Somna
Un village anglais en pleine période de chasse aux sorcières au 17e siècle. Ingrid y est mariée à Roland, le chef des inquisiteurs. Il est entièrement dévoué à sa cause et délaisse sa femme, frustrée de ne pas voir ses simples besoins assouvis. Chaque nuit, elle retrouve une forme fantomatique qui l’entraine dans une spirale érotique où elle apprend à trouver le plaisir, en dépit de la honte qui l’assaille au réveil.
- Éditeur : Delcourt (13 novembre 2024)
- Langue : Français
- Relié : 192 pages
- ISBN-10 : 2413084991
- ISBN-13 : 978-2413084990
Yes !
J’étais passé sans voir la VO. Je viens de lire la VF.
C’est parfait, la lecture de l’année (au moins), je crois bien.
On ne peut pas lâcher le bouquin. On est dedans en quelques pages. L’alternance entre les deux dessinatrices pour les phases de rêves (Tula Liotay) et d’éveil (Becky Cloonan) fonctionne parfaitement.
Les deux styles sont très très élégants. Les expressions que les visages de Becky Cloonan font passer en quelques traits sont incroyables. Les passages par Tula Liotay, plus sombres mais aussi plus érotiques, ne sont jamais ni vulgaires ni voyeurs. Tout est vraiment parfait.
Bien sûr qu’il y a du travail à partir de photos. Mais c’est bien du dessin à partir de photo, qui sait s’en écarter, avec le style de chaque dessinatrice qui domine sur le modèle. Pas du calque ou de la peinture par-dessus comme Bilal ces dernières années ou d’autres pires. Là, c’est parfait.
Je ne sais pas qui a apporté quoi au scénario. L’histoire est rapportée sans digressions inutiles, mais prend juste le temps nécessaire, et c’est très efficace. Un coup de théâtre que je n’ai pas vu venir, des coups de théâtre qu’on attend… et on se désespère en ne les voyant pas advenir.
Sans décortiquer ni analyser les messages, qui sont portés par le personnage principal, par son mari, par le prêtre, et par l’histoire globale, la simple lecture m’a happé et j’ai été pris par les émotions de chacun, ce qui les emprisonne ou leur permet de donner un sens à leur vie.
J’ai trouvé qu’il y avait vraiment un équilibre parfait, dans les dessins comme dans le scénario. Épatant.
Point très négatif : il manque les 11 pages du récit originel « What blighted flame burns in thee? », histoire à la base de ce qui deviendra Somna, reprise dans le n°1 de Somna (the devil’s cut).
Très très dommage, même s’il n’est pas raccord avec le récit de Somna.
Originating from their 11-page narrative What Blighted Flame Burns in Thee? in DSTLRY’s debut one-shot The Devil’s Cut, Somna offers a haunting investigation into puritanical repression and concealed desires. This is a monumental series, presented in 48-page perfect bound issues, each a collectible piece unto itself.
Point négatif n°2 : Maigre sélection de couvertures en fin d’ouvrage, alors qu’il y en a de toute beauté qui n’ont pas été retenues.
Dani (je mets la version N&B) :
Vanessa Del Rei :
Jae Lee :
Michael Kaluta :
Anwita Citriya :
et il y en a d’autres.
Et puis traduire l’élégant et efficace sous-titre « a bedtime story », qui recouvre bien le jeu de l’histoire, par le lourdingue « une petite histoire avant de s’endormir », rmblblrmbl.
(traduction d’Hélène Remaud-Dauniol)
Pour terminer sur un point positif :
y’a un ruban marque-page, alors, hein.
Mais c’est magnifique visuellement !
S’il s’agit bien de ce récit, il me semble que ces pages sont intégrées parmi les bonus spécifiques de l’édition spéciale éditée par Pulp’s comics. Avis aux intéressés.