REALISATEUR
James Fargo
SCENARISTES
Edward Gold, James Guidotti et Charles Hairson
DISTRIBUTION
Pia Zadora, Craig Sheffer, Tom Nolan, Ruth Gordon, Michael Berryman…
INFOS
Long métrage américain
Genre : comédie musicale/science-fiction
Titre original : Voyage of the Rock Aliens
Année de production : 1984
These days are ours, happy and free. (Oh Happy Days)
« C’est un peu comme être assis dans son canapé le samedi soir et zapper rapidement d’une chaîne à l’autre. Sur la 5, il y a un vieux film de plage, sur la 9 un film d’invasion extra-terrestre, sur la 11 un film d’horreur avec un tueur fou en cavale et sur la 13 un programme de bon vieux rock ».
C’est ainsi que le scénariste James Guidotti présentait son scénario titré « Attack of the Aliens », qu’il avait concu comme une parodie des séries B des années 50. Après être passé entre les mains de Edward Gold et Charles Hairson, Attack of the Aliens est devenu la comédie musicale Voyage of the Rock Aliens…et on pourrait alors rajouter à la description « sur la 4, il y a le Top 50 ».
Rock Aliens est principalement un véhicule pour la chanteuse Pia Zadora, dont le tube « When the rain begins to fall » est repris deux fois, en ouverture (le clip du duo avec Jermaine Jackson est intégré de manière très artificielle au métrage) et lors du final (avec un amusant playback de l’acteur Craig Sheffer). Les chansons entonnées par Pia Zadora ont d’ailleurs toutes figurés sur son album de 1984, Let’s Dance Tonight.
Mais alors que la chanteuse/comédienne et son pygmalion de mari pensaient que le long métrage serait un bon tremplin pour promouvoir le disque et lancer définitivement la carrière d’actrice de la jeune femme, le couple a ensuite tout fait pour empêcher la sortie du film, suite à des projections-test catastrophiques. Tourné en 1983, Rock Aliens ne sortira aux U.S.A. qu’en 1988 et directement en VHS. La France a quand même eu droit à une sortie ciné fin 1987, qui se solda par un bide cinglant.
It’s the eye of the tiger, it’s the thrill of the fight…
Il faut dire que Rock Aliens est un sacré spectacle. Un hommage aux années 50 qui fleure l’exubérance et le mauvais goût vestimentaires des années 80 à tous les étages; une suite de sketches pas très drôles entrecoupés par des séquences musicales délirantes (il y a même une « battle » de groupes pré-Scott Pilgrim) principalement interprétées par Pia Zadora et deux groupes quasi-inconnus (parce que moins cher) et qui le sont restées, Rehma et son son techno/pop/rock et les rockabilly de Jimmy & The Mustangs; des comédiens qui y croient à fond dans un ensemble saugrenu et ringard…
bref, une parodie qui est elle-même devenue un nanar croquignolet…
Et le scénario dans tout ça ? Il est léger, très léger…Des extra-terrestres et leur robot multi-fonction (qui a en V.O. la voix de Peter « Optimus Prime » Cullen) parcourent l’univers à bord d’un vaisseau spatial en forme de guitare pour trouver la source du rock’n’roll. Après des escales infructueuses (et c’est là qu’intervient le clip de When the rain begins to fall), ils la trouvent enfin sur Terre. Pour passer inaperçus, ils débarquent à bord d’une cabine téléphonique (qui n’est pas plus grande à l’intérieur qu’à l’extérieur) et se retrouvent dans la petite ville de Speelburgh. Là, le chef des aliens va tomber amoureux de la jolie DeeDee (Pia Zadora, qui fait l’ado du haut…enfin façon de parler, elle n’est pas très grande…de ses 30 ans). Ce qui ne sera pas du goût de Frankie, le rocker rebelle (Craig Sheffer, le futur Boone du Cabal de Clive Barker, dans son premier rôle au cinéma)…
À cette « intrigue » squelettique s’ajoutent pêle-mêle (et sans souci de cohérence) l’évasion d’un serial-killer à la tronçonneuse (l’incroyable trogne de Michael Berryman), une shérif gâteuse interprétée par Ruth Gordon (Harold et Maude) dans un de ses derniers rôles et les attaques d’un monstre tentaculaire (et caoutchouteux) né des produits chimiques déversés dans le lac de Speelburgh…
Psycho Killer…Qu’est-ce que c’est…
Aux commandes de cette absurdité sans queue ni tête, on retrouve James Fargo, un réalisateur qui a débuté dans les années 70 en dirigeant Clint Eastwood dans le troisième Dirty Harry et Doux, dur et dingue, et qui fait ici ce qu’il peut avec un budget de misère.
Son directeur de la photographie n’est autre qu’un certain Gil Taylor, un chef-op’ expérimenté dont la carrière remonte à la fin des années 40 et qui a notamment travaillé avec Alfred Hitchcock sur Frenzy, Richard Donner sur La malédiction et George Lucas sur La Guerre des Etoiles. Rock Aliens est l’un de ses derniers travaux…et il ne fut pas de tout repos.
L’un des membres du groupe Rehma, vêtus des pyjamas roses et noirs des extra-terrestres, l’a un soir trouvé attablé complètement bourré et marmonnant « ça ne marchera jamais, ça ne marchera jamais »…et il n’avait pas tort…