SUPERMAN: SON OF KAL-EL #1-18 (Tom Taylor / John Timms, Cian Tormey)

Je suis assez d’accord.

Les gens (comprendre ici : les instances, bien souvent) utilisent le terme « identification » dans son acception la plus restrictive, la plus étroite : un rapport de ressemblance. Or, on sait bien que c’est faux : on s’identifie à une personnalité plongée dans une situation donnée.

Quand j’étais enfant, je ne m’identifiais pas à des enfants. Je m’identifiais à des héros adulte, à Zorro, à Tarzan, à Indiana Jones, à Albator. Je ne voulais pas ressembler à des héros qui me ressemblaient. Justement parce qu’ils ne proposaient pas une vision différente de moi-même, là où des personnages adultes le faisaient.

Pareil pour le sexe et le genre : je ne m’identifiais pas à Ash, Dallas ou Hicks, mais à Ripley. Je ne m’identifiais pas à Reese, mais à Sarah Connor. Parce que la fiction me proposait de suivre les aventures de Ripley ou de Sarah Connor, en faisant d’elles des modèles, et pourquoi je n’aurais pas comme modèle une camionneuse de l’espace ou une serveuse portant le futur chef de la résistance ?

Alors oui, la cour de récréation, les jeux que s’inventent les gamins, tout ça. C’est souvent des occasions où les enfants endossent le rôle de leurs héros. Donc oui, souvent, un garçon endosse un rôle masculin et une fille un rôle féminin. Mais l’identification ne se limite pas à ces heures passées à courir dans le jardin avec des bâtons en guise de fusil mitrailleur. C’est plus complexe et profond que ça. C’est une lente construction où les modèles de fiction ont autant d’importance et de pérennité que les modèles de la « vie réelle ». Et ça ne se limite pas du tout à la « ressemblance » à laquelle on limite l’identification.

Jim

Je n’ai pas lu l’interview, je précise.

Pour les minorités (qu’est-ce que je n’aime pas ce mot…), sûrement. Je pense vraiment qu’elles sont demandeuses et heureuses de lire des héros variés. Pas forcément s’identifier à ceux-ci mais d’en lire dans des pages de comix (Tori, tu valides?).

Donc la réussite du film Black Panther n’est lié à son identification par une population, contrairement à ce qui a pu être dit ?

Je pense que la majorité est contente de ça aussi. La « normalité » (au sens de norme, sociale ou autre), est contente de ça. En tant que blanc occidental hétérosexuel baptisé catholique qui n’a pas peur du grand remplacement, je m’en réjouis.

Un truc que les pisse-vinaigres oublient (à dessein : quand il s’agit de crier aux loups, ils ne l’oublient pas), c’est que eux aussi, ils sont dans une minorité. Et que, comme toute minorité, les plus excités d’entre eux font du bruit. Faisons une chose : ne les écoutons pas.

Bizarrement, j’ai vu plein de blancs dans la salle où j’ai vu le film.
Ça devait être une exception.
:wink:
Mais bon, moi, j’y suis allé aussi parce qu’il y avait plein de jolies nanas noires. « J’aimais déjà les étrangères quand j’étais un petit enfant. »

Jim

Dans mon salon aussi.
Non mais je ne fais que rapporter des analyses que j’ai vu ici et là.

Y a quand même un vieux fond raciste à ce genre d’analyse.
Parce que le spectateur en nous serait donc inféodé à ce que la nature a fait de nous, donc au déterminisme de la peau (entre autres) ? Le spectateur serait suffisamment pavlovien ou grégaire pour regarder des choses qui lui ressemblent ? Pour se précipiter en salle parce que la cloche du message politique a retenti ?
Après, je n’ai pas lu les analyses en question, donc je surinterprète sans doute, mais c’est quand même faire injure aux spectateurs que de réduire l’appel du film à des réactions proprement épidermiques.
C’est aussi mésestimer (à dessein je le soupçonne) la stratégie performante de Marvel, qui a réussi à lancer une machine incroyable. Et ça, ça arrange bien des gens d’ignorer ça et d’aller chercher des prétextes, des excuses et des explications ailleurs.

