SOUTHERN BASTARDS #1-20 (Jason Aaron / Jason Latour)

"C’est « Shérif, fais-moi peur" réalisé par les frères Cohen sous acide »

De l’aveu du scénariste Jason Aaron (Wolverine & The X-Men), l’éditeur Marvel Comics ne le laisse pas assez jurer dans ses séries. C’est ainsi qu’il vend le comics sobrement intitulé Southern Bastards (les bâtards du sud) co-crée avec le dessinateur Jason Latour (Winter Soldier).

Ce comics marque la troisième collaboration entre les deux auteurs qui travaillent actuellement sur le Web-Comics Wolverine: Japan’s Most Wanted.

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Liens
Le site de l’éditeur: imagecomics.com
Le blog du dessinateur: jasonlatour.blogspot.fr

Image recrute à mort en ce moment, Brub, Aaron, Fraction, sans compter les dessinateurs. C’ouf.

Sans oublier Remender qui revient aussi chez Image. Cette vague d’annonces fait sacrément plaisir. Marvel n’a pas complètement bouffé ces grand scénaristes et c’est tant mieux.

mais il opte cette fois pour des minis. C’est dommage, les scénarios au long cours, c’est pour cela que j’aime les comics.

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Deux pages supplémentaires de Southern Bastards #1:

[size=150]INTERVIEW DU SCENARISTE JASON AARON[/size]

Je m’intéresse de plus en plus à Aaron, donc cette série de dérogera pas à mon attentive attention.

Source: www.comicbookresources.com

Source: www.comicbookresources.com

Source: www.comicbookresources.com

Une pauvre âme revient dans sa ville natale et décide, à contre-cœur, de réparer les dégâts à coup de lattes et de souvenirs haineux. Ça vous rappelle quelque chose ? Et non, il ne s’agit pas de Scalped mais de la nouvelle série « indé » de son papa, Jason Aaron, et de l’excellent dessinateur Jason Latour.

Southern Bastards c’est un comics de genre qui n’invente rien mais qui le fait avec brio et, ce, grâce à la narration percutante des deux auteurs (un peu comme euh… Scalped, en fait).
Ce premier arc offre exactement ce qu’on en attend : HBO sur papier. C’est ce qui se arrive quand Aaron (Jason) décide de réviser ses origines sudistes, après avoir vu True Detective, dans un petit drame domestique mâtiné polard poissard où l’on retrouve toutes les obsessions de son auteur (la fuite en avant, l’esprit de meute), le tout magnifié par l’excellent coup de crayon de Latour (Jason aussi).

En bref: Un démarrage qui donne tout ce qu’il a (et même un peu plus).

[size=150]INTERVIEW DU SCÉNARISTE JASON AARON[/size]

Source: www.comicbookresources.com

[size=150]INTERVIEW DE JASON LATOUR ET JASON AARON[/size]

Source: www.comicosity.com

Source: www.comicbookresources.com

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Je viens de lire le premier arc (les quatre premiers épisodes) et personnellement, j’aime beaucoup.

Alors je l’ai déjà dit, je suis pas méga fan de Scalped. Je veux dire, j’aime bien, c’est sympa, mais c’est écartelé entre une réputation surfaite et une intrigue somme toute assez bourrine. Cette tension, personnellement, me rend la série assez pénible dans le sens où je trouve que le nappage « sérieux » (la caution indienne, la légère touche de surnaturel ou d’hallucination, l’inscription dans une perspective historique) n’accouche au final que d’une souris (une enquête qui se conclut en duel bas du front). Rajoutons à cela un dessin qui masque ses faiblesses par beaucoup de noirs (ça texture, ça remplit, c’est assez joli, mais ça ne tient pas sur un épisode…). Bref, j’aime bien, mais pour moi, c’est du comic pop-corn. Qui s’oublie assez vite.

