TARGET EARTH (Sherman A. Rose)

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REALISATEUR

Sherman A. Rose

SCENARISTES

William Raynor, James H. Nicholson et Wyott Ordung, d’après la nouvelle The Deadly City de Paul W. Fairman

DISTRIBUTION

Richard Denning, Kathleen Crowley, Virginia Grey, Richard Reeves…

INFOS

Long métrage américain
Genre : science-fiction
Année de production : 1954

Après une tentative de suicide ratée, Nora se réveille dans sa chambre d’une pension de Chicago. Elle se rend vite compte que la ville est étrangement calme et que son immeuble est vide. Lorsqu’elle sort, elle est frappée par le silence. Personne dans les rues…jusqu’à ce qu’elle tombe sur le cadavre d’une jeune femme. C’est alors qu’un homme surgit devant elle. Prise de panique, elle s’enfuit, poursuivie par l’inconnu. Quand elle comprend qu’il ne lui veut aucun mal, elle se calme. L’homme se prénomme Frank, un voyageur malchanceux qui s’est réveillé groggy après un passage à tabac. Lors de leurs déambulations, le duo tombe sur un couple ivre, qui profite de la situation pour vider les bouteilles de tous les bistrots sur leur passage.
Alors qu’ils essayent de comprendre la situation, une manchette de journal leur fournit la réponse : la ville a été évacuée suite à l’arrivée sur Terre d’une force extra-terrestre ennemie…des robots venant de la planète Vénus !

Menacés par une de ces créatures, les quatre oubliés se réfugient dans un hôtel. Pendant ce temps, l’armée et les scientifiques tentent de trouver un moyen pour stopper les envahisseurs une fois pour toute…

Target Earth est l’une des premières séries B des années 50 à traiter du thème de la Terre envahie par les aliens, suite au succès de La Guerre des Mondes de Byron Haskin en 1953. L’adaptation de l’oeuvre de H.G. Wells était un film de studio, produit par la Paramount, avec un budget confortable pour l’époque. Le film de Sherman A. Rose, monteur de formation qui n’a que quatre réalisations à son actif (Target Earth étant la première), est quant à lui une pelloche indépendante, aux moyens nettement plus modestes (moins de 90.000 dollars) et tournée en sept jours. Les ambitions ne sont donc pas les mêmes, ainsi que le résultat à l’écran.

Comme il ne peut pas rivaliser avec d’autres films du genre sur le plan du spectacle, Target Earth choisit de se concentrer sur l’étude psychologique d’un petit groupe qui se retrouve seul au sein d’une grande ville désertée et de dépeindre ses réactions face aux dangers qui les entourent. Le début du long métrage est à ce sujet très efficace : lors du réveil de Nora, il n’y a pas le moindre effet sonore, la musique ne débutant qu’après quelques minutes. Une bonne manière de retranscrire la chape de plomb qui s’est abattue autant sur Chicago que sur l’état d’esprit des acteurs de l’histoire…et une ville complètement vide a toujours une puissance évocatrice assez forte. L’atmosphère est dans ces moments très soignée…

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Après, ça ronronne tout de même un peu. Les rebondissements sont fort peu nombreux, l’extra-terrestre ne montrant sa face en fer blanc qu’une fois pendant la première demi-heure avant d’attaquer pendant les 10 dernières minutes. Pour tromper un peu l’ennui qui commence à s’installer, les auteurs ont pensé à infiltrer un grain de sable dans la mécanique en la personne d’un petit truand qui va causer pas mal d’ennuis aux héros.

À un moment, le scénario mentionne qu’une centaine de robots sillonnent la ville. On n’en verra pas tant, vu que le micro-budget a conduit le département effets spéciaux à ne construire qu’un seul costume (porté par le cascadeur Steve Calvert, habituellement empoyé dans des costumes de gorilles). c’est donc le même robot venu de Vénus (pourquoi Vénus ? On ne sait pas comment les personnages le savent, et ce n’est jamais vraiment expliqué de façon convaincante…le charabia d’usage) qui déambule inlassablement dans les rues de Chicago et qui poursuit (lentement, très lentement…c’est que ce n’est pas rapide, une machine à laver sur pattes) Nora, Frank et compagnie à l’occasion d’un climax un chouïa plus mouvementé que ce qui a précédé.
Autre signe du manque d’oseille, l’attaque de l’armée n’est quasiment constituée que d’images d’archives.

La modestie de la production limite le plus souvent l’impact de l’intrigue, mais ces réserves mises à part, il y a de bonnes idées dans ce Target Earth, et une interprétation assez solide (avec notamment Richard Denning, vu dans L’étrange créature du Lagon Noir). Dans le contexte de l’époque (et de cette paranoïa galopante caractéristique des séries B des fifties), ce tout petit film tient au final encore plutôt bien la route, malgré le faux rythme et le robot ringard qui peine à se montrer menaçant…surtout quand il essaye de monter un escalier !

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Attendez moi, j’arrive !

À noter qu’on retrouve au scénario Wyott Ordung, le réalisateur de Monster from the ocean floor qui est historiquement le tout premier film produit par Roger Corman, et surtout James H. Nicholson, le big boss de American International Pictures, l’un des studios indépendants les plus actifs des années 50/60, grand pourvoyeur de bisseries dont un grand nombre ont été réalisées et/ou produites par Roger Corman.

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