ROBINSON CRUSOE SUR MARS (Byron Haskin)

REALISATEUR

Byron Haskin

SCENARISTES

Ib Melchior et John C. Higgins, d’après le roman de Daniel Defoe

DISTRIBUTION

Paul Mantee, Victor Lundin, Mona le singe, Adam West.

INFOS

Long métrage américain
Genre : science-fiction
Titre original : Robinson Crusoe on Mars
Année de production : 1964

Déclinaison spatiale du roman de Daniel Defoe publié en 1719, Robinson Crusoé sur Mars fut originellement conçu par son scénariste Ib Melchior comme un film à grand spectacle de 3 heures. Egalement romancier (sa nouvelle The Racer servit d’inspiration à La Course à la Mort de l’an 2000 produit par Roger Corman) et réalisateur, Melchior dut revoir ses ambitions à la baisse et finit par être écarté de son projet après un gros travail de pré-production.
La Paramount préféra confier la mise en scène à l’expérimenté Byron Haskin (La Guerre des Mondes, De la Terre à La Lune, La Conquête de l’espace…), Ib Melchior n’ayant à cette époque à son actif qu’une série B à petit budget, dont l’action prenait d’ailleurs déjà place sur Mars, La Planète Rouge (1959) et son fameux rat-araignée géant.

Le scénario fut réécrit pour des questions de budget et pour se concentrer dans un premier temps sur la lutte pour la survie du commandant Draper, échoué sur Mars avec pour seul compagnon un petit singe (qui remplace la créature extraterrestre prévue dans un premier temps). L’ouverture laisse penser que le héros du film sera le colonel McReady, campé par un certain Adam West (le futur Batman), mais le responsable de l’expédition ne survivra pas à l’atterrissage.

Pour incarner le commandant Draper, la production a choisi un inconnu, Paul Mantee, aux faux airs du cosmonaute Alan Shepard. Mantee, qui est de quasiment toutes les scènes, pensait que Robinson Crusoe sur Mars allait être un tremplin pour sa carrière, mais malgré de bonnes critiques, le long métrage de Byron Haskin fut un échec (il n’a pas non plus été aidé par une pauvre campagne promotionnelle) et le comédien, qui livre ici une prestation solide en faisant bien ressortir l’humanité et l’humilité du personnage, enchaîna ensuite les petits rôles pour la télévision.

Robinson Crusoé sur Mars est sorti dans la première moité des années 60, une période un peu « creuse » pour le genre science-fiction, et le public ne fut pas au rendez-vous. Le filon s’était un peu essoufflé après la frénésie de la décennie précédente…et il faudra encore attendre quatre ans pour découvrir sur grand écran 2001, l’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick et La Planète des Singes de Franklin J. Schaffner.

La première partie de l’histoire concerne donc la survie de Draper…il rationne ses bouteilles d’oxygène, il a besoin d’eau, de nourriture, d’un abri. L’astronaute perdu loin de chez lui (50 ans avant Matt Damon) résout ces différents problèmes de manière assez ingénieuse…mais s’il y a bien quelque chose de plus difficile à supporter, c’est la solitude. Après des mois à ne parler qu’à un petit singe (que les scénaristes évitent de traiter comme un élément comique), Draper souffre d’hallucinations après une intoxication alimentaire (il aurait du faire attention aux ingrédients de son ragoût martien) et croit recevoir la visite de McReady, son camarade mort (imaginez Adam West en mode zombie).
Un moment intense, efficacement mis en scène et interprété.

Après cette première heure sobre, contemplative et mélancolique, le récit prend un virage un peu plus bis : Draper rencontre un esclave alien qui ressemble à un figurant des Dix Commandements et qu’il surnomme Vendredi. C’est dans cette partie que les limites du budget se font le plus ressentir : les esclaves et leurs ravisseurs sont de simples humanoïdes, les scaphandres des esclavagistes ont l’air de sortir du département accessoires du Destination Lune de George Pal (1950) et les trois vaisseaux qui parcourent inlassablement la planète rouge à la recherche de Vendredi sont des copies presque identiques des machines martiennes de La Guerre des Mondes du même Byron Haskin.

Le rythme de Robinson Crusoé sur Mars n’est pas toujours maîtrisé (il y a pas mal de longueurs, surtout dans la première moitié), mais grâce à un sympathique trio vedette (oui, j’inclue bien évidemment le singe), des jolis visuels (notamment grâce à un travail inspiré sur les couleurs et les matte paintings pour insister sur l’étrangeté de l’environnement) et une histoire inventive et prenante (malgré ses défauts), le long métrage de Byron Haskin propose une transposition futuriste réussie du célèbre roman de Daniel Defoe.

1 « J'aime »

L’affiche belge :