STYX (Philippe Foerster / Andreas)

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La critique de Styx T.1 (Simple - Le lombard) par ginevra est disponible sur le site!

Lire la critique sur BD Sanctuary

Ginevra en disait ceci :

Aux USA en temps de guerre, un marin, ex-détective privé, va élucider une affaire de drogue et de meurtres liés à l’exploitation d’un parc d’attractions : Enferland.

C’est une belle BD en noir et blanc dont certains dessins semblent inspirés par les gravures de Gustave Doré pour « L’Enfer » de Dante.
L’ambiance est glauque à souhait. Le scénario commence comme un polar et finit dans le fantastique.

À découvrir d’urgence pour tous ceux et celles qui ne l’ont pas encore lue.

C’est un des rares Andreas que je n’ai pas encore lus.

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Je vois que l’édition la plus récente date de 2012 : je vais voir si elle est encore disponible.

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Jim

Donc, tu es aux urgences ?

Hahahahaha
Non non, je me soigne, mais homéopathiquement.
:wink:

Jim

L’album s’ouvre sur la mobilisation de Laurel Hardy (son père avait de l’humour, comme il le dit lui-même), un détective qui doit fermer boutique pour aller défendre sa patrie à l’autre bout du monde. Mais son frère Frank parvient à lui trouver un boulot de planqué auprès d’un gradé chargé d’identifier et de rapatrier les corps des soldats tombés au champ d’honneur. En échange de cette faveur, le « planqué » doit rendre un menu service au maire. Dans le même temps, alors qu’il ferme son cabinet de détective, il rencontre une cliente qui sollicite ses services, et même s’il n’a pas le temps, le cas l’intrigue. Les trois affaires vont finir par se croiser et peindre un décor de plus en plus surnaturel et angoissant.

Foerster signe un scénario complexe, avec son lot de révélations qui apportent un éclairage nouveau (notamment en identifiant les liens de parenté entre les protagonistes) mais rendent parfois la lecteur étouffante, obligeant à bien vérifier qui est qui dans des pages denses en dialogues. L’ensemble est à la fois saugrenu et sordide, avec un monde interlope qui constitue une sorte de pastiche de la vie américaine, entre mythe du soldat et parc d’attraction.

On retrouve donc le sens des histoires à chute de Foerster et son goût pour un fantastique réellement tordu et des personnages rarement innocents. Il parvient à maintenir le suspense assez loin dans l’album et à réserver une dernière révélation dans la page de conclusion, faisant de son héros une figure tragique de loser manipulé, très en prise avec le roman noir dans la tradition duquel Styx s’inscrit.

Graphiquement, et même si mon édition ne donne aucune explication détaillée, Andreas ne semble fournir que l’encrage, un encrage qui redéfinit entièrement le style de Foerster et lui donne une patte incomparable. Les cases de décor s’ingénient à imiter un style hachure, et les gros plans sur les personnages multiplient les hachures. Est-ce qu’Andreas a participé au découpage ou aux crayonnés, je ne saurais dire, mais certaines cases donnent l’impression que c’est le cas : peut-être sa science des contrastes, des volumes et des éclairages donne-t-elle l’impression qu’il s’est impliqué davantage. Pour un résultat des plus surprenants.

Jim