SEVEN SOLDIERS (Grant Morrison / collectif)

Je n’ai lu qu’une fois ce seven soldier, lorsque la série fut publiée en VO. J’ai bien accroché au concept et aux dessins, mais je ne l’ai pas relu depuis. Si Urban ressort la serie en VF, je pense que je serais preneur.

Très belle analyse en tout cas.

Merci, Rael !!

Comme Artie, je n’ai pas un très bon souvenir de cette oeuvre. J’ai trouvé le début passionnant, puis ça a sévèrement déraillé (sur un épisode de Mister Miracle en particulier, si je me souviens bien) et je n’ai jamais pu raccrocher. Dommage quand on voit la somme de talent impliqué dans cette histoire.

Le cas de « Mister Miracle » est intéressant au sein des 7 mini-séries : c’était le titree pour lequel Morrison avait le plus d’ambition, celle notamment de revisiter l’héritage kirbyen de DC. Et on a vu par la suite à quel point ça lui tenait à coeur, puisqu’il reprendra ces concepts pour « Final Crisis » (peut-être aussi est-ce la frustration).
Il s’avère au final que Morrison a été déçu par « Mister Miracle », en grande partie du fait de l’instabilité de la partie graphique (et au vu de l’expression visuelle de certains concepts, on peut lui donner raison : cf. l’Auraklès complètement raté, et ce Shilo Norman culturiste hors-sujet également) et peut-être aussi de sa propre écriture. Le fait est que « Mister Miracle » est le plus confus des 7 récits composant « Seven Soldiers ». Pourtant les éléments mis en jeu sont passionnants, notamment l’orientation un peu « gnostique » de l’aventure de Mr Miracle (enfermé dans une série de « faux mondes », on est pas loin de Dick, là). Mais il faut bien reconnaître qur certains passages sont confus, notamment la façon dont Shilo s’échappe (ou pas) du trou noir, et la time-line des évènements de manière globale…

Je trouve Final Crisis plus épique, plus puissant, dans le pur sens du terme. La Création toute entière, le Multivers est menacé ; le Mal est là, le Mal domine, le Mal a gagné. C’est direct, c’est total, c’est le méga-concept de super-héros face à l’horreur absolue. Ca fonctionne à fond sur moi, car Morrison y va à fond.

Après, Seven Soldiers est une belle oeuvre, mais qui me laisse un goût d’inachevé notamment à cause de Mr Miracle et Bulleteer, qui « plombent » l’histoire en étant décevants (mais pas pour les mêmes raisons : Mr Miracle est frustrant comme tu le dis, car ça aurait pu/dû être bien supérieur et ça se sent ; Bulleteer parce que c’est assez faible, assez vide et artificiel, c’est certes voulu pour illustrer la thématique de Morrison dessus et sur le monde des geeks, mais ça ne « rend » pas bien). Même si tout le reste est très bon, même si le principe est bien plus ambitieux et énorme que Final Crisis (au fond, FC a une thématique simple, la forme de la narration est juste complexifiée et les principes sont tellement simplifiés à l’extrême qu’ils en deviennent compliqués - l’idée qu’une chanson incarnant la Vie puisse stopper l’Equation d’Anti-Vie, une formule de maths, c’est direct et simple mais rarement vu), ça m’a moins plu, parce que c’est moins homogène.

Ce que tu dis est assez juste, et tu défends bien « Final Crisis » (que j’aime aussi beaucoup, hein), qui est en effet plus épique, plus « direct » et simple, c’est assez vrai aussi.
Mais dans l’ambition de Morrison de raconter une sorte de saga « diffractée » par le prisme du point de vue de chacun des personnages, ce qui est le cas de « Seven Soldiers » et aussi « Final Crisis » (où l’hsitoire est quasi en permannence relatée par un personnage à un autre), je trouve « Seven Soldiers » plus abouti, malgré quelques ratés…
Je ne trouve pas « Bulleteer » si foiré que ça, c’est un comics qui se veut dans la veine de productions récentes outrageusement sexy et « cool », et dans le genre (qui n’est pas ma tasse de thé a priori), ça le fait plutôt bien. Et puis j’aime la méchante, Sally Sonic, plutôt un bon concept.

Plus abouti, je ne suis pas d’accord. Plus ambitieux et plus poussé, oui.
Avec toutes les différentes histoires imbriquées, l’aspect métaphysique, les 7 Tisseurs du Temps en maîtres ultimes et en même temps avatars d’auteurs de comics, avec aussi le principe de l’Homme qui se détruit lui-même sciemment (l’Homme est définitivement un loup pour l’Homme ici, au propre et au figuré au vu de l’apparence des ennemis de l’Humanité de « notre » époque), Morrison livre avec Seven Soldiers une oeuvre énorme, à l’ambition démesurée mais qui part dans tous les sens. Final Crisis est plus humble sur le fond, donc plus clair une fois qu’on a compris le « truc ».

Après, concernant Bulleteer, Morrison a raison de dire que c’est son « comics-Bendis ».
C’est juste con que je sois, finalement, très peu friand de Bendis. :slight_smile:

Pour Bendis, j’aurais tendance à plutôt partager ton opinion, sauf que « Bulleteer » ce serait quand même du « Bendis réussi », je trouve. C’est à dire les points forts de Bendis (les dialogues en règle générale, et un sens de la punchline et de la pose, cf. ici la dernière page de Bulleteer 1, avec le « Bang » et le joufflu bien en évidence…) alliés à une densité et un sens de l’extravagance qui lui sont par contre étrangers.

Je me suis rarement régalé à lire une chronique aussi enivrante que la tienne. Je relis actuellement cette oeuvre méga-méta aussi impressionnante (Morrison éditeur, scénariste, concepteur, hommageur;)) qu’ambitieuse. C’est sûrement la série la plus ambitieuse des trente dernières années, je dirais.

Tu m’as régalé. Merci Photonik!!! :wink:

A la relecture, il fallait conserver Pascal Ferry, magnifique dessinateur qui aurait mérité de rester sur quatre épisodes. Le resultat aurait été tout autre. Ca reste pour moi un gros pincement au coeur.
Mister Miracle, c’est Morrison. Coloré, dingue, aventurier et paumé aussi.

Quelle saga!! Quel travail!

Merci encore Photonik. Tu es magnifique.

Wow !! Merci beaucoup à toi, Hush, pour ton appréciation qui fait chaud au coeur… :slight_smile:
Concernant « Seven Soldiers », je suis surpris de ne pas voir cette saga dantesque plus souvent citée non seulement comme une réussite majeure non seulement au sein du corpus de Morrison, mais aussi tout simplement du catalogue de DC Comics. Un chef-d’oeuvre total, sans aucunement galvauder le terme.

Personnellement, ca peut se placer juste en dessous d’un Fourth World de Kirby (qui était une prouesse éditoriale en son temps). On retrouve cette architecture multititre et distanciel ainsi que cet amour pour les personnages.

C’est vraiment deux pépites à tous les points de vue.

Et venant de toi, la notion de "chef d’oeuvre’ n’est pas galvaudée. :wink:

Lesniewski