TARZAN (David Yates)

Devant la caméra de David Yates (la saga Harry Potter), Alexander Skarsgard (True Blood) est la nouvelle incarnation du Seigneur de la Jungle créé par Edgar Rice Burroughs. Et sa Jane est interprétée par Margot Robbie (Harley Quinn dans Suicide Squad).

Le premier visuel :

[quote]DATE DE SORTIE FRANCAISE

6 juillet 2016

REALISATEUR

David Yates

SCENARISTES

Stuart Beattie, Craig Brewer, John Collee et Adam Cozad, d’après les personnages créés par Edgar Rice Burroughs

DISTRIBUTION

Alexander Skarsgard, Margot Robbie, Christoph Waltz, Samuel L. Jackson, Casper Crump, John Hurt, Djimon Hounsou…

INFOS

Long métrage américain
Genre : action/aventures
Titre original : The Legend of Tarzan
Année de production : 2016

SYNOPSIS

L’homme qui s’est fait connaître sous le patronyme de Tarzan a quitté la jungle africaine depuis bien longtemps : de son véritable nom John Clayton III, Lord Greystoke, il mène désormais une existence bien tranquille aux côtés de son épouse bien-aimée Jane. Invité au Congo en tant qu’émissaire du commerce auprès du Parlement, il ignore encore qu’il n’est qu’un pion entre les mains du redoutable Capitaine Leon Rom, officier belge, qui compte bien l’utiliser pour assouvir sa soif de vengeance et sa cupidité. Mais les artisans de ce complot meurtrier sont loin de se douter du chaos qu’ils s’apprêtent à déclencher…[/quote]

Ah mais c’est pas mal du tout.

J’en ai marre de voire des mecs ultra muscle ça me fait complexer mdr

La première bande-annonce :

Y a un côté épique limite fantastique qui colle parfaitement au personnage des romans. Donc ça, bien.
Après, y a un côté plastique aux acrobaties au bout des lianes. On peut imaginer que la post-prod n’est pas finie et que ça sera plus propre, moins « en toc », sur le vrai film.

Bon, moi, je rêve que Tarzan retrouve son public et qu’une suite de films (ou une série télé…) lui permette de rencontrer tous les trucs exotiques qui ont animé les romans et les BD. Genre, Pellucidar, tudieu.
J’ai le vague souvenir que la série télé Tarzan, de la fin des années 1990, avait montré les Mahars (ces reptiles protéiformes hantant Pellucidar, je crois qu’on les voit aussi dans le Tarzan / Predator de Lee Weeks). J’ai d’ailleurs un souvenir pas désagréable de cette série…
Alors bon, si une série d’il y a presque vingt ans a tenté le coup, pourquoi le cinéma n’y parviendrait pas ?

Jim

Je suis trop marqué par les films de Johnny Weissmuller …

Gamin, j’étais très fan du « Greystoke » avec Christophe Lambert. Me demande bien ce que ça donne à la revoyure…

Pour toi bien entendu je ne sais pas, mais en ce qui me concerne je l’ai revu plusieurs fois et il est toujours aussi bon.

Certainement celui qui est le plus proche du premier roman de Burroughs.

La nouvelle bande-annonce :

http://www.cine-sanctuary.com/public/sanctuary/img/images_7/images7.2/tarzanposter.jpg

Toujours aussi bien.
Acteurs formidables, discours subtil faisant une association qui ne tourne ni à l’amalgame ni au raccourci entre la critique du colonialisme et la défense de l’écologie (il y a un côté Les Animaux dénaturés, si l’on veut, à condition de voir Tarzan comme le chaînon manquant, mais à mon sens, ça me semble une lecture pas hors sujet du film de Hudson), décors épatants (à la fois l’Afrique et l’Angleterre), bref, aussi beau que fort.
Revois-le, je crois que tu seras content.

Jim

George Washington Williams (Samuel L. Jackson) et Tarzan (Alexander Skarsgard) :

Nouveau teaser :

youtube.com/watch?v=RnpinbAtQR8

Y a encore un vernis un peu plastique à l’ensemble, mais y a cette petite touche fantastique qui colle si bien au personnage. S’ils arrivent à maintenir ça sur l’ensemble du film, ça peut le faire.