Jim

De mémoire, y avait pas que des blancs.

Le racisme n’est pas que blanc.
La dénonciation du racisme n’est parfois pas plus fine que le racisme lui-même.

Non, c’est juste que la plupart des commentateurs n’ont pas vu le succès arriver, ou n’ont pas anticipé son ampleur, et cherchent des excuses bidons. Parce que c’est une société où avouer qu’on s’est trompé ne se fait pas.
Le succès des films Avengers s’expliquent comment ? Parce que tous les mecs verts se sont reconnus dans le long métrage ? Parce que toutes les rousses en cuir ont senti qu’enfin on leur parlait ? Parce que les moustachus à rayban se sont enfin sentis aimés ?

Ce qui se passe, c’est qu’il y a actuellement une machine à rêves / licences / franchises qui laboure tout sur son passage. C’est l’incarnation du capitalisme de divertissement, et ça bouleverse la grille de lecture de plein de gens : les commentateurs, la concurrence, tout ça. Un raz-de-marée. Parce qu’il y a des mecs intelligents à la barre. Intelligents et courageux.
Et en face, personne ne comprend bien, personne n’anticipe. Et tout le monde cherche rétroactivement des explications. Se greffent là-dessus des tas de gens qui cherchent à récupérer le bébé. Récupération au sens politique. Le film Black Panther s’est chargé de connotations politiques comme le film Wonder Woman s’est chargé de connotations féministes (je ne dis pas que ces films n’ont pas de « message » : mais ça reste des divertissements). Tout le monde veut récupérer ça. Et ça tourne à l’échange pathétique avec tous les vieux démons qui ressortent.
Mais tout ça, ça vient après le film. De la récupération. De l’instrumentalisation. Et surtout le constat implicite que personne n’a de vision ni de flair.

Jim

Ah non mais tu prêches un convaincu (je sais comment réveiller un Lainé qui dort maintenant). Mais il me semble avoir lu ça ici. J’étais sceptique.

Tout à fait d’accord, sinon personne ne lirais de comics.

Le sujet est passé dans le 19.45 sur M6, ils ont réussi à trouver un libraire dire qu’il vendait plus de comics grâce à la diversité des héros… J’ai des gros doutes sur ses dires…

Je crois moyen à l’impact de la diversité version papier. Je crois davantage à l’impact des dessins animés. C’est par là que Moon Girl ou Miss Marvel trouvent leur public.

Jim

En France ??

Ouais, j’ai bien l’impression.
J’ai des potes qui enseignent dont les élèves connaissent ces personnages.
Nikolavitch en a parlé aussi, je crois.

Jim

On est tous minoritaire et majoritaire sur differents points.

Les mots ont leurs poids et leur logique, tu fais bien de t en.mefier.

Un arabe est minoritaire en France, mais il peut etre anti macron et ainsi etre majoritaire également.

Exemple stupide mais parlant.

Y’a eu des dessin animés moon girl et miss marvel en France ??

J’ai entendu dire que l’on pouvait regarder des séries ailleurs qu’à la télé française.

Trêve de blague, je n’y connais rien en séries et dessins animés et tout, mais ayant découvert ces personnages par la télé, je pense que les adaptations via d’autres médias ont un impact fort. De tout temps. Les dessins animés, les jeux vidéos, les films font venir des lecteurs, mais surtout, surtout, projettent une nouvelle lumière sur les personnages, un nouvel éclairage.

Jim

Miles cartonne en jeu et au ciné mais n arrive pas à tenir une serie.

Longtemps, je n’ai connu que la version de Montand (dont j’avais une cassette depuis avant mon premier walkman)… Quand je suis tombé, bien plus tard, sur la version de Ferrré, ce fut une vraie redécouverte (bon, en plus, c’est une chanson dont j’ai mis du temps à comprendre les différents passages) !

Tori.

Même pendant l’Antiquité ?