RÉÉDITIONS MARVEL : TPBs, omnibus, masterworks, Epic…

Ça a pris un peu de temps, mais voici donc la chronique du second (pour l’instant) TPB consacré aux aventures en solo de Quasar, le Vengeur Cosmique.

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Cosmos in Collision, reprenant le titre d’une grosse saga dans laquelle le héros assume son nouveau statut (et fête son vingt-cinquième épisode), reprend là où Quasar Classic nous avait laissés.

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Le sommaire s’ouvre donc sur l’épisode 10, dessiné par Mike Manley, un récit qui marque la rencontre avec le Docteur Minerva, scientifique Kree que les lecteurs ont déjà croisé à l’occasion d’un (ou plusieurs, à vérifier) épisode(s) de Captain Marvel par Scott Edelman et Al Milgrom. L’ombre du Capitaine Mar-Vell plane depuis quelque temps sur la série, du fait du rôle de Wendell Vaughn, devenu le nouveau protecteur de l’univers, le nouveau détenteur de la Conscience Cosmique et le nouveau meilleur pote d’Eon, cette étrange entité qui lui sert en quelque sorte de mentor, de juge et, bientôt, de substitut paternel. L’aventure est clairement rédigée dans le but de situer le héros dans la continuité, et de renforcer son rôle.

Les deux chapitres suivants, qui voient l’alliance avec eXcalibur contre Modred the Mystic (#11) et la rencontre avec l’Éternel Makkari (#12), qui aura son importance dans la suite de la série, continuent de cimenter la place du héros dans l’univers Marvel, mais il est vrai qu’au bout d’un an de publication, il serait temps que les choses passent à la vitesse supérieure.

C’est le cas avec le lancement de la saga « Journey into Mystery », qui reprend le titre de l’anthologie qui a vu Thor apparaître, et qui propulse le héros dans une épopée cosmique de plus grande ampleur. La promotion autour de l’événement est assez astucieuse, et je me souviens encore du vif intérêt que j’avais ressenti à l’époque en voyant les couvertures reproduites dans le catalogue de VPC de la boutique Dangereuses Visions, dont j’étais un client assidu, quoique complètement fauché.

En effet, afin de marquer le coup, l’équipe éditoriale ne se contente pas d’écrire en grosses lettres « Journey into Mystery part one » sur la couverture. Ils vont jusqu’à en confier la réalisation à quatre dessinateurs alors en vogue à l’époque : Jim Lee assure celle du #13, avant d’être suivi par Todd McFarlane, Mike Mignola et Steve Lightle, et tous quatre interprètent le personnage avec leur style distinctif. Et dans l’ensemble, c’est même plutôt chouette.

Pour ma part, je suis assez client du style de Jim Lee de l’époque (disons que c’est la période Punisher War Journal, quand il commençait à signer quelques fill-ins sur X-Men), encore parfois maladroit, mais offrant une allure franchement hiératique à ses héros, qui semblaient tous plus grands que nature. L’illustrateur s’applique à coller à l’intrigue, qui ouvre sur une scène poignante où Wendell vient rendre une visite à la tombe de son prédécesseur, Mar-Vell. Son illustration est très belle.

Le récit débute alors que Quasar voit atterrir un vaisseau spatial contenant différents réfugiés que le héros ne connaît pas, mais que le lecteur identifie bien vite comme étant les membres du Squadron Supreme. C’est l’occasion pour Gruenwald de donner une suite à sa fameuse mini-série et au graphic novel qui l’a suivie. L’arrivée de ces personnages venus d’un autre univers le lance dans une enquête qui le conduit bientôt sur la planète du Stranger, où il découvre de nombreuses créatures enfermées et étudiées par cet extraterrestre à la légendaire curiosité. L’astuce permet au scénariste de faire revenir des protagonistes qui, parfois, n’avait fait qu’un seul tour de piste au détour d’un épisode obscur. Continuité quand tu nous tiens.

Son enquête auprès du Stranger l’amène à se pencher sur l’autre intrigue que Gruenwald déroule en filigrane, à savoir la mort suspecte de plusieurs Watcher. Et c’est là que son histoire prend des proportions épatantes, car il développe une idée qui préfigure celle de la mémétique, à savoir que ce n’est pas un assassin qui tue les congénères d’Uatu, mais un concept. L’idée est brillante et oblige le héros à trouver une méthode nouvelle pour vaincre, car les coups de poing et les rayons d’énergie ne suffisent plus.
L’histoire est d’une telle ampleur que l’épisode 16 est double, offrant un déluge d’action et d’idées.

