le premier épisode qu’il réalise (donc le troisième).
La résolution de l’intrigue est également un brin rapide. La maladie dégénérative dont semble victime Strange est rapidement évacuée derrière l’explication facile d’une rémission inattendue (reposant sans doute sur le thème de la confiance retrouvée, fil rouge du récit), et l’identité du méchant est assez plate aussi, puisqu’il s’agit d’un des gros ennemis du bon docteur, là où l’on pouvait espérer la confrontation avec une figure sinon nouvelle, du moins inhabituelle. Et que Chadwick lui confère un traitement assez ditkoïen ne rend pas la chose moins banale.
L’ensemble donne un récit sympathique, pas trop mal rythmé, mais un peu déjà vu mille fois, quoi. Rajoutons à cela le fait que l’ambiance donne l’impression qu’on est encore dans une période proche de la fin des années 1970, où Strange se lamente de la disparition de son mentor parti sans lui avoir donné l’ensemble des leçons, et on obtient une histoire qui semble rater le coche de la modernisation, malgré ses promesses de départ (Strange en détective occulte qui utilise un équivalent marvelien de la Force pour intimer ses ordres, c’est pas si mal).

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J’en avais gardé un souvenir calamiteux. Sans être renversante, cette mini-série, pourtant pleine de défaut, parvient à emporter le lecteur, malgré pas mal de pistes inexplorées.

Trop de ceci, trop peu de cela, ça donne au final une mini-série pas très relevée. Un plat pas mauvais, mais un peu fade. Heureusement, la sauce d’un sommaire riche fait de ce TPB une lecture bien plus qu’agréable. Bref, un recueil qui, selon les goûts de chacun, devrait pouvoir étaler quelques charmes, d’autant que, visuellement, c’est assez joli.

Jim