C’est en traînant par hasard ici-même que j’ai appris l’existence de ce show. Ryan Murphy, je suis pas vraiment fan mais les slashers, par contre, j’en suis gaga. En bon fan-boy neuneu, je fonce par conséquent dessus et bien m’en a pris : je trouve ça excellent.
Finalement, c’est ici plutôt que dans la série télé « Scream » (pas nulle du tout mais mortellement plombée par un final navrant qui dégomme toute la saison), un comble, qu’il faut venir chercher le feeling du travail originel du tandem Craven/Williamson…
Pourtant, sur le papier c’est pas gagné : la volonté de tirer la tonalité du show vers le comique pur, c’est aussi alléchant que casse-gueule, sans compter que les projets de ce type se bousculent au portillon (le récent direct-to-video « Scream Girls », tiens tiens…). Et puis il y avait déjà les « Scary Movie ». Mais au final, ce manque d’originalité peut rester de l’ordre du détail si le contrat est rempli. Verdict : la série est hilarante, et c’est de là qu’elle tire sa pleine légitimité.
On y suit les tribulations d’une de ces sororités de filles à papa sur un campus « plus américain tu meurs », mais il y a comme un côté « potards à fond » dans le traitement. Très très noire à la réflexion (au bord de la misanthropie) malgré ses dehors clinquants, la série peut aller très loin dans la cruauté à l’égard de ses personnages. Ce jusqu’au-boutisme contrebalance efficacement le côté « farcesque » très prononcé, qui aurait tôt fait sinon de ruiner toute la tension propre au genre.
Porté par un cast inégal (y’en a qui sont pas mauvais acteurs dans l’absolu, mais pas forcément très convaincants dans le registre comique…) mais dominé par un atout de poids, l’extraordinaire Emma Roberts (fille d’Eric et nièce de Julia, bon sang ne saurait mentir…), impériale en reine des pestes au bord de la psychopathie totale, la série provoque quelques fous-rires mais joue majoritairement sur un registre un tout petit peu en-deçà, de manière très subtile. La série est remarquablement calibrée, retrouvant certains effets de vitesse grisants chers à la tradition comique américaine (c’est très, très dense, dans le bon sens).
Super bien écrite, la série est en plus vraiment bien shooté ; pour de la téloche c’est vraiment du haut de gamme, tape-à-l’oeil (normal vu la thématique du show) mais virtuose aussi (la caméra est pour ainsi dire constamment en mouvement et ça a de la gueule).
Et il y a le traitement du genre slasher, donc, qui est loin de s’appuyer sur le seul ressort comique. Dans la logique d’un « Scream », qui irriguait aussi son pendant télévisuel mais aussi son ancêtre direct « Harper’s Island », le show est hautement référentiel. Là aussi, rien d’original par les temps qui courent me direz-vous, mais ici c’est vraiment fait de façon originale et ludique, avec une sorte de « mise au cube » du genre (après la "mise au carré que seraient les « Scream ») des codes du genre. Et ça donne des moments vraiment inspirés, soit cons comme la Lune (la tronçonneuse sous le lit…) soit plutôt sophistiqués dans la mise en abîme (le labyrinthe enneigé à la « Shining »).
Il y a aussi au générique une véritable référence sur pattes, la légendaire Jamie Lee Curtis, pionnière des « scream queens » du slasher, qui s’amuse à cabotiner gentiment en jouant les chaudasses sur le retour.
Même le côté premier degré du show, malgré la bouffonnerie assumée, marche finalement pas si mal, et on se prend à suivre de très près les développements tortueux d’une intrigue à tiroir, qui s’amuse à invalider aussi vite qu’elle ne les avait mises brutalement en avant certaines des théories traversant l’esprit du spectateur.
Une série décidément fort habile, et plutôt abrasive si on se donne la peine de gratter un peu la surface. Tout au plus regrettera-t-on quelques fautes de goût humoristiques de ci de là, mais bon, en la matière tout est question de ratio comme je dis toujours…
Je reviendrai en dire un mot une fois toute la saison matée, mais après 5 épisodes (dont les deux derniers se concluent sur de bien chouettes cliffhangers) je suis très enthousiaste.