TEENAGE CAVEMAN (Roger Corman)

REALISATEUR

Roger Corman

SCENARISTE

R. Wright Campbell

DISTRIBUTION

Robert Vaughn, Darah Marshall, Leslie Bradley, Frank DeKova, Jonathan Haze…

INFOS

Long métrage américain
Genre : aventures/science-fiction
Année de production : 1958

« Je n’ai jamais réalisé un film intitulé Teenage Caveman. » (Roger Corman).

Et dans un certain sens, c’est vrai. Lorsque Roger Corman emmène sa petite troupe d’acteurs jouer les hommes des cavernes soigneusement peignés et rasés de près dans les environs très reconnaissables de Bronson Canyon (lieu de tournage d’innombrables bisseries et séries TV jusqu’aux années 60/70…le capitaine Kirk y a affronté une flopée de créatures, Batman y faisait vrombir sa Batmobile en surgissant de la Bat-Cave…), c’était pour tourner Prehistoric World, d’après une histoire de R. Wright Campbell, un scénariste, également comédien à de rares occasions, avec qui il venait déjà de travailler sur Mitraillette Kelly (également sorti en 1958), un bon film de gangster avec Charles Bronson en vedette.

C’était l’époque où Corman était le réalisateur le plus prolifique du studio indépendant American International Pictures. À l’aise dans tous les domaines du cinéma d’exploitation, Corman a réalisé 24 films entre 1955 et 1959 et s’est vite révélé très profitable pour ses producteurs Samuel Z. Arkoff et James H. Nicholson, toujours à la recherche de la formule idéale pour vendre leurs pelloches aux drive-ins et aux doubles programmes des salles de cinéma.
Ils décidèrent donc sans en référer à Corman (ce que l’intéressé n’a pas tellement apprécié) de changer le titre Prehistoric World en Teenage Caveman, pour capitaliser sur le succès des séries B horrifiques I was a teenage werewolf et I was a teenage Frankenstein…et parce qu’à cette époque, tout film qui surfait sur la vague de la rébellion adolescente rapportait facilement de l’argent.

467509a7e87c163e57a63835617fe23c

Un an avant d’être nommé à l’Oscar du Meilleur Second Rôle pour Ce Monde à part et deux ans avant de rejoindre la bande des 7 Mercenaires, Robert Vaughn cachetonnait en peau de bête (au moins la sienne ne ressemble pas à un vieux tapis de bain usagé, comme d’autres membres de la distribution) dans le rôle d’un adolescent rebelle de 25 ans (au même moment, Steve McQueen jouait aussi un teenager presque trentenaire dans Danger Planétaire) qui en a marre de se plier aux règles de sa tribu, qu’il trouve dépassées et intolérantes.

Sa jolie compagne n’a qu’une envie, faire des câlins dans leur caverne privée, mais le James Dean cro-magnon veut traverser la rivière interdite et découvrir la « Terre au-delà », même s’il encourt la peine de mort pour sa transgression. Il devra affronter la colère de son clan, éviter des stock-shots de créatures échappées de Tumak, fils de la Jungle (1940) et L’ÎLe Inconnue (1948), se friter avec des (soi-disant) chiens sauvages déjà aperçus dans The Saga of the Viking Women and Their Voyage to the Waters of the Great Sea Serpent avant de se retrouver face-à-face avec le légendaire « Dieu au toucher mortel ».

Cette rencontre est l’occasion d’un excellent twist final, une surprise joliment amenée, totalement ancrée dans le climat de peur et de parano des années 50 et qui préfigure de nombreuses oeuvres du genre…dommage que ce qui précède soit beaucoup trop mollasson. Bien que le film ne dure que 65 mn, l’ensemble manque de rythme et Robert Vaughn se traîne constamment l’air désintéressé d’un mec qui a hâte que les deux semaines de tournage soient terminées (il avouera plus tard détester le film, qu’il considère comme l’un des plus mauvais jamais tournés). Ramené à une durée un peu plus resserrée, ce bavard Teenage Caveman aurait pu faire un excellent épisode de série télévisée à la Quatrième Dimension.

bscap0056dj5

Les habitués des longs métrages de Roger Corman pourront reconnaître ici des fidèles du réalisateur/producteur : Leslie Bradley (L’Attaque des Crabes Géants), Frank DeKova (Mitraillette Kelly), Jonathan Haze (It conquered the World, La Petite boutique des horreurs…) et Beach Dickerson (La créature de la Mer Hantée, War of the Satellites…) qui joue carrément 4 personnages (dont un ours !) et meurt trois fois !
Après tout, pourquoi payer 4 acteurs quand un peu de maquillage et une pelure mitée arrivent à faire illusion…