Je pense que c’est plus pour une question d’unité avec la collection.
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Dérivé du topic Top Comics :
Je vais répondre dans le topic concerné… et mettre les détails sous spoiler(s) (en deux temps), vu que je ne sais pas où tu t’es arrêté de ta lecture et si tu comptes la reprendre, mais la réponse courte est que oui, c’est complètement acté dans les pages des comics.
Plusieurs personnages cherchent à provoquer la chute de Rêve, chacun avec leurs motivations,
mais celui/celle qui tient le premier rang est Désir. Fondamentalement cela peut être dû à la cruauté inhérente au Désir, ou encore au contraste entre les tempéraments des deux Infinis. Mais il y a eu dans le passé, bien avant le début de la série, une « étincelle » qui a fait de la destruction de Rêve l’un des objectifs décidés de Désir. Il me semble qu’il y a au moins une, voire deux allusions assez claires, à défaut d’être très détaillées, à cet épisode fondateur dans la série — même si là tout de suite je ne saurais plus dire où exactement, de mémoire, mais je suis assez sûr de mon coup. L’évènement en question a de toute façon depuis été raconté par Gaiman dans la mini-série Ouverture de 2013-2015 avec J.H Williams III aux pinceaux.
La première manœuvre de Désir contre Rêve à laquelle on assiste dans la série est racontée dans le #9, « Contes dans le sable » : elle est de l’ordre de l’implicite — ne serait-ce que parce qu’à ce stade le seul autre membre de la famille de Rêve que l’on connaisse est sa sœur Mort — et peut-être même, admettons, de l’hypothèse de lecture. Mais la présence des morceaux de verre en forme de cœur, ce qui correspond précisément à l’emblème de Désir, peut fortement laisser penser, rétrospectivement, que la relation de Rêve et Nada n’est pas complètement due au hasard. Ajoutons que le personnage de Désir est introduit exactement dans le numéro suivant.
Cet épisode #10 ouvre l’arc « La Maison de poupées » où les choses deviennent explicites. À la fin de l’arc, au #16, Rêve se rend chez Désir pour lui exposer qu’il a bien vu que toute l’affaire avec le « Vortex », depuis le viol d’Unity Kincaid jusqu’au fait que Rêve aurait dû tuer la descendante de celle-ci, porte sa marque :
– […] Quelqu’un s’est mêlé de mes affaires, Désir, et cela pue ton intervention.
– M’accuserais-tu de m’immiscer dans le domaine d’un autre membre de la famille ?
– À l’évidence, c’est exactement ça, oui. Désir… Qui était le grand-père de Rose ? Qui a donné une fille à Unity endormie, il y a cinquante ans ?
– …Ai-je été si transparent ?
– Non. Non, tu as remarquablement bien masqué tes traces. Quel était vraiment ton but, Désir ? Devais-prendre la vie d’un de notre sang, avec tout ce que entraîne ? Ou était-ce plus sournois encore ?
– Que t’importe, grand frère ? Ça a échoué.
– Si tu n’étais pas de mon sang, Désir…
– Hélas, je le suis.
On est donc à la fin du premier volume Urban — ou du deuxième TPB original — et les enjeux sont en place.
Histoire d’enfoncer le clou, au #31, « Trois septembres et un janvier », il y a l’épisode « flasback » avec l’empereur Norton, où Rêve gagne son pari contre Désespoir et Désir, qui enrage après que Rêve lui a reproché son manque « décevant » de subtilité dans l’affaire :
Il veut du subtil ? Il va en avoir. Tu verras ça. Pas ici. Pas avec Norton. Mais je lui ferai verser le sang de la famille. Je lui jetterai les Bienveillantes à la gueule… Un jour…
Lyta Hall n’est donc qu’un pion du jeu de Désir au même titre que Nada, Unity ou Rose.
Mais… j’ai dit et souligné que Désir est (principalement) le personnage qui cherche à faire chuter Rêve. Ultimement, le seul vrai responsable de la chute du Sandman, toutefois,
est le Sandman lui-même.