Jim

La bande-annonce finale :

youtube.com/watch?v=jBwynG1beCE

Vu avant-hier : j’ai passé un excellent moment.
Même si le dernier tiers souffre de rapidités et de coupures, je pense, sur le montage définitif, l’ensemble est extrêmement positif et puissant. Oui, puissant, c’est juste le mot pour définir ce Tarzan, autant le film que le personnage, qui fait l’inverse du schéma classique grâce à un scénario qui évite le remake (l’histoire se passe huit ans après la rencontre Jane/Tarzan et l’arrivée à la civilisation). On a ici un Lord Greystoke bien installé en Angleterre, obligé de retourner en Afrique et de redevenir Tarzan ; c’est bien, ça change, ça permet d’avoir aisément le schéma narratif, c’est malin.
Mais, au-delà des bonnes prestations d’acteurs (Waltz joue son méchant classique mais efficace ; Robbie joue une Jane qui est loin d’être une demoiselle en détresse ; Jackson est plus concerné que d’habitude et joue très bien le point de vue du spectateur ; et Skarsgard est impressionnant en géant puissant et mutique, véritable force sauvage qui n’est retenue que par un vernis de civilisation qui craque peu à peu), c’est surtout la portée politique du film qui m’a marqué. Je ne pensais pas découvrir ici un tel discours aussi incisif contre la colonisation, le capitalisme, la défense de l’écologie et de la nature, et l’esclavage. Surprise, donc, mais très positive car ça fonctionne très bien dans ce contexte (d’autant plus que les personnages de Waltz et Jackson ont existé, ont fait ce type de choses, et que celui de Jackson a globalement le même rôle historiquement).
La réalisation aussi est très bonne, mais avec un « grain » d’image et une ambiance très sombre, apocalyptique, qui est aussi une bonne idée.

Bref, encore beaucoup à dire, mais ce film me « travaille » depuis vendredi - une bonne chose.
Je reviendrai en dire plus.

En attendant, un rapide hommage en photo de Lego :

Je l’ai vu et j’ai également passé un bon moment.

Je verrais seulement deux défauts au film. Mineurs, somme toute.
Tout d’abord un défaut sur le fond. Certes, les personnages entourant Tarzan sont des hommes historiques (Léon Rom et son oppression du Congo, George Washington Williams et sa guerre contre l’esclavage), et le personnage de fiction s’inscrit dans une vraie perspective historique (la « lettre ouverte » a réellement existé…). Il n’empêche que la vision de l’Afrique, sorte de continent idéalisé, uniforme et victime, et l’insistance sur les gros sabots des nations colonisatrices, trahit la mauvaise conscience de l’Amérique, et c’est un poil balourd. Rien de grave, mais faut pas l’oublier.
Ensuite un défaut sur la forme, qui tient sans doute à des bidouilles de montage. Mais en gros, le film comprend une première partie assez contemplative, lente, très belle, alignant magnifiques images et portrait silencieux d’un héros déjà blessé, le tout sur fond de savane magnifique. Et soudain, quand l’action commence, ça n’arrête pas, jusqu’à la fin. Il manque, dans la seconde partie, des pauses pour souffler, et pour rééquilibrer un peu la dramaturgie (qui se résume à une course-poursuite). Là également, rien de grave, mais tout de même, un poil plus d’équilibre aurait été bienvenu.