Ce que j’aime bien dans Southern Bastards, c’est que, justement, c’est vendu comme un truc bourrin, presque premier degré. Cette mise à niveau des intentions et du résultat me semble rafraîchissante. On nous promet une histoire hard-boiled dans un état du sud, et au final, c’est ce qu’on a, un roman noir chez les ploucs.
Il est à craindre que tous les gens qui, contrairement à moi, apprécient certains ambitions de Scalped et sont sensibles au discours social soient un peu déçus par Southern Bastards, mais franchement, ce serait à tort.
C’est très bien écrit, il y a un rythme excellent, les scènes de silence (solitude, dépression…) sont super bien amenées, les bastons sont très bien rendues, les dialogues font mouche, l’argot (le fameux « I reckon », intraduisible à moins de s’en remettre à des périphrases…) est bien utilisé. Même les scènes de sport (qui m’enquiquinent et me dépassent totalement…) sont pertinentes. Les cases rouges, mélange de flash-backs et d’hallucinations marquant les regrets, les secrets et les hontes, sont utilisées d’une manière très BD, et là, c’est un gros point fort par rapport à Scalped qui, à part de très rares exceptions sur l’ensemble de la série, n’est qu’une succession de cases, l’expression la plus simple de ce média. La caractérisation est nickel, avec ce qu’il faut de caricature pour faire fonctionner la machine. Du roman noir, du Mickey Spillane ou David Goodis d’énième génération.
Et graphiquement, ça tabasse. Jason Latour, je l’avais déjà vu dans The Expatriate, et j’avais trouvé son trait dynamique et riche. Là, je suis encore plus impressionné. Il travaille au trait, justement, pas à la masse noire. Donc il est obligé de tout dessiner sans rien (ou presque) pouvoir dissimuler. Du trait à nu, en somme, qui se dévoile. Et le résultat, c’est quelque chose d’ultra nerveux, de tendu à souhait, avec des positions naturelles et un mouvement spontané, des personnages dans des attitudes très vivantes. J’ai l’impression de voir la justesse de trait d’un Kieron Dwyer (que je considère comme l’un des meilleurs dessinateurs actuels, tout confondu…). La mise en couleurs, qui fonctionne avec des camaïeux en aplats, renforce cette fausse simplicité et, pareil, ne dissimule rien. Je trouve ça infiniment meilleur que Guéra.
Bref, ouais, joli coup de cœur pour ma part. Je ne m’y attendais pas : le sujet (les enfoirés du sud, ça donne pas envie…) et la perspective de retomber sur la fibre d’Aaron qui m’emballe le moins (je fais partie de ceux pour qui sa grande réussite, c’est Wolverine and the X-Men) m’a amené à traîner, à repousser la lecture à plus tard. Mais là, je vais me prendre le TPB, sans souci.

Jim

Bon, je viens de lire le deuxième arc, et ça reste toujours très sympa.
Le premier épisode, tournant autour de l’enterrement, est plutôt impressionnant, parce qu’il propose des rapports de force qui casse le manichéisme suggéré du premier arc. On voit les personnages (grosso modo, le « méchant » et sa cour) sous un autre angle.
Les trois parties suivantes constituent une sorte de gros flash-back. Procédé un peu casse-gueule dans le sens où ça ralentit violemment l’action, à la faveur d’une humanisation de Coach Boss. C’est plutôt bien fait, c’est sans concession, du Tarantino à la mâchoire crispée, qui ne ricane pas.
Après, ça cause de football américain, quelque chose en tête de peloton des trucs qui ne m’intéressent pas, et malgré ce handicap de taille, Aaron parvient à rendre le récit passionnant, à cause des personnages forts qu’il met en scène.
Latour est très fort, une fois de plus. Le mouvement, l’expression corporelle, tout cela est très bien rendu. Les pleines pages sont particulièrement bien amenées. C’est très agréable.
Cependant, ouf, ça y est, le flash-back est terminé. Il est temps de reprendre l’intrigue en cours. Et la promesse de l’arrivée d’un autre personnage devrait être aussi l’occasion de croiser quelques autres protagonistes passés en revue du début de cet arc. Bref, ça devrait bouger.

Jim

Si tu as un l’occasion un jour, n’hésite pas à regarder la série Friday Night Lights. La série qui parle de football américain, quelque chose en tête de peloton des trucs qui intéressent guère le spectateur français et qui se révèle pourtant être une des plus grandes réussite télévisuelles des années 2000 par un travail d’écriture remarquable et des personnages incroyables.

Une des séries qui parle le mieux des américains et de leurs pays dans ce qu’il y a de plus fort et de différend par rapport au notre.

Edit : ha oui j’adore Southern Bastards pour ma part. Déjà il y a des vieux et je kiffe les vieux.

Le football (américain ou autre : le sport en général), c’est la raison pour laquelle je ne me suis jamais approché de cette série.

Oui, c’est un des trucs forts de la série, ça. On sent le vécu, les cicatrices et le cuir épais.

Jim