STRANGERS (Jean-Marc Lofficier / Manuel Garcia, Fernando Blanco, Fernando Pasarin, Pierre Minne)

Tu avais sans doute lu ça dans Strangers, voire dans le magazine consacré aux séries Image (il faut savoir qu’Image a édité la première saga aux States, d’où ce voisinage). Il y a eu des épisodes dans… euh… zut, je sais plus. Dans Yuma ? En poche et en noir & blanc. Notamment un épisode dessiné par Fernando Pasarin, pas encore devenu la star qu’il est aujourd’hui.

Voilà : Jean-Marc Lofficier, par le biais de sa structure éditoriale, a continué l’aventure, à laquelle plusieurs de ceux qui ont connu la période Semic (j’en fais partie) participons à l’occasion de ceci ou de cela (j’ai écrit un « dernier » épisode de Wa-Tan-Peh, ainsi qu’une mini-série consacrée à Waki). Et sa série Strangers est en quelque sorte son « magnum opus ».
Grosso modo, la première saga (celle de Semic) a été compilée dans un TPB intitulé « Étrangers en terre étrangère » (voir premier post). Puis il y a eu un second TPB. Que je commente aussi. Et désormais, la série est publiée sous la forme de comics. Faut farfouiner sur le site de Rivière Blanche, mais tout est commandable.

Alors bon, moi, j’aime bien, pour mille raisons (je connais certains personnages depuis très longtemps, comme Ozark ou Kabur, d’autres depuis moins longtemps mais j’aime bien certains d’entre eux (la Brigade Temporelle, j’ai toujours trouvé ça sympa), et j’apprécie la lecture, mais il faut reconnaître que l’écriture est dépendante du rythme de parution.
Jean-Marc, faute de moyens, travaille avec des auteurs quand ces derniers ont le temps, ce qui l’oblige à construire des intrigues en filigrane. Je m’explique : chez Semic, on savait qu’on allait faire six épisodes dans lesquels une intrigue serait déroulée de bout en bout. Donc Jean-Marc a pu y développer un truc plus ambitieux. Avec le modèle économique de sa structure, il privilégie les récits plus courts, en un ou deux épisodes. Les dessinateurs changent souvent, ce qui rajoute un aspect un peu décousu à l’ensemble. Si bien qu’il y a un sentiment d’ambition moins marquée, l’impression que la série n’avance pas aussi vite ni dans une direction précise.
Au-delà de l’aspect économique de sa petite structure, il choisit aussi de donner un « moment de gloire » à chacun de ses personnages, ce qui fait que les héros sont tour à tour au centre des intrigues, ce qui renforce le côté disparate. C’est assez cohérent par rapport au thème central (l’étranger) : les personnages ne se sont réunis que par la pression des circonstances, et n’ont guère de raisons de rester ensemble. Du coup, ils vivent des aventures séparées, mais, à partir du deuxième cycle, on sent bien que l’élan impulsé dans le premier retombe.

Après, je dois avouer que je n’ai pas tout lu. J’ai beaucoup de Strangers Universe, qui reprennent des récits Semic mis en couleurs, mais proposent aussi des inédits. Faudrait que je me replonge dans la série actuelle. Mais si tu veux t’y remettre, je te conseillerais la lecture du premier TPB. L’intrigue est d’une grande modernité, je trouve.

Jim