REALISATEUR
Fritz Lang
SCENARISTES
Sydney Boehm, William P. McGivern, Fritz Lang
DISTRIBUTION
Glenn Ford, Gloria Grahame, Lee Marvin, Jocelyn Brando, Alexander Scourby…
INFOS
Long métrage américain
Genre : Film policier, Film noir
Titre original : The Big Heat
Année de production : 1953
Adapté au départ d’un serial paru dans le Saturday Evening Post, le film permet à Lang d’utiliser ses thématiques récurrentes et de montrer sa vision de l’Amérique, ainsi que son approche du genre dans lequel il est très à l’aise (qui est après tout une continuation de sa première partie de carrière liée à l’expressionnisme allemand).
Commençant avec un enquête habituelle et se finissant dans des abîmes de noirceur, à l’image du personnage de Debby la fêtarde frivole qui devient une femme fatale impitoyable, ce long-métrage est l’occasion pour Lang d’explorer la fine limite entre la justice et la vengeance (comme Fury entre autres).
La première scène donne le ton, la mort fait son entrée dans le foyer familial d’habitude synonyme de calme et de quiétude, voué à une destruction prochaine, et annonciatrice des drames à venir concernant le personnage principal.
Véritable déconstruction du rêve américain (brisant en une scène explosive l’imagerie idéaliste de la famille américaine, rappelant ainsi la dure réalité du milieu criminel, aussi noire que le café brûlant utilisé pour défigurer) l’histoire se distingue par le parcours du héros obnubilé par sa croisade qui cause beaucoup de dommages collatéraux.
La brutalité de ce milieu bouleverse les consciences, amenant certains à se dévoiler sous un nouveau jour, passant de l’ombre à la lumière et inversement (à l’image de Debby assurément un des personnages féminins les plus intéressants de la filmographie de Lang).
En dressant le portrait d’une société gangrenée par la corruption, Lang montre une ville (sans nom) où la violence est omniprésente, gouvernée par des criminels qui se cachent derrière des apparences de respectabilité, mais dont le comportement reste le même (Lee Marvin est excellent dans son rôle de bad guy sadique).
Dans la continuité du genre, la rédemption est rendue possible par une femme, et vu l’optique pessimiste de Lang, le héros s’en sort en partie parce que Debby a accepté de se salir les mains et de succomber à son désir vengeur.
Les personnages perdus d’avance sont ceux qui vont le plus loin dans l’histoire, il n’y a qu’un personnage à deux faces (représentatif de la dualité de l’histoire) pour mettre fin a ce conflit.
La mise en scène est exemplaire, très efficace dans la représentation suggestive/en hors-champ des scènes de violences, aussi soudaines que brutales.
Malgré le déroulement, la fin n’est pas très optimiste (la dernière réplique « Keep the coffee hot, Hugo » est une référence indirecte aux événements précédent) vu ce qui arrivé à Dave Bannion, qui garde en mémoire l’amer souvenir de ce qu’il a perdu au passage.