SOLEIL ROUGE (Terence Young)

REALISATEURS

Terence Young

SCENARISTE

Laird Koenig, Denne Bart Petitclerc, William Roberts, Lawrence Roman

DISTRIBUTION

Charles Bronson, Toshirô Mifune, Alain Delon, Ursula Andress, Capucine, …

INFOS

Long métrage français
Genre : western postmoderne
Titre original : Soleil rouge
Année de production : 1971

SYNOPSIS

En 1871, un précieux sabre de samouraï, cadeau de l’empereur du Japon au président américain, est volé à l’ambassadeur chargé de le transporter. Kuroda, l’un des samouraïs de l’escorte, doit retrouver les auteurs de ce vol…

À l’orée des *seventies *le *western * cherche son deuxième souffle ; marqué par l’empreinte de Theodore Roosvelt & **Buffalo Bill ** l’entrepreneur de divertissements et par la théorie de la Frontière prônée par F.J. Turner dés ses débuts, le genre connaît sont apogée entre 1930 et 1960.
Le genre doit être entendu ici comme une détermination générique dans une optique non pas classificatoire, mais fonctionnelle.

Au début des années 1970 l’Histoire, celle avec sa hache majuscule l’a rattrapé via l’Extrême-Orient et la guerre, la première qui passe en direct ou presque sur les networks étasuniens. (Pour en savoir +)

En outre le western classique si je puis dire se voit distancé par son cousin consanguin transalpin grâce à des réalisateurs tel que Sergio Leone et sa trilogie dite des dollars ou encore Sergio Corbucci (Pour en savoir +).
Mais déjà en son sein s’ébrouaient des productions atypiques comme Vera Cruz (Pour en savoir +) ou The Shooting pour n’en citer que quelque unes.

Si Soleil rouge n’est pas aussi radical que The Shooting il est pour le moins postmoderne & atypique.
Ainsi dès la scène d’introduction cite-t-il **Le Vol du rapide **(1903) d’une manière assez iconoclaste, pour enchaîner sur la poursuite d’un butin composé d’or, cet or qui n’est bien entendu rien de moins que celui de son « Âge d’or », lui aussi enfuit et enfouit quelque part.

Sans oublier d’utiliser des artifices appartenant au registre du western spaghetti, qu’il sait aussi le cas échéant détourner avec malice.

La particularité de Soleil rouge et de mêler quelques années avant Star Wars le *western * et le Japon féodal, en l’occurrence en associant Charles Bonson en voleur de grand chemin et Toshirô Mifune en samouraï lancés tous deux à la poursuite d’un dandy aussi fourbe que peut le laisser entendre sa tenue vestimentaire et sa singularité physique : c’est un gaucher. :wink:

Or donc de cette situation va naître un film qui tire à la fois vers le burlesque et vers le western pur et dur, même l’attaque des Indiens ne nous est pas épargnée.
Réalisé de main de maître par Terence Young avec des stars en pleines possession de leurs moyens, **Soleil rouge ** ne fait pas mentir l’historien des civilisations Richard Slotkin qui voit dans la violence une matrice de l’imaginaire américain.

Le héros américain vu par Slotkin et qui plus est le héros de western dont l’historien dit du genre qu’il est : « l’histoire de l’Amérique », se confronte violemment soit aux forces de la nature, soit aux forces de l’ombre.
La « régénération par la violence » selon les termes de Slotkin lui-même, permet au héros d’accéder à une nouvelle identité, cette confrontation épouse une structure narrative similaire à la quête où le but n’est pas seulement de retrouver un homme ou un trésor, voire assouvir une vengeance mais bel et bien se transformer lui-même, devenir un homme nouveau en quelque sorte.
Issue de la littérature coloniale du XVIIIe ce thème est aussi celui de F.J Turner au travers de sa théorie de la Frontière (1893).

Ce parcours initiatique dont j’ai dit qu’il était indissociable de la notion de héros (Pour en savoir +) participe à ce qu’il est commun d’appeler de nos jour le monomythe (Pour en savoir +).

J’ai eu pendant assez longtemps une certaine réticence à accepter l’universalité de cette théorie que l’on doit à Jospeh campbell.
J’y voyais surtout une lecture occidentale de mythes qui ne l’étaient pas par un occidental.
Lus au travers du prisme de cette partie du monde je doutais que les trois actes édictés par Campbell puissent se retrouver dans tout un ensemble de cultures parfois fort éloignées de la notre.
Et puis j’ai découvert que cette lecture culturelle épouse un aspect naturelle commun à tous les être humains. (Pour en savoir +).

Cette découverte m’a définitivement (?) réconcilié avec Joseph Campbell et son monomythe.

Cela étant dit, Soleil rouge est aussi un film qui délivre une matière à fascination immédiate grâce à son premier degré et à son *casting *internationale haut de gamme.
Pas besoin de chercher midi à quatorze heures !

Il propose également un regard sur la culture japonaise qui n’est jamais condescendant, et dont l’apport est loin d’être anecdotique puisqu’il participe à la dynamique de l’histoire.
Soleil rouge est définitivement l’un des meilleurs westerns jamais tournés (à mon avis) ; un film que l’on peut voir et revoir.

:wink:

1 « J'aime »

Excellent…et toujours aussi instructif ! Et là, c’est toi qui m’as rappelé des souvenirs, puisque Soleil Rouge est un western cosmopolite que j’ai vu plusieurs fois dans ma prime jeunesse… :wink:

Merci, et avec plaisir.

Vous avez aimé Soleil rouge ?
Vous ne connaissez pas **Soleil rouge ** ?

Pas de problème, laissez vous inviter à lire une bande dessinée réalisée par Yves Got pour le Journal Pilote (le journal qui s’amuse à réfléchir) :

(Pour en savoir +)

Bonne lecture ! :wink:

Rediffusion de Soleil rouge ce soir à 22h30 sur Direct 8.

Dan Panosian :

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1 « J'aime »

Wow !

Jim

WiP :