REALISATEUR/BRICOLEUR
Kunt Tulgar
SCENARISTE/PHOTOCOPIEUR
Necdet Tok (oui, c’est du toc)
DISTRIBUTION AVEC OU SANS MOUSTACHES
Tayfun Demir, Güngör Bayrak, Yildirim Gencer…eh non, il n’y a pas Cüneyt Arkin…
INFOS
Long métrage turc
Genre : aventures/S.F. à 2 liras
Année de production : 1979
La Turquie…l’autre pays du nanar…
Dans les années 70 et 80, les bisseux turcs bricolaient à la va-vite des copies éhontés des grands succès américains sans se soucier le moins du monde de choses aussi triviales que le copyright et les droits d’auteurs. Le représentant le plus célèbre de cette Turksploitation qui fait autant rêver qu’halluciner les amateurs de nanars du monde entier reste le Turkish Star Wars dont l’ami Nikolavitch nous cause ici (et en plus, il y a Cüneyt Arkin).
Bryan Singer n’a pas eu le monopole du titre…
En 1978, Kunt Tulgar, déjà auteur d’un Tarzan stambouliote, découvre avec stupeur qu’un homme peut voler dans le Superman de Richard Donner qui cartonne alors un peu partout dans le monde. Il se dépêche alors de tourner sa propre version…avec les moyens du bord.
You will believe a doll can fly…
Dans l’immensité de l’espace, une voix retentit et nous fait part du sort funeste de la planète Krypton et de son dernier habitant envoyé sur Terre à bord d’une fusée. Bon, en fait d’espace intersidéral, on a droit à une toile noire avec des boules de Nöel et des étoiles faites à la main accrochées par un décorateur stagiaire.
Espace, frontière de l’infini…
On passe directement au Clark Kent local, qui s’appelle Tayfun (comme le pseudo de l’acteur, c’est bien pratique), qui apprend la vérité sur ses origines de la bouche de son Pa et de sa Ma. Ceux-ci lui remettent un cristal vert trouvé dans son vaisseau. Les envolées lyriques de John Williams retentissent alors que Tayfun décide de partir vers le grand destin qui l’attend (mais bon, la campagne turc mal éclairée par un directeur photo aux abonnés absents, ça le fait moins que les champs de la ferme Kent).
En guise de forteresse de solitude, Tayfun trouve une grotte un peu glauque et y lance le cristal. Apparaît alors le Turkish Marlon Brando qui lui fait le récit des derniers jours de Krypton, la planète des Supermen. Et en plus, sur Krypton, tout le monde s’appelle Superman…ça ne devait pas être pratique tous les jours. Il révèle à Tayfun qu’à partir de maintenant (et ce n’est pas une blague), il aura la sagesse de Salomon, la force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et la vitesse de Mercure. Et qu’il s’appellera…SHAZ…euh, SUPERMAN !
Superman, je suis Superman…et je suis ton père !
L’intrigue qui suit, et qui tourne autour du vol d’une obscure formule permettant de créer de la kryptonite par un Lex Luthor moustachu du pauvre (et il n’est même pas chauve, le bougre) afin d’alimenter sa machine capable de transformer toute matière en or, est en grande partie pompée sur le serial de 1941 Les Aventures de Captain Marvel et en reprend donc les principaux rebondissements (jusqu’au cliffhanger de la guillotine).
De vrais têtes de méchants…mais cherchez l’intrus…
Comme le budget est macroscopique, les pouvoirs de l’Homme d’Acier sont très limités : super-force bien sûr, regard hypnotique (faut dire qu’il a un regard sacrément vide le Tayfun, il y a de quoi se perdre dedans), télékinésie (pratique pour taper à la machine à distance), vision à rayons X (dont il se sert juste pour mater une collègue, le pervers). Et quand il prend enfin son envol…le réalisateur filme une poupée Ken horriblement incrustée devant quelques unes des transparences les plus dégueulasses vues à l’écran.
Comme quoi, on peut trouver pire que L’Homme Puma…
En bon précurseur du Man of Steel de Snyder, le Turkish Superman ne connait pas sa force et se débarrasse sans ménagements de tous les sbires à moustaches qui se trouvent sur son chemin.
Même ses aisselles sont mortelles…
Quand on parle de Turksploitation, il ne faut pas oublier d’évoquer l’hallucinante bande originale…qui n’a d’originale que le nom. Ici, les thèmes de John Williams sont bien entendus utilisés à plein rendement…mais on peut également reconnaître la musique de Midnight Express, le générique de Cosmos 1999…et celui de James Bond !
Le machin ne dure que 67 minutes…et tant mieux hein, parce que les scènes d’action et de poursuites sont aussi palpitantes qu’un épisode de Derrick. Après avoir arrêté les méchants, Superman n’a aucune envie de remettre ses lunettes ridicules et de convoler avec sa Lois Lane. Il part alors vers le cosmos tout plein de boules de Noël pour retrouver la planète Krypton…
Mais attendez…je croyais qu’elle avait été détruite…ou alors c’est que le sous-titreur anglais comprend aussi bien le turc que moi…
Ah, la Turquie…une autre idée du nanar…