Mes avis sur les mini-séries (pour les deux premiers albums, c’est fragmenté dans les kiosques) :
Obi-Wan & Anakin :
L’après Menace Fantôme n’est pas la période la plus visitée par les comics Star Wars. Pour sa deuxième mini-série de la Saga des Etoiles (après celle consacrée à Lando Calrissian en 2015), le scénariste Charles Soule a décidé de s’intéresser à la relation entre Obi-Wan Kenobi et son padawan Anakin Skywaker. Cette histoire parue aux Etats-Unis entre mars et juillet 2016 se déroule trois ans après les événements du premier long métrage de la prélogie. Anakin est devenu un apprenti doué, qui surclasse les autres padawans dans la maîtrise de la force. Mais il ne contrôle pas ses émotions et les doutes l’assaillent. C’est alors qu’il annonce à Obi-Wan son désir de quitter l’Ordre Jedi…
De son côté, Obi-Wan traverse aussi une période de questionnement. Mais la décision de Anakin devra être remise car une mission les attend. Un appel de détresse d’un monde reculé. Arrivés sur place, Obi-Wan et Anakin sont vite projetés dans un conflit entre deux peuples qui, chose étonnante, n’ont jamais entendu parler des Jedi. Mais alors qui a envoyé ce fameux message ?
Charles Soule construit efficacement son récit en faisant des aller-retours entre passé et présent. Les flashbacks sont bien intégrés au déroulé de l’histoire et sont même la partie la plus intéressante de l’ensemble en étudiant la relation entre l’élève et son maître, mais aussi entre Anakin et Palpatine, ce qui préfigure les bouleversements à venir. Mais la situation sera réglée sur le terrain, au coeur d’un conflit mouvementé…même s’il n’a au fond rien de bien original.
Cette guerre civile entre « réceptifs » et « hermétiques » reste très classique, jusque dans sa résolution et la morale finale, mais elle offre tout de même une bonne toile de fond au parcours initiatique de Anakin. La partie graphique est l’oeuvre de Marco Checchetto (Les Ruines de l’Empire, Capitaine Phasma…) qui signe de belles planches, avec notamment de très bons designs de vaisseaux, de machines et de créatures (il y a juste quelques effets ajoutés par le coloriste Andres Mossa que j’ai trouvés superflus).
Dark Maul
Depuis que les comics Star Wars sont à nouveau supervisés par Marvel, l’ancien Univers Etendu (développé sur différents supports) est maintenant connu sous l’appellation « Légendes », une vision alternative de l’Histoire de la Saga des Etoiles. Depuis bientôt deux ans, les albums de l’éditeur Delcourt, qui continue de rééditer le catalogue Dark Horse (tout en proposant de l’inédit dans sa collection Jeunesse), arborent donc le bandeau « Légendes », pour bien différencier ces récits des comic-books de la continuité officielle des nouveaux titres Marvel publiés par Panini. La bannière « Légendes » n’apparaît pourtant pas sur la couverture du 15ème tome de la collection « Le Côté Obscur » consacré à Dark Maul…et c’est parce qu’il s’agit de l’une des rares publications Dark Horse à être prise en compte dans le « canon ».
« Dark Maul : Le Fils de Dathomir », mini-série en 4 épisodes, a en effet été écrite à partir de scénarios originellement prévus pour la série d’animation « Star Wars : The Clone Wars » avant que celle-ci ne soit annulée. Le scénariste Jeremy Barlow s’est donc vu confier la tâche d’adapter les scripts de Aïda Mashaka Croal et Matt Michnovetz en bande dessinée et d’animer sur papier la suite du conflit qui oppose un Dark Maul ressuscité et revanchard et son ancien maître, Dark Sidious. Pour ceux qui n’auraient pas suivi les développements du dessin animé, un résumé de quelques lignes est disponible avant la lecture.
Jeremy Barlow ne perd quant à lui pas de temps à récapituler les événements précédents et propulse directement le lecteur au coeur de l’action. Le premier chapitre est donc très énergique…même s’il faut tout de même quelques pages pour rentrer pleinement dans l’histoire…et dès que les enjeux sont clairement établis, rebondissements, trahisons et batailles en tout genre s’enchaînent pour un résultat souvent spectaculaire. Bien épaulé par l’argentin Juan Frigeri aux dessins, Jeremy Barlow convie tous les protagonistes de la Guerre des Clones pour une bonne mini-série qui fait la part belle à l’action en proposant une suite d’affrontements rythmés et accrocheurs.
