TERRY ET LES PIRATES t.1-6 (Milton Caniff)

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Le site de l’éditeur : www.barbiermathon.com

Si l’on en croit Amazon et la FNAC, il est repoussé au 15 novembre. Ca va être chargé, novembre…

Le tome 3 de l’intégrale Terry et les pirates vient de sortir cette semaine.

Ah, ils ont coupé la poire en deux alors.
Je l’ai pas vu dans ma boucherie encore.

Des trois volumes traduits à ce jour, c’est celui où les transitions entre les strips sont les moins efficaces et les plus lourdes. C’est notamment frappant entre les sunday pages et les strips du lundi qui suit, ces derniers répétant quasiment mot pour mot ce qui s’est dit la veille, avec des accroches du style « Vous voulez dire que…[je répète ce que l’autre a dit à la page d’avant] ? » ou « Pat, tu sais ce qui m’arrive ? [je résume ce qui s’est passé en sunday page] ». Je conçoit qu’à l’époque, cela permettait à ceux qui n’achetaient pas leur journal le dimanche de ne rien perdre, mais c’est vrai que c’est bien lourdingue quand c’est reproduit en anthologie.
Paradoxalement, c’est tout de même le plus passionnant des trois volumes. D’abord parce que l’on sort du schéma qui avait court jusqu’ici, à savoir Terry & Cie se frottent à un méchant d’opérette, se font kidnapper, trouvent la faille, battent le méchant et retournent à la « civilisation » jusqu’à la prochaine aventure. Ici, même si les situations sont tout aussi improbables et les péripéties larger than life, elles ont au moins le mérite d’être plus variées.
Ensuite, l’un des point intéressant, c’est que Caniff développe suffisamment ses personnages pour qu’ils vivent leur vie en solo. Il peut se passer des semaines, voire des mois, sans que l’on voie Terry (alors que bon, c’est quand même lui qui donne son titre à la série) ou Pat, ou même les deux (mais le laps de temps est alors plus court). Et l’intérêt ne s’en émousse pas pour autant.
Et puis enfin, le climat change alors que l’on approche de l’entrée en guerre des Etats-Unis. Les méchants folkloriques et outranciers sont toujours de la partie, mais au fur et à mesure se dessine un adversaire bien plus terrible, omniprésent, sournois, implacable. L’envahisseur, tel qu’il est encore appelé à cette époque, commence à prendre un visage alors que jusque-là, il était relégué au rang de lointaine menace. De fait, Terry et ses amis se font proactifs et, si l’Histoire et la guerre s’en trouvent bien romancées, il y a un petit côté journal de guerre (ou de guerilla) assez interressant qui se dessine.

Merci (même des années plus tard) pour ce commentaire détaillé.

J’avoue que je suis un peu faignasse en matière de strips. Ceux que je connais déjà (même mal), je ne suis pas tellement les rééditions, dont on peut pourtant espérer qu’elles proposent une traduction plus mûre (car mieux documentée) et un lettrage plus fidèle. Je devrais faire un peu d’effort.
Après, c’est vrai que l’univers des strips est immensément vaste, et que j’ai une plus grande propension à m’intéresser à des séries moins « classiques », justement parce que plus méconnues, l’âge d’or du genre ayant été abondamment traduit et commenté.

Jim

Rude :

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Au passage, les six tomes ont finalement vu le jour en VF (le dernier en fin d’année dernière). Ce fut long, mais l’intégrale des strips de Caniff existe désormais en français.