ROCK & RULE (Clive A. Smith)

REALISATEUR

Clive A. Smith

SCENARISTES

Peter Lauder, John Halfpenny et Patrick Loubert

VOIX V.O.

Don Francks, Gregory Salata, Susan Roman, Samantha Longevin…

CHANSONS

Deborah Harry, Lou Reed, Iggy Pop, Cheap Trick, Earth Wind & Fire.

INFOS

Long métrage canadien
Genre : animation/science-fiction/musique
Année de production : 1983

Dans la deuxième moitié des années 70, les responsables de Nelvana, le studio d’animation canadien spécialisé dans les programmes jeunesse pour la télévision, ont décidé de se lancer dans une première expérience cinématographique. Avant d’être reconnu pour des franchises aussi célèbres que les Bisounours, Babar et Franklin, Nelvana avait déjà travaillé sur de nombreux projets, dont le fameux segment animé du tristement célèbre téléfilm Star Wars Holiday Special qui marquait la toute première apparition du personnage de Boba Fett.

Inspiré par une idée du producteur Patrick Loubert, le long métrage qui allait devenir Rock & Rule fut d’abord développé sous le titre Drats et devait mettre en scène des rongeurs anthropomorphiques membres d’un groupe de rock et évoluant dans un univers post-apocalyptique. Drats devait également être destiné à l’habituelle audience des productions Nelvana…mais sous l’influence du Métal Hurlant de Gerard Potterton (1981), le projet évolua (et d’ailleurs, Nelvana eut même l’occasion de travailler sur Métal Hurlant, mais le studio refusa l’offre de Ivan Reitman pour se consacrer pleinement à Rock & Rule).

Le ton de l’histoire devint ainsi plus sombre (l’atmosphère générale et le traitement des décors restituent très bien cet aspect), destiné à un public adolescent et adulte; et les personnages adoptèrent des formes plus humanoïdes, tout en gardant des caractéristiques animales.
Le récit prend place dans le futur, après une guerre nucléaire. L’humanité a disparu et les villes en ruine sont peuplées par des animaux mutés et intelligents. Mok, un légendaire « Dieu du Rock » (un mix entre Mick Jagger, Iggy Pop et David Bowie), a l’intention d’invoquer pendant son prochain concert un puissant démon (pour un classique pacte faustien). Ses ordinateurs ont décodé un ancien code satanique grâce auquel il pourra ouvrir un passage vers une dimension infernale. Mais pour réussir son plan, il a besoin d’une voix spécifique qui pourra chanter la série de notes nécessaires pour ouvrir la porte sur cet autre monde.

Il va la trouver en retournant dans sa ville natale, Ohmtown. Dans un rade local, il écoute la belle Angel, qui fait partie d’un groupe de punk-rock avec Omar (son petit ami), Dizzy et Stretch (le guitariste et le batteur…et éléments comiques du long métrage). Lorsqu’il se rend compte qu’Angel n’a aucune intention de le suivre, Mok kidnappe la jeune femme…

L’une des très bonnes idées de Rock & Rule est d’avoir confié les parties musicales à des artistes phares des années 70/80. Lorsqu’Angel chante, c’est avec la voix de Debbie « Blondie » Harry; la voix chantée de Omar est celle de Robin Zander, le chanteur du groupe Cheap Trick. Du côté des vilains, Lou Reed est Mok et Iggy Pop est le démon. Et à l’occasion d’une amusante et très dynamique scène dans une boîte de nuit, on entend une chanson originale signée Earth Wind and Fire. S’ils ne sont pas inoubliables, les titres sont entraînants et parfaitement intégrés au déroulement du film.

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Le scénario plutôt décousu a souffert d’un long développement un peu chaotique et la fin est assez convenue, mais la caractérisation des personnages est très intéressante, notamment celle d’Angel, véritable héroïne de Rock & Rule, une jeune femme à la forte personnalité (même si on peut se demander comment elle peut supporter cette tête-à-claque d’Omar, qui pique sa crise lorsqu’il se rend compte que sa petite amie est plus douée que lui), qui a le courage de ses opinions et est parfaitement capable de tenir tête au mégalomane Mok.
Excellent vilain, Mok est aussi charismatique que vaniteux. Prisonnier de sa propre image, il est prêt à tout pour revenir en haut de l’affiche et prouver qu’il est toujours « The Magic Man ».

Sabordée par le distributeur américain MGM, la sortie de Rock & Rule s’est soldée par un échec retentissant qui a failli mettre Nelvana sur la paille. Le studio a tout de même pu se refaire une santé grâce à ses nombreux projets télévisés…dont les Bisounours dès 1985 !

Je ne connaissais pas du tout.

C’est amusant en lisant ça je pense à Armageddon Rag (Pour en savoir +) l’excellent roman de George R. R. Martin publié fin 1983 ; il devait y avoir quelque chose dans l’air à ce moment-là.

En tout cas, tu as une sacrée vidéothèque. :slight_smile:
(Merci)

La sortie de Rock & Rule aux U.S.A. fut très discrète, mais le film a tout de même fait l’objet d’une adaptation B.D. dans la collection Marvel Super Special.
Signée Bill Mantlo, Cette version papier n’a pas de dessinateur crédité, car les cases reprennent en fait des images tirées du film.