En dehors de ça, le film a plein de qualités. Un héros réticent, qui n’a aucune envie de repartir, à mille lieues du « bon sauvage » que le cinéma nous sert d’ordinaire. Il est en quête d’identité (rapport à la mère), en plein déni, d’une certaine manière il est l’héritier de la version de Lambert. Mutique, il s’exprime par un soulèvement de sourcil, un plissement d’œil ou un grognement. Épatant.
Le récit évite une énième récitation des origines. Ouf. Le passé (naufrage, maison dans les branches, mort d’Alice, couffin, mort du père, enfance parmi les singes) fait l’objet de flash-back qui sont distribués avec finesse, et surtout qui servent à éclairer les différents personnages pour qui ce passé aura été marquant. Et ça, c’est très bien joué, ça pose magnifiquement les tenants du drame qui se joue, c’est très habile.
Le méchant est super classe. Planqué derrière sa moustache, Waltz surjoue un peu, mais moins que d’habitude, et il livre un personnage qu’on pense malingre et inadapté, et qui s’avère doté d’une carrure impressionnante. Un vrai salaud plein de classe. Ça aussi, c’est chouette.
La fameuse « mauvaise conscience de l’Amérique » dont je parlais plus haut amène le scénario à poser un regard clair sur l’esclavage, l’exploitation des richesses, mais aussi à énoncer un discret discours écolo. Le plan sur les wagons chargés d’ivoire est très fort. L’idéalisation de la tribu africaine (je dis « la », parce que justement le travail aurait pu être poussé afin de décrire plusieurs cultures différentes…) est contrasté par la description d’un « rite de passage » qui induit un rapport à la nature sauvage moins idyllique et charmant que celui qui prédomine. Ce discours écolo n’est pas très poussé, mais il est là, c’est intéressant.
Enfin, le film fait le choix d’une pudeur accrue vis-à-vis de la violence, de la mort et du sang. Ah ça, ça meurt, ça souffre, mais on ne le voit pas. Soit par le truchement d’ellipse, soit par le recours à des plans éloignés voire à des hors-champ, on ne voit pas les gens se prendre une balle ou mourir dans les mâchoires d’un crocodile. J’imagine que c’est une manière de s’aligner sur une version « classique » du personnage, sur un cinéma qui jouait à l’époque la suggestion plus que la monstration, mais personnellement je trouve ça très bien, à une époque où l’exhibitionnisme prévaut dans les films à grand spectacle.
Bref, si on sent, une fois de plus, que Hollywood profite d’un sujet pour tenter d’y donner le beau rôle à l’Amérique (donneuse de leçon, alors que, si Opar et ses diamants avaient existé, je pense que la nation américaine se serait précipitée dans les bras du colon belge pour rafler la mise), on a un spectacle visuel épatant qui prend son temps pour faire vivre ses personnages et qui tente d’élever le débat. Plutôt méritant, quoi.

(Reste que, face à certaines scènes où John et Jane retrouvent leurs amis africains, je me suis dit qu’il y a eu une occasion ratée. Je râle souvent de voir des personnages blancs incarnés par des acteurs noirs sans raison valable. Là, je crois que l’occasion aurait été magnifique de proposer une Jane noire. Après tout, son instituteur américain de père aurait pu adopter, et ça aurait été assez magnifique de voir un couple de couleurs - au pluriel - à l’écran. Et j’ai repensé à Tom Strong, et aux territoires qu’il a explorés à la place de Tarzan…)

Jim

1 « J'aime »

En effet. Mais, au-delà, de ce côté « gros sabots », il est surprenant et agréable de découvrir un discours aussi incisif dans un film aussi « grand-public » et, à priori, inoffensif qu’un Tarzan. Plutôt une belle surprise, d’autant plus que si l’Amérique vient donner des leçons, elle n’en oublie pas ses propres erreurs et errances.
C’est maladroit, mais positif.

Je suis d’accord également. A mon avis, il y a eu des coupes sévères dans la dernière partie : globalement, dès que Tarzan affronte son « frère » et que George Washington Williams énonce son petit discours perso’, tout va trop vite.
Arrivée trop rapide à Opar des Belges, arrivée trop rapide de Tarzan, affrontement trop rapide avec la tribu, arrivée trop rapide dans la ville ; ça a dû couper sec, car Djimon Hounsou n’a finalement pas grand-chose à jouer, et ça manque de bonnes 5/10mns pour poser un peu le récit et calmer le jeu, en justifiant les voyages.
Après, ça n’est pas handicapant, mais ça fait tiquer ; là où, en effet, les deux premiers tiers étaient très contemplatifs, calmes et maîtrisés.

Ca aurait pu donner quelque chose d’intéressant - mais ça n’aurait pas été Tarzan et Jane.
Jane est la première femme blanche qu’il voit, le premier humain de la même couleur que lui. C’est la découverte d’un autre lui-même, là où les africains étaient suffisamment « éloignés » de lui pour que ça ne fasse pas « tilt » dans sa tête.
Quand Tarzan rencontre Jane, il voit un autre lui-même, un reflet féminin ; et ça change entièrement sa vision du monde.