REALISATEURS
Rocky Morton et Annabel Jankel
SCENARISTES
Parker Bennett, Terry Runte et Ed Solomon, d’après une histoire de Dick Clement et Ian La Frenais
DISTRIBUTION
Bob Hoskins, John Leguizamo, Dennis Hopper, Samantha Mathis, Fiona Shaw, Fisher Stevens, Lance Henriksen…
INFOS
Long métrage américain/britannique
Genre : comédie/fantastique/aventures
Année de production : 1993
Lorsqu’on lui demandait quel était son plus mauvais film, le regretté Bob Hoskins (Qui veut la peau de Roger Rabbit, Mona Lisa…) répondait à chaque fois « Super Mario Bros. »…en ajoutant, entre autres choses,« c’était un putain de cauchemar ». L’expérience fut si désagréable qu’il passait souvent son temps libre à se pinter entre les scènes avec John Leguizamo. Quand on posait la même question à Dennis Hopper, la réponse était identique…mais bon, Hopper disait la même chose de presque tous les pelloches qu’il a tournées dans les années 80/90.
Bob Hoskins reste tout de même celui qui s’en sort le mieux dans cette (très) libre adaptation des jeux vidéos de plate-formes Nintendo. Il s’imposait comme le choix évident pour jouer Mario Mario, un plombier italo-américain qui se retrouve transporté dans une dimension parallèle avec son jeune frère Luigi (John Leguizamo). Dans cet autre monde, les dinosaures qui ont échappé à la météorite qui s’est écrasée sur Terre 65 millions d’années auparavant ont évolué et pris forme humaine. Ils sont dirigés d’une main de fer par Koopa (ce grand cabotin de Dennis Hopper), un dictateur dont le but est de fusionner les deux dimensions pour que les sauriens reprennent leur place sur Terre. Pour cela, il a besoin d’un fragment de météorite détenu par Daisy (Samantha Mathis), une jeune archéologue qui n’a aucune idée de qui elle est vraiment…
Le projet Super Mario Bros. a été initié par le réalisateur et producteur Roland Joffé, qui était à l’époque plus connu pour ses drames historiques La Déchirure et Mission. L’une des principales difficultés pendant le développement fut de trouver le ton adéquat pour transposer l’univers coloré jeu à l’écran. Après avoir envisagé plusieurs pistes, allant d’une relation fraternelle à la Rain Man à un voyage fantastique dans le style du Magicien d’Oz, Roland Joffé a décidé d’engager Rocky Morton et Annabel Jankel, les créateurs de la série Max Headroom.
Loin des visuels du jeu (d’après mes souvenirs lointains vu que je ne suis pas un gamer), le duo a opté pour des décors sombres pour refléter la violence du monde des dinos. La ville est glauque, envahie par les posters de propagande du roi Koopa et par une mycose à l’étonnante origine. C’est très détaillé, il y a des idées étranges et amusantes dans la description de cette foule hétéroclite…et d’autres qui ne fonctionnent pas vraiment.
Peu de temps avant le tournage, et alors que les décors étaient terminés, le studio a fait marche arrière et ordonné des réécritures pour redonner au film une orientation plus légère afin de viser le public cible des jeux vidéos. Ce qui a entraîné de nombreux clashs entre les producteurs et les réalisateurs et fait de Super Mario Bros. un hybride qui essaye de jouer sur plusieurs tableaux sans arriver à concilier les deux approches, entre les gags lourdingues (les cousins stupides de Koopa) et la direction prise par Morton et Jankel.
Comme souvent dans les productions des années 80/90, il y a même l’inévitable scène de night-club qui nous offre la vision d’une scène de danse entre Mario et Big Bertha, reconvertie ici en videuse à la force surhumaine. Le travail sur les créatures est loin d’être catastrophique (le petit T-Rex Yoshi est une chouette création) mais les quelques qualités sont perdues dans le chaos ambiant de ce spectacle qui part dans tous les sens.
Les problèmes de production ont conduit à des dépassements de budget. Tourné pour environ 50 millions de dollars, Super Mario Bros. a connu un échec critique et financier cuisant (et le fait qu’il soit sorti quelques jours avant Jurassic Park n’a pas non plus aidé). Suite à ce flop , la carrière de ses deux réalisateurs a marqué un sérieux coup d’arrêt. Rocky Morton et Annabel Jankel se sont ensuite à nouveau illustrés dans le monde des vidéos et des documentaires musicaux, qui les a vus débuter. Et Annabel Jankel a signé l’année dernière son premier film en 25 ans avec le drame romantique Tell it to the Bees.