SUPERGOD (Warren Ellis / Garrie Gastonny)

Troisième tome de sa trilogie de super-héros chez Avatar, Supergod constitue une approche intéressante et novatrice du genre, même pour Warren Ellis.

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Je ne connaissais la série que de nom, et j’ai récemment pris le TPB, afin de découvrir ce qui me semblait être une énième déconstruction du genre (ce que la couverture semble annoncer). C’est bien entendu plus retors que ça.

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Décrivant un monde alternatif, où les Britanniques prennent rapidement la tête de la course à l’espace, Ellis retrace l’histoire d’une planète dont les grandes nations enchaînent ensuite sur la course à l’armement, mais au lieu d’entasser des têtes nucléaires, ils fabriquent des surhommes génétiquement modifiés. La plupart sont des sortes de dieux artificiels créés par la science. Et bien entendu, cette course à l’armement divin tourne mal pour le globe, poussant la métaphore assez loin.

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La construction est simple : un savant, survivant des équipes ayant travaillés dans le laboratoire du surhomme / dieu britannique, enregistre, à l’attention d’un destinataire qu’on ne verra jamais, son témoignage, bien conscient que peut-être seuls les cafards conscients qui succéderont à l’humanité seront en mesure d’en lire et comprendre le contenu. Cela permet de retracer la spirale d’événements catastrophiques ayant contribué à la ruine dans laquelle le scientifique tente de survivre quelques heures de plus.

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On retrouve toutes les fixettes d’Ellis (la fascination pour l’aventure spatiale, les idées scientifiques tordues, le génie génétique, les rapports entre la science, la politique et la guerre…), et il rajoute quelques notions religieux, qu’il connecte à des idées sur le cerveau et la construction de la société. C’est noir, désespéré, assez intense. Et pour un produit Avatar, ça n’affiche pas la laideur confondante que bien des produits arbore chez eux.

Bref, une relecture des super-héros assez décapante, qui prend un malin plaisir à détruire les maigres traces d’espoir que le récit a ménagées (en ça, ça utilise des mécanismes comparables à ceux de Black Gas).

Jim

J’avais bien aimé, c’est rétrospectivement mon préféré de la trilogie qui n’en est pas une.
Après, je trouve ça quand même un brin trop verbeux et trop axé sur la descritpion. Royal Space Force évitait cet aspect-là, et s’en sortait mieux.