SALADIN (Mathieu Mariolle / Roberto Meli)

Discutez de Saladin

Disponible en « version kiosque » depuis le 28 novembre.

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Jim

Un ami prof d’histoire m’expliquait, il y a de longues années, la conception « événements-batailles » de l’enseignement de l’histoire, une approche qui, à l’en croire, était surannée, puisque la discipline se tournait davantage sur l’analyse et l’explication des liens de causalité. En gros, on s’éloignait des listes de dates, de faits et de lieux. (Bon, dans mon esprit tordu, je me disais que l’un pouvait fonctionner avec l’autre, tout de même… mais ça m’a permis d’apprendre une expression.)


L’album Saladin, en tout cas dans son édition au sein de la collection « Les Grands personnages de l’histoire en bandes dessinées » (celle que j’ai) propose en fermeture un petit texte faisant office de postface et de note d’intention tardive, dans laquelle, justement, il est expliqué que l’approche « événements-batailles » a été privilégiée. En effet, quelques albums de la collection saisissent le prétexte de confronter un témoin d’époque à la figure du personnage historique évoqué. Mais là, les auteurs expliquent que, justement, la figure de Saladin a été sublimée (et pas seulement dans le monde musulman) et que les portraits qui ont été faits de lui n’ont pas été peints de son vivant. Choisissant donc d’éviter de trop romancer, les auteurs collent à l’histoire, et compactent une existence entière dans un album. C’est un choix qui a le mérite pédagogique qu’on devine, mais qui rend la lecture un peu étouffante.

Oh, c’est fluide, car Mathieu Mariolle sait jouer sur les ellipses, et que son illustrateur, Roberto Meli, parvient à bien caractériser ses personnages. Mais les pages sont denses et les cases petites. Ça va vite, un peu trop. Néanmoins, on parvient à s’attacher au personnage, même si son évolution (avec un avant et un après la maladie) est là aussi rapidement survolée. Couvrir toutes les années importantes de Saladin, et non pas se concentrer sur une période charnière, est un pari risqué et donne un album dense auquel il manque peut-être quelques pauses, quelques moments de calme où le lecteur aurait pu se rapprocher du personnage.

Il est assez étonnant et fascinant de lire cet album aujourd’hui, ne serait-ce qu’à cause du caractère évocateur de certains lieux, villes ou pays qui ont toujours une actualité de nos jours. Et, chose amusante, les amateurs de comics de super-héros verront peut-être dans la manière dont Meli représente Saladin des faux airs de Ra’s al Ghul, autre conquérant ennemi de Batman.

Jim