La tension principale de la série — dans un univers présenté comme assujetti à un certain nombre de règles et lois immémoriales, qui dépassent même les dieux et les Infinis —, c’est le fait que Rêve commence comme une entité parfaitement inhumaine, mythologique, drapée dans sa fonction, et incompréhensible / inaccessible aux sentiments des mortels… mais au fur et à mesure, on le voit progressivement s’humaniser… La question devenant alors : jusqu’où un concept peut-il devenir humain ? Dans la préface au TPB « Nuits d’Infinis » (reprise p.554 du dernier volume Urban), Gaiman rapporte qu’on lui a demandé de résumer la série en une phrase, et qu’il a répondu : « Le roi des rêves apprend qu’on doit changer ou mourir, et prend sa décision. »
La « chute » de Rêve résulte de deux actions qu’il entreprend en étant parfaitement conscient de leurs implications et conséquences : premièrement, à la fin de l’arc « Vies brèves » (#49) lorsqu’il décide finalement d’arrêter d’ignorer la douleur de son fils Orphée et le tue pour l’en délivrer, commettant ainsi l’acte sacrilège qui va le mettre à la merci des Bienveillantes ; et ensuite, lorsqu’il décide de quitter le seul endroit où il reste hors de leur atteinte, pour répondre à l’appel (bien intentionné mais mal avisé) de Nuala (#66).
Par cette seconde action, Rêve fait le choix de la mort (et de son remplacement par un nouvel avatar), car c’est finalement la seule solution par laquelle il peut résoudre le paradoxe essentiel qui le tiraille désormais :
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par son acte, sa soumission à l’obligation du vœu juré, il s’affirme fidèle, au prix de sa vie, à ses principes fondamentaux, plutôt que de renier son identité (Règles et responsabilités : voilà quels liens nous entravent. Nous faisons ce que nous devons, à cause de qui nous sommes. Si nous agissions autrement, nous ne serions pas nous-mêmes.) ;
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mais il avoue dans le même temps que ce suicide de fait est aussi sans doute sa manière d’expier la double culpabilité qu’il éprouve envers le sort qu’il a réservé à son fils : un sentiment finalement très « humain », normalement complètement étranger aux Infinis.
– Il y a d’anciennes règles, Nuala. Déjà vieilles quand le temps était jeune. Les dames ont pouvoir de venger les crimes de sang… Et j’ai tué mon fils. Je l’ai tué deux fois. Une fois, il y a longtemps, en ne voulant pas l’aider ; et une… plus récente… en le faisant… […] J’ai tué mon fils. C’était ce qu’il voulait… ce qu’il désirait. Par orgueil, je l’ai abandonné plusieurs millénaires ; et puis, enfin, je l’ai tué.
– Vous… vous voulez qu’elles vous punissent, non ? Vous voulez être puni pour la mort d’Orphée.
– […] J’ai dit à Ishtar qu’elle avait tort. Que je n’avais pas changé et ne changeais pas. Mais en vérité, je crois, je lui ai menti.
Les actions de Désir, Lyta ou Puck mettent en place les éléments d’un contexte de crise, mais la réaction du Marchand de sable face à ce contexte est finalement l’aboutissement, librement choisi, d’une tragédie aux dimensions personnelles.
Merci pour tout ça.
Je me souviens du premier passage avec Désir. Je devrais, vraiment, tout reprendre et compléter ma collection !
Oui de mémoire, c’est très clair d’où vient la chute du rêve. Je n’ai pas le souvenir d’avoir vu encore des mystères là dessus.
Qui vous savez :
Death par German Garcia :
Jim
L ai je déjà postée ?
Lee
Tiens faudrait que je me les finisse quand même.
Quand sandman est commenté comme une vague série pour laquelle il faut se motiver à finir les tomes, tu sais que que tu n es plus dans le coup.
Change or die
J’aime l’idée d’avoir encore un classique à découvrir.
J’aime aussi l’idée de ne pas sacraliser une oeuvre
Plus facile à dire qu’à faire.
Anarchiste !!!
Jim