REGARDS CROISÉS (Gilles Aris / Thomas Cadène)

Discutez de Regards croisés

Sophie vit en appartement, et son couple subit une certaine usure. En face, un fou qui parle fort la dérange et l’empêche de réviser. Un jour que la porte de ce voisin bruyant est ouverte, elle part explorer l’appartement. Elle est retrouvée quelques jours plus tard morte dans la cuisine. Entre-temps, tout un petit monde s’est agité, y compris un locataire de l’immeuble d’en face qui, sous prétexte d’observer les oiseaux, filme les gens à leur fenêtre…

Couv_63140

Sur ce postulat, qui mélange le parti pris de Fenêtre sur cour avec la structure d’un récit aux destins croisés, Gilles Aris signe un scénario au début confus, qui prend forme petit à petit. Hélas, les dialogues ne sont pas d’une grande souplesse. En contrepartie, il y a un jeu intéressant en termes de lettrage, les deux personnages les plus dérangés profitant de petite trouvailles visuelles et typographiques.

regardscroises01

Au dessin, Thomas Cadène recourt à un style jeté, nerveux, broussailleux, et accompagne chacun des personnages d’une monochromie qui déroute dans les premières pages, mais prend du sens à mesure qu’on rentre dans le récit.

RegardsCroises_01062007

Néanmoins, le récit se cherche, hésitant entre l’enquête policière, le drame humain et la chronique du quotidien. Au final, le choix n’est pas tranché et l’album (petit format, dans la collection KSTR) peine à trouver son identité. Les séparations et les rencontres manquent de naturel, tombent comme un cheveu sur la soupe, peut-être parce qu’il manque au récit quelques cases de regards, d’immobilité, un peu d’espace pour développer les non-dits qui, à défaut, passent pour des ellipses trop rapides.

Jim