Chewbacca
Marvel Comics continue de dédier des mini-séries aux personnages iconiques de la Saga des Etoiles de George Lucas : après la Princesse Leia et Lando Calrissian et avant Han Solo (et Luke alors ?), c’est au tour de notre carpette ambulante préférée d’avoir son grand moment en « solo ». Le scénario de cette mini-série en 5 épisodes a été confié à l’excellent Gerry Duggan, l’un des meilleurs scénaristes actuels de la Maison des Idées, connu notamment pour avoir revitalisé le mercenaire Deadpool avec son compère Brian Posehn…et il continue d’ailleurs (seul cette fois-ci) d’écrire les aventures de la nouvelle star du grand écran dans sa série post-« Secret Wars ».
Avec ce nouveau titre de la ligne « Star Wars », Gerry Duggan passe des répliques à la mitrailleuse de Wade Wilson à un héros qui ne s’exprime que par grognements…ce qui ne l’empêche nullement d’être l’un des personnages les plus expressifs et les plus attachants de cet univers. Ami fidèle, coeur d’or et âme de guerrier…ces aspects de Chewie sont bien entendus mis en avant par le scénario de Gerry Duggan. Au début de l’histoire, Chewbacca est en mission…une mission dont on ne connaîtra l’objectif (très personnel) que dans les dernières pages. Hélas pour lui, la navette qu’il a emprunté à la Rébellion se crashe sur la planète Andelm IV, qui se trouve être dans la ligne de mire de l’Empire qui convoite une de ses principales ressources naturelles. Chewbacca souhaite trouver les pièces nécessaires pour réparer son moyen de transport afin de repartir le plus vite possible, mais sa rencontre avec la jeune Zarro va bouleverser ses plans…
En effet, l’intrépide adolescente va convaincre Chewie de mettre sa force et sa ruse au service de la cause des habitants de Andelm IV (et sans difficultés, hein…pour aider un peuple réduit en esclavage, on peut compter sur le wookie). La dynamique entre Zarro et Chewbacca, moteur du récit, est savoureuse : elle ne s’arrête jamais de parler et elle ne comprend pas le shyriiwook, mais au fur et à mesure de leurs péripéties, une véritable entente se dessine entre les deux héros, un respect mutuel qui va au-delà des mots. Si la situation est dramatique, Gerry Duggan n’oublie pas d’injecter une touche d’humour dans les dialogues et les situations (le passage avec Sevox et son droïde de protocole est irrésistible), ce qui donne une lecture très agréable, joliment caractérisée, et ponctuée de scènes d’action explosives. Le récit se termine sur une note touchante, à l’émotion véhiculée par la belle narration de Gerry Duggan (moins par les dessins de Noto). Bref…WRAAAARRGH ! GRRF !
Cible Vador
L’Empereur a chargé Dark Vador de trouver et de détruire un syndicat criminel qui vend ses armes au plus offrant et même à la Rébellion, ce qui n’est pas du goût de Palpatine. Le chef de cette organisation a donc décidé de réunir une équipe de chasseurs de primes pour traquer et abattre le Seigneur Noir des Sith. Bon, une mini-série qui a pour titre Target Vader ne se caractérise pas vraiment par son suspense. Le scénariste Robbie Thompson en est conscient et il en joue bien avec un bon retournement de situation après le quatrième épisode.
Le chef de l’équipe « anti-Vador » est Beilert Valance, nouvelle version d’un chasseur de primes cyborg créé pour la vieille série Marvel des années 70/80. Ce Valance est apparu pour la première fois dans la nouvelle continuité Star Wars dans la mini-série Han Solo : Imperial Cadet. Je n’ai pas encore lu cette bande dessinée (également écrite par Robbie Thompson) mais ce n’est pas gênant car le scénariste donne ici toutes les infos qu’il faut pour bien connaître le passé du personnage et la raison de sa haine pour Vador par l’intermédiaire de flashbacks bien amenés dans l’histoire.
L’ensemble est efficace : l’intrigue est bien construite, l’action est soutenue et j’ai aimé la dynamique entre les différents protagonistes (Dengar restera toujours Dengar). Cette mini-série m’a donné envie de suivre Valance dans d’autres aventures…mais j’ai été déçu par les dessins. Marc Laming avait été annoncé comme dessinateur lorsque le projet a été révélé, mais il n’a même pas tenu le premier épisode qui a été complété par Marc Bolson. En tout, les six épisodes ont été dessinés par six dessinateurs pour un résultat très inégal. Un tel manque d’unité graphique pour une mini-série est toujours énervant…