Après ce coup d’éclat, qui démontre qu’on peut avoir une chouette histoire même sous des couvertures réalisées dans le but unique d’attirer le chaland, Gruenwald ralentit un peu. L’épisode 17 raconte une course de bolide à travers l’univers Marvel, à l’occasion de laquelle les personnages font la rencontre d’un individu apparemment capable de courir plus vite qu’eux tous, mais visiblement amnésique. Les héros pensent qu’il est issu d’un autre univers, et le Runner s’engage à le ramener chez lui. Tout ce dont ce bolide blond se souvient, c’est qu’il s’appelle peut-être… Buried Alien !
L’allusion est amusante, et l’épisode fort distrayant. C’est sur ce chapitre en clin d’œil que Mike Manley, désormais encré par Dan Panosian, quitte la série. Il cède la place à un nouveau venu qui saura se faire remarquer.

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Quasar #18 est un tournant à plus d’un titre. D’une part, c’est le premier chapitre que dessine Greg Capullo, et l’illustrateur, encore débutant, fait déjà des merveilles, épatant les lecteurs par la souplesse de son trait et le naturel qu’il confère aux attitudes de ses personnages. Ensuite, si Gruenwald rédige à nouveau un épisode d’un seul tenant, celui-ci sert de tremplin à la saga à venir et introduit deux nouveaux personnages-concepts dans la cosmogonie Marvel, Origin et Unbeing. De même, le héros est confronté à une épreuve et l’expérience acquise, malgré son manque de confiance, lui fait effectuer le bon choix : le héros se construit. Pour preuve : il gagne un nouveau costume (assez sympa d’ailleurs).
Enfin, note personnelle, il s’agit du premier épisode que j’ai acheté et lu dans la série, et ça a été un plaisir sans mélange : l’élégance du trait de Capullo, additionnée à sa capacité à dessiner les entités cosmiques (talent qu’il va très rapidement déployer) faisaient de Quasar l’une des séries les plus divertissantes du moment.

Maintenant que le personnage est lancé, il doit faire face à son plus grand défi. La saga « Cosmos in Collision » s’étale des numéros 19 à 25, constituée de six « prologues » et d’un épisode double, qui conclut l’intrigue et fête les deux ans de la série.

Tout commence par une suite de conflits provoqués par la présence d’Eon dans le placard de Wendell, donc sur Terre. Quasar est rapidement confronté à cet étrange héros-vilain russe, Presence, qui porte l’assaut au Four Freedom Plaza. Mais derrière cette bagarre qui relève des codes classiques du genre, il y a une éminence grise qui tire les ficelles, fragilisant lentement le héros cosmique.

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Bientôt, toute l’équipe de la société de Wendell est invitée à une réception donnée par un client. Mais rapidement, ils vont découvrir que l’invité cache sa véritable identité. Ce jeu de dissimulation, les collègues de Wendell y sont habitués, puisque leur patron leur a dévoilé son statut de héros cosmique. Cependant, la saga est l’occasion d’une suite de surprises, pour eux comme pour nous lecteurs.

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Tout d’abord, le méchant de l’histoire est dévoilé, il s’agit de Maelstrom, un vilain déjà apparu dans Marvel Two-in-One, et qui trouve ici une dimension plus considérable. La révélation de son identité permet aussi au scénariste de démontrer que de nombreux éléments placés dans les numéros précédents constituent un vaste puzzle. Les liens entre Maelstrom et Deathurge (son subordonné) ou Oblivion (l’entité devant laquelle il répond) sont creusés. Et enfin, le but de l’ennemi devient clair : s’emparer des bracelets quantiques de Quasar.

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Sans rentrer dans les détails, le héros entame alors un véritable calvaire : torturé, mutilé et finalement tué, il est porté disparu, laissant ses amis prisonniers de son adversaire. C’est à ce moment-là que la dernière recrue de son entreprise, une femme mystérieuse capable de convaincre les clients les plus réticents, dévoile sa véritable identité : il s’agit de Moondragon, qui elle aussi a des vues sur Wendell. Mais pour l’heure, elle rallie la cause du héros.

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Ce dernier, mort et désincarné, accède à un autre niveau d’existence, ce qui lui permet de porter le combat dans la sphère des concepts. On est bien loin des intrigues strictement terrestre que Gruenwald avait explorées durant la première année du titre. Cette fois-ci, on est dans le cosmique, le métaphysique, l’ensemble porté par un Capullo qui montre un appétit féroce. Emballant.

On s’en doute, et je ne gâcherai sans doute la lecture de personne si je le précise, mais le héros s’en sort à la fin. Mais bien sûr, la mort qu’il vient de vivre (si je peux dire) fait son office initiatique. Ce n’est pas une mort symbolique, mais elle a la même force. Devenu le héros cosmique qu’il était censé être, ayant préservé l’équilibre du cosmos, il est prêt à vivre de nouvelles aventures. La série est définitivement lancée. Et le dessinateur, s’il reste encore le temps de quelques courts épisodes (jusqu’au cross-over « Galactic Storm »), il vient d’entrer dans la cour des grands.